Algérie-France : 50 ans après l’indépendance, les harkis font toujours polémique

Algérie-France : 50 ans après l’indépendance, les harkis font toujours polémique
algerie-france-50-ans-apres-lindependance-les-harkis-font-toujours-polemique.JPG

Traitres à la nation pour les uns, supplétifs de l’armée française abandonnés par la France, le sort des harkis d’Algérie continue de hanter la mémoire 50 ans après la proclamation de l’indépendance en juillet 1962. Si en France, une journée nationale leurs est consacrée en guise d’hommage et de reconnaissance, en Algérie le sujet demeure encore tabou.

Dimanche 25 septembre, le président français, Nicolas Sarkozy, fait un geste de plus pour raviver cette mémoire encore brûlante entre l’Algérie et la France lors d’une cérémonie tenue aux Invalides, à Paris, à l’occasion de la journée nationale d’hommage aux anciens combattants de la guerre d’Algérie.

Le chef de l’Etat français a déposé une gerbe en hommage harkis. Toutefois, il s’est gardé de prendre la parole pendant la cérémonie.

Nicolas Sarkozy a également décoré à cette occasion dix harkis qui ont combattu aux côtés de l’armée française au cours de la guerre d’indépendance de novembre 1954 à juillet 1962.

Recrutés aux quatre coins du pays, les harkis, on dénombre quelque 200 000 entre 1954 et 1962, ont été souvent d’un grand apport pour l’armée française du fait qu’ils maitrisaient la langue arabe ou kabyle, connaissaient les moindres recoins du pays et gardaient des liens avec leurs proches dans les villes et les villages d’Algérie.

Pires exactions

Cruels, certains n’hésitaient pas à commettre les pires exactions à l’encontre des prisonniers tout aussi bien contre les populations civiles.

Au lendemain des accords d’Evian, signés le 18 mars 1962 entre l’Etat français et les représentants du FLN, les harkis ont été désarmés et cantonnés dans des garnisons.

Si certains de ces supplétifs avaient bénéficié de la protection des autorités françaises, d’autres avaient décidé de regagner leurs villes et villages.

Vendettas et représailles

Peu de temps après la signature de ces accords, des Algériens s’étaient livrés à des opérations de vendettas contre les harkis. Tués par balle, massacrés à l’arme blanche, brulés vifs, ils étaient des milliers à être victime de représailles entre juillet et octobre 1962.

Selon diverses sources, entre 60 000 et 70 000 harkis ont été tués en Algérie au lendemain du cessez-le-feu.

Ceux qui avaient choix ou ont été contraints de s’installer en France ne sont plus jamais, sinon rarement, revenu au pays. Ceux qui étaient restés en Algérie ont été victimes d’ostracisme.

Harki, une insulte

C’est que pour les Algériens, ces supplétifs de l’armée française demeure des parias, des collabos, des traitres à la nation. Aujourd’hui encore en Algérie, le terme « harki » reste l’une des pires insultes que l’on puisse proférer à un homme.

Lors de sa visite en France en juin 2000, le président Bouteflika avait qualifié les harkis de « collaborateurs des forces coloniales » et précisait que le peuple algérien n’était pas « prêt à accepter » que les harkis puissent revenir en Algérie.

En mars 2003, la France décide de reconnaitre officiellement le rôle joué par les harkis durant la guerre en instituant le 25 septembre de chaque année « Journée nationale d’hommage aux Harkis et aux autres membres des formations supplétives des armées françaises ».

Lors de sa campagne électorale en 2007, Nicolas Sarkozy avait promis, s’il était élu de reconnaître, « officiellement la responsabilité de la France dans l’abandon et le massacre des harkis ».

Bouteflika admet des erreurs

En Algérie, la question demeure un tabou 50 années après l’indépendance bien qu’une bonne partie de la population algérienne – majoritairement des jeunes – ignore avec le rôle joué par les rôles lors de la guerre dé libération.

En septembre 2005, lors de la campagne pour le référendum portant sur la réconciliation nationale, le président Bouteflika a reconnu pour la première fois que des « erreurs ont été commises par le passé, particulièrement durant la période post-indépendance, à l’encontre des enfants et des familles des harkis ».

Le président algérien avait fait un pas supplémentaire pour briser le tabou en affirmant que les enfants des harkis peuvent prétendre à la nationalité algérienne.

« Je dois dire que les fils de harkis ne sont pas responsables des actes de leurs parents. S’ils veulent regagner la patrie, ils peuvent prétendre devenir Algériens à part entière, ils sont les bienvenus sur la base de l’égalité de droits et de devoirs »,avait-il déclaré au cours de la même période.