Deux ministres algérien en exercice, candidats aux législatives de jeudi en Algérie, seront déférés devant la justice pour des infractions pénales, a annoncé la Commission nationale de surveillance des élections législatives (CNSL).
En tout, la CNSL a reçu 150 plaintes dont une trentaine à caractère pénal, selon son président Mohamed Siddiki lors d’un point de presse à Alger. Chérif Rahmani, ministre de l’Environnement qui se présente à Djelfa (250 km au sud d’Alger) a fait l’objet d’une plainte de 14 partis pour avoir visité tous les centres de vote de la wilaya (préfecture) durant les opérations de vote, a-t-il expliqué.
Le vice-président de la CNSL, Ali Moussaoui, a précisé à l’AFP que cette plainte relevait du pénal car M. Rahmani incitait les gens à voter pour lui, alors que la campagne électorale avait pris fin dimanche à minuit. Chérif Rahmani est candidat du Rassemblement national démocratique (RND) du Premier ministre Ahmed Ouyahia. Tayeb Louh ministre du Travail, est le second ministre incriminé, selon la CNSL. Il a visité les différents centres de Tlemcen (580 km à l’ouest d’Alger) pour inciter les gens à voter pour lui et la plainte avait été transférée au pénal, a indiqué Hafid Kadri, également vice-président de la CNSL. Tayeb Louh est candidat du Front de libération nationale (FLN), le parti présidentiel.
D’autres incidents ont été détaillés à l’AFP. A Garidi, dans la commune de Kouba dans la banlieue d’Alger, des membres de la commission ont constaté que 350 militaires avaient voté avec des procurations antidatées délivrées par la région militaire, sans signature, selon Chalabia Mahdjoubi, membre de la CNSL.
A Sidi Djilali, à Tlemcen, une urne a été subtilisée et remplacée par une autre vers 17H00 (16h00 GMT) et que cela était le fait du FLN, a-t-elle ajouté.
A Laghouat (400 km au sud du pays), 700 militaires sont venus voter ensemble et ont déclaré à la sortie (du bureau de vote) qu’ils avaient voté pour le RND sur instruction de la hiérarchie, selon un autre membre de la commission, Samir Larabi.
Par ailleurs, le Front des Forces Socialistes (FFS), le plus vieux parti d’opposition revenu dans l’arêne électorale après dix ans de boycottage, a dénoncé la désorganisation inacceptable observée au niveau de nombreux centres et bureaux de vote.
Dans un communiqué signé de son Premier secrétaire Ali Laskri, il a signalé d’importantes entraves à l’exercice du droit de vote de nombreux citoyens et citoyennes à travers le territoire national, dont Boumerdes (60 km à l’est d’Alger), Constantine (environ 400 km à l’est d’Alger), ou Chlef (quelque 200 km à l’ouest) et Alger.Ces informations n’ont pas été commentées par la CNSL.
Depuis l’instauration du multipartisme en 1989, l’opposition dénonce systématiquement des fraudes en faveur des partis au pouvoir.