Eprouvée par des difficultés économiques, dans une Europe dont le modèle d’union reste à parfaire, l’Espagne, telle une abeille contrainte à butiner loin du rucher, explore des opportunités d’affaires hors continent. Après sa visite fructueuse en Arabie saoudite, le ministre espagnol des Affaires étrangères, M. José Manuel Garcia Margallo, a posé pour deux jours ses valises à Alger.
Sofiane Aït Iflis – Alger (Le Soir) – De son récent séjour dans la lointaine Arabie, le chef de la diplomatie espagnole est revenu avec un précieux contrat : un projet de train à grande vitesse (TGV) entre Médine et La Mecque pour un montant de 6 millions d’euros. Cette même quête d’exportation de biens et services lui a fait faire un déplacement, le premier en l’espèce, en Algérie, pays avec qui l’Espagne est liée par un traité d’amitié et de coopération vieux d’une décennie. Le ministre algérien des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, auquel le protocole, sinon les us diplomatiques, a réservé le propos liminaire à la conférence de presse conjointe animée hier au siège du MAE, a souligné que «le gouvernement espagnol est intéressé par l’exportation des biens et services» et que «le gouvernement algérien ambitionne de devenir exportateur hors hydrocarbures». Et dans le parler diplomatique, ces deux équations ne s’interprètent pas comme antinomiques. Preuve en est que l’année en cours devra voir se tenir de nombreuses rencontres de coopération entre les deux pays. La haute commission mixte algéro-espagnole se réunira à Alger au courant du second semestre, en avril prochain, c’est un conclave des pays des deux rives de la Méditerranée, auquel assistera l’Allemagne qui se tiendra aux îles Baléares et avant la fin de l’année, si tout va bien, c’est la Chambre de commerce algéro-espagnole qui verra le jour.
Fleurs ibériques pour Alger
La relation politique entre Alger et Madrid est à l’abri du froid. Et c’est à l’aune de cette relation réchauffée que le ministre espagnol des Affaires étrangères a apprécié les réformes politiques en Algérie. Des réformes qu’il a qualifiées d’exemplaires. «L’Espagne salue les réformes engagées en Algérie qui aboutiront aux élections législatives du 10 mai et qui se poursuivront par une révision de la Constitution», a affirmé M. Margallo, ajoutant que «c’est tout à fait un exemple pour les pays de la région qui ont souffert de troubles politiques importants ». Pas de commentaires qui fâchent, donc. Y compris sur la question du Sahara occidental. Le ministre des Affaires étrangères espagnol, dont le gouvernement est soupçonné de sympathie avec le gouvernement marocain, a affirmé que son pays soutient une solution politique au conflit du Sahara occidental garantissant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. «L’Espagne adoptera une attitude constructive pour une solution juste et durable sur la question du Sahara occidental», a-t-il souligné, précisant que «le gouvernement espagnol plaide pour une solution mutuellement acceptable par les parties en conflit et pour l’autodétermination du peuple sahraoui, conformément aux principes et à la charte de l’ONU et sur la base du rapport de l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental». Cette affirmation peut paraître en contradiction avec certains faits, comme la conclusion d’un accord sur la pêche avec le Maroc et qui intègre le Sahara occidental. Le chef de la diplomatie espagnole a confirmé que son parti a voté en faveur de cet accord, au demeurant signé contre l’avis du Parlement européen. Il a également déclaré que son gouvernement espagnol a donné son accord pour la prolongation de l’accord en question. Par ailleurs, Mourad Medelci et son homologue espagnol se sont accordés à dire que l’accord sur l’immigration clandestine est appliqué de façon tout à fait ordinaire. Pour preuve, le diplomate espagnol a indiqué que les côtes espagnoles ont accueilli 1 109 immigrants clandestins en 2001, soit une baisse de 20,41% par rapport à 2010. Les autorités espagnoles ont rapatrié 1 888 personnes en 2011.
S. A. I.