Ahmed Attaf, ministre des Affaires étrangères, a pris position suite à l’adoption par l’Assemblée française d’une résolution. Cette dernière demande la dénonciation des accords franco-algériens de 1968, lesquels régissent la circulation, l’emploi et le séjour des Algériens à l’hexagone.
Signés par les deux gouvernements après l’Indépendance de l’Algérie, ces accords définissent depuis plus de cinquante ans le régime migratoire spécifique applicable aux ressortissants algériens.
« C’est attristant de voir un pays aussi grand que la France faire de l’histoire d’un autre pays, indépendant, souverain, l’objet d’une compétition électorale anticipée« , a déclaré, dimanche dans un entretien accordé à AL24news, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf.
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« Une affaire interne à la France »
Questionné sur le vote de l’Assemblée française, Ahmed Attaf a exprimé son regret tout en affirmant son respect pour l’institution. Il a dénoncé la poursuite « d’une course à l’échalote« . D’ailleurs, le ministre a jugé « attristant » de voir un « grand pays comme la France » instrumentaliser l’histoire d’une nation « indépendante et souveraine » comme un « simple enjeu de compétition électorale anticipée« .
Par ailleurs, le chef de diplomatie a souligné que, pour le moment, cette démarche demeure un débat interne à la France entre l’Assemblée nationale et le gouvernement. Attaf a clairement indiqué que cette « affaire intérieure » n’engage pas l’Algérie à ce stade.
Elle ne deviendrait une préoccupation bilatérale que si elle passait au niveau intergouvernemental, les accords de 1968 étant, par nature, des traités conclus entre États.
Toutefois, le gouvernement français n’ayant transmis aucune communication officielle à ce sujet jusqu’à présent, l’Algérie choisit de ne pas réagir sur le fond.
« Des chiffres lancés au hasard sans aucun lien avec la réalité »
Ahmed Attaf est ensuite revenu sur la manière dont les accords de 1968 sont perçus, fustigeant « une lecture orientée et biaisée« , véhiculée par certains médias et politiciens français. Il a catégoriquement réfuté l’idée, couramment avancée, que cet accord soit « un texte libéral destiné à favoriser l’immigration« .
Le ministre a rappelé qu’il s’agit, bien au contraire, « d’un texte qui introduisait des restrictions par rapport au régime établi par les accords d’Évian« , le qualifiant ainsi, « par nature et historiquement, d’un accord restrictif pour les Algériens, et non d’un instrument d’ouverture migratoire« .
Le chef de la diplomatie algérienne a également réagi à des arguments économiques apparus durant le débat en France. Attaf a notamment évoqué les allégations chiffrées selon lesquelles l’accord de 1968 représentait un coût annuel de deux milliards d’euros à la France. Il a comparé ces chiffres au discours sur « l’aide au développement« , dénonçant la diffusion de données arbitraires et « sans aucun fondement ni lien avec la réalité« .
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