Après une interruption de plus de deux ans, l’Algérie et l’Espagne sont sur le point de redéfinir leur partenariat économique, marquant une nouvelle ère de coopération mutuellement bénéfique.
Cette relance, qui intervient après 28 mois de gel des échanges, s’inscrit dans un contexte de profondes transformations économiques pour les deux nations, témoignant d’une volonté partagée de surmonter les tensions passées et de bâtir un avenir commun fondé sur l’équilibre des intérêts et l’innovation.
Les relations commerciales entre l’Algérie et l’Espagne, solides depuis plus de deux décennies, ont été mises à l’épreuve par de récentes tensions diplomatiques, entraînant un gel des échanges commerciaux sans précédent.
Cette rupture a contraint les entreprises des deux côtés à revoir leurs stratégies, impactant durement les chaînes d’approvisionnement et la continuité de l’activité productive. L’Algérie, dépendante des importations de produits manufacturés, et l’Espagne, fortement tributaire du gaz algérien, ont ressenti de plein fouet les conséquences de cette interruption.

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Avant la crise, l’Algérie était le premier fournisseur de gaz de l’Espagne, tandis que l’Espagne fournissait à l’Algérie des intrants industriels essentiels. Cette interdépendance stratégique, facilitée par des infrastructures comme le gazoduc Medgaz, a rendu la séparation particulièrement coûteuse et improductive, soulignant la nécessité d’une reprise rapide et durable.
Des réformes économiques concomitantes : un contexte favorable à la reprise des relations Algérie – Espagne
La période de rupture a coïncidé avec des réformes économiques majeures dans les deux pays. L’Algérie, après la crise pétrolière de 2014, a engagé une diversification économique, notamment dans l’agriculture et la construction, et a assoupli les règles pour les investisseurs étrangers.
Le pays mise sur le soutien aux start-ups et le développement de nouvelles zones industrielles pour se repositionner comme pôle régional de fabrication orientée vers l’exportation.
De son côté, l’Espagne, forte de sa restructuration post-crise des subprimes de 2008, a affiché une croissance robuste en 2024 (3,2%), l’une des meilleures en Europe. Son succès repose sur une décennie de réformes axées sur l’innovation, la libéralisation du marché, l’attraction des investissements étrangers et la stimulation de la recherche scientifique, notamment dans l’intelligence artificielle et les technologies de l’information.
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Cette expérience espagnole représente un modèle précieux pour l’Algérie dans sa transition industrielle.
Le nouveau départ de la coopération économique ne se limitera pas aux échanges traditionnels. Il est impératif qu’il repose sur une logique de production conjointe, de transfert de technologie et de développement de réseaux d’innovation bilatéraux.
L’Algérie, s’engageant dans une nouvelle phase d’industrialisation axée sur la technologie, est idéalement placée pour bénéficier de l’expertise espagnole en matière d’innovation et de financement de projets.
Les axes de coopération prometteurs incluent les énergies renouvelables, les technologies de l’eau, la sécurité alimentaire, la numérisation, l’industrie pharmaceutique et l’écotourisme. Ces secteurs, prioritaires pour les deux pays, offrent des opportunités de croissance mutuelle et de renforcement des liens économiques.
Le Forum d’affaires Algéro-Espagnol : une étape clé pour concrétiser le partenariat
Le Forum d’Affaires Algéro-Espagnol, prévu à Alger du 15 au 17 juin 2025, sera une étape cruciale pour jeter les bases de ce nouveau modèle de partenariat. Avec une large participation d’entreprises de la région de Levante, il s’agira d’un moment clé pour concrétiser les investissements mutuels et l’intégration technologique.
Le succès de cette relance dépendra également de la volonté politique claire, du soutien institutionnel fort et d’un accompagnement juridique et législatif qui encourage l’initiative et réduit les obstacles bureaucratiques. Les structures professionnelles comme le Conseil d’Affaires Algéro-Espagnol auront un rôle central à jouer dans la facilitation des projets conjoints.
En somme, la reconstruction du partenariat économique entre l’Algérie et l’Espagne est bien plus qu’une simple reprise des échanges commerciaux ; c’est un choix stratégique pour les deux nations. Ce nouveau modèle, fondé sur la production, la technologie et la flexibilité souveraine face aux crises, vise à assurer une relation durable et mutuellement avantageuse face aux transformations mondiales.