Le pas que Sonatrach et Gazprom hésitaient à franchir pour aller vers un accord de partenariat stratégique a-t-il été fait ?
L’information qui est parvenue de Kuala Lumpur, où s’est tenue la 25e Conférence mondiale du gaz, semble bien l’indiquer. Les groupes algérien Sonatrach et russe Gazprom ont accepté le principe d’une coopération dans la production et l’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL).
Cette coopération leur permettra d’optimiser leurs ventes de GNL à travers le monde par des échanges de swap, autrement dit l’Algérie aura la possibilité d’alimenter des clients en Asie par le biais de Gazprom et ce dernier pourra approvisionner ses clients en Europe par l’intermédiaire de Sonatrach. C’est le principal résultat des discussions que le PDG de Sonatrach, Abdelhamid Zerguine, a eues avec Alexey Miller, PDG de Gazprom.
Il y a eu déjà une première tentative de partenariat stratégique entre Sonatrach et Gazprom, qui a échoué. Le protocole d’accord signé en 2006 avait alors inquiété les Européens sur une possible coopération entre deux de leurs grands fournisseurs en gaz. Un an après, on ne parlait plus de cet accord mais – c’est le PDG de Sonatrach qui vient de le révéler – la discussion entre les deux parties ne s’est jamais arrêtée.
Aujourd’hui, les centres d’intérêt commun sont évoqués : l’avancement des gazoducs de la Russie, la présence du géant mondial du gaz dans l’amont gazier algérien, la gestion et la modernisation des gazoducs des deux groupes par un échange d’expertise, l’assistance de Sonatrach à Gazprom pour promouvoir le marketing du GNL et la participation de l’Algérie dans l’amont gazier russe, notamment dans les usines de GNL que la Russie va réaliser.
Quatrième exportateur de GNL au monde, Sonatrach en a exporté plus de 27,5 millions de mètres cubes et compte renforcer ses capacités de production par deux unités à Skikda et Arzew. L’Algérie ne cache pas sa volonté de diversifier les débouchés pour son gaz. Les déclarations du ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, l’ont clairement montré. Notre pays veut se positionner sur le marché GNL asiatique, actuellement dominé par le Qatar qui, d’ailleurs, a des visées sur le marché gazier de l’Europe de l’Ouest alimenté par l’Algérie.
Il y a quelques semaines, une information touchant au domaine de l’énergie n’était pas passée inaperçue. Elle faisait état des discussions entre l’Algérie et le Pakistan pour la réalisation d’un terminal de regazéification de GNL à Karachi, d’un coût d’environ 1,5 milliard de dollars. Quand ce projet sera concrétisé, d’ici à deux ans, estime-t-on, l’Algérie exportera du GNL vers le Pakistan, un pays dont la consommation de gaz est appelée à croître. C’est cela, le marché asiatique.
Lazhar Houari