Algérie : des collectivités locales dépourvues de culture de la rénovation du bâti

Algérie : des collectivités locales dépourvues de culture de la rénovation du bâti

À l’heure où la baisse des cours du pétrole oblige les experts d’hydrocarbure à signifier aux Algériens que leur consommation énergétique mérite d’être revue, que l’État prépare, par voie législative, les municipalités à plus d’autonomie financière, le pays bute sur une terrible carence : le manque de culture et d’expertise en rénovation des bâtiments existants.

La célèbre ville de Sétif, cité natale de Ferhat Abbas, un des pères de l’Algérie indépendante et de Rachid Mekhloufi, le plus célèbre footballeur algérien des années 50-60, a connu ce vendredi 5 février une ferveur rare. Celle liée à l’ouverture du plus grand Park Mall d’Algérie qui domine avec ses deux tours géantes la ville de Sétif.

Mais, ce haut lieu de la consommation à l’algérienne qui a, dès le premier jour, connu une affluence considérable avec ses 143 000 m2, comportant en plus d’un hôtel Marriott de 192 chambres, un centre d’affaires dans la deuxième tour, un centre commercial de 4 étages, 82 magasins franchisés, des espaces de jeux et de loisirs sur 7 000 m2 (dont une patinoire à glace de 400 m2), un centre de congrès polyvalent de 900 places, le tout accompagné de parkings en sous-sol pouvant accueillir 1 400 véhicules, cache une réalité urbaine peu reluisante.



Des bâtiments anciens en ruine à Sétif

Le centre-ville, souvent désigné par  » bled » et qui est représentatif de l’architecture haussmannienne dans beaucoup de cités algériennes bâties à l’époque coloniale, est à l’abandon. De nombreux bâtiments anciens sont en ruine lorsqu’ils ne sont pas détruits pour des constructions sans esthétique en lien avec l’harmonie architecturale de la capitale des hauts plateaux.

Dans un contexte où l’Algérie va devoir s’adapter à la fin du cycle des énergies fossiles et développer une culture de la rénovation de l’existant pour gagner une efficacité énergétique optimum, la municipalité de Sétif comme d’autres villes du pays, risque, par un manque flagrant de stratégie et vision urbaine, de mettre leurs collectivités face à de très graves crises socio-économiques.

Alors que ces dernières semaines l’État algérien multiplie, par l’entremise de son ministre de l’Intérieur et des Collectivités Locales, Noureddine Bedoui, les annonces pour donner aux communes les moyens de leur politique, afin de fournir des services de qualité aux citoyens, de nombreux experts algériens comme étrangers de l’urbanisme et de la construction, s’inquiètent d’un manque criant chez les élus locaux et fonctionnaires territoriaux de politique de mutation de leur ville par la rénovation des bâtiments existants.

S’interroger sur le double intérêt de la rénovation des bâtiments existants

Les municipalités algériennes qui vont entrer dans une période où la rareté des énergies fossiles exigera d’apprendre la maxime que  » l’électricité la moins chère est celle qu’on ne consomme pas », devront s’interroger sur le double intérêt d’accélérer la rénovation des bâtiments existants de leur centre-ville : gagner tout à la fois un patrimoine historique qui peut devenir une richesse touristique inestimable et de bien-être pour les citoyens, et réduire la consommation énergétique de la ville de manière conséquente.

Pour Sétif, la municipalité n’aurait pas à chercher loin pour trouver des solutions. Le concepteur du Park Mall n’est autre que le cabinet français Arte Charpentier, constructeur, à Dijon, d’Elithis, la première tour en France à énergie positive. Le fondateur du cabinet, Jean Marie Charpentier, a été jusqu’à son décès fin 2010 un ardent défenseur de l’efficacité énergétique dans le bâtiment. Il fut ainsi en France et à partir de 2007, l’âme de la loi du Grenelle de l’environnement