«Anéantir tout ce qui ne rampera pas à nos pieds comme des chiens», «On nettoie le pays de toute la racaille». Ces propos d’une violence horripilante ne sont pas tirés d’un mauvais film d’action hollywoodien. Ce sont des témoignages de soldats, d’officiers et de personnalités françaises ayant vécu les atrocités commises contre tout un peuple de 1871 à 1961, recueillis par Jaques Morel. La colonisation civilisatrice prend forcément un coup quand on déchiffre les objectifs tracés et les moyens utilisés par ses instigateurs. «On voyait des cadavres partout, dans toutes les rues…
La répression était aveugle ; c’était un grand massacre. J’ai vu les Sénégalais qui tuaient, violaient, volaient… bien sûr, après l’état de siège, l’armée commandait.» Pour quelle raison ? «Il est important que le calme se fasse et que la confiance renaisse, afin que l’élément européen vienne le plus rapidement possible faire équilibre à l’élément indigène perturbateur». Rien n’a été épargné au peuple algérien, un nettoyage ethnique et un asservissement général, telle a été la colonisation civilisatrice. «L’armée organise des cérémonies de soumission où tous les hommes doivent se prosterner devant le drapeau français et répéter en chœur : «Nous sommes des chiens et Ferhat Abbas est un chien».
Actuellement, au lendemain de la commémoration des massacres perpétrés le 8 mai 1945 par l’armée coloniale française sur des civils algériens sortis dans la rue pour revendiquer le droit à l’indépendance, l’Algérie libre tente, de manière diplomatique, d’obtenir la repentance de la République française. Cette dernière se réfugie sous le propos intolérable soutenant que «le principe de l’imprescriptibilité des crimes contre l’humanité ne s’appliquait qu’aux agissements pour le compte des pays européens de l’Axe pendant la Seconde Guerre mondiale».