Soutien présumé au colonel Kadhafi, envois d’armes et de mercenaires, collusion avec Al Qaïda, menace sécuritaire sur l’Algérie, accueil d’une partie de la famille du guide déchu, les relations entre les rebelles libyens et les autorités algériennes auront été une succession d’accusations, de contre accusations et de démentis. Depuis la création à Benghazi le 27 février 2011 du CNT (Conseil national de transition), Algériens et rebelles libyens se sont livrés à une guerre des mots. Retour sur ses sept mois de tensions.
Vendredi 25 février. El Husseini, deuxième secrétaire de l’ambassade de Libye à Pékin, accuse sur la chaîne Al Jazeera le président algérien d’avoir mis à la disposition du colonel Kadhafi des avions militaires algériens pour le transport de mercenaires vers la Libye.
Mercredi 2 mars. Abdelhaffif Gouga, porte-parole du Conseil national libyen (CNL), accuse lui aussi ouvertement l’Algérie de porter assistance au régime de Kadhafi en envoyant des mercenaires combattre auprès des forces loyales restées fidèles au colonel pour mater l’insurrection libyenne.
Dimanche 06 mars. L’écrivain et philosophe français Bernard Henry Lévy (BHL) affirme dans le Journal du Dimanche (JDD) que des Algériens faisaient partie, à l’instar des Tchadiens et des Nigérians, d’une légion de mercenaires recrutés par le colonel Kadhafi.
Lundi 7 mars. Le quotidien Al Sharq Al Awsat affirme, citant des sources libyennes non identifiées, que le colonel Kadhafi a engagé des dizaines de pilotes syriens, algériens, serbes, ukrainiens et roumains pour piloter les avions de chasse qui bombardent les bastions des insurgés.
Mardi 4 mai. Daho Ould Kablia, ministre algérien de l’Intérieur, affirme dans un entretien au quotidien arabophone Echorouk : « Les accusations ne sont que des purs mensonges. (…) L’histoire de l’Algérie prouve que nous avons toujours respecté les volontés des peuples sans nous ingérer dans les affaires intérieures des pays (…) Si les rebelles et le CNT arrivent au pouvoir, les relations entre les deux pays risquent de se tendre davantage, notamment du point de vue sécuritaire. »
Jeudi 6 mai. Sadek Bougataya, membre du comité central du Front de libération nationale (FLN), participe à un rassemblement de tribus libyennes, à Tripoli. Emissaire de Belkhadem, Bouguetaya y apporte son soutien au guide libyen, fustige l’intervention de l’Otan en Libye avant de lancer : « Que Dieu maudisse la démocratie. »
Dimanche 10 avril. Les insurgés libyens indiquent avoir capturé 15 mercenaires algériens à Ajdabiya et en avoir tué trois pendant de violents combats dans cette ville de l’est du pays. Chamsiddine Abdoulmolah, un des porte-parole des rebelles, affirme que les mercenaires capturés ne portaient pas de papiers d’identité, mais « ils ont dit qu’ils étaient algériens et avaient un accent algérien ».
Avril 22 avril. Mourad Medelci, ministre algérien des Affaires étrangères à la radio algérienne : « Ces accusations qui reviennent depuis plusieurs semaines sont farfelues. Ce sont des manouvres dilatoires basées sur des agendas qui n’ont rien à voir la situation en Libye ».
Dimanche 21 août. L’ambassade d’Algérie à Tripoli est saccagée par des inconnus qui s’emparent de plusieurs véhicules appartenant à la représentation diplomatique algérienne. Le gouvernement adresse alors une correspondance à l’ONU pour lui demander de « prendre les mesures nécessaires par le système des Nations unies afin d’assurer la protection des diplomates et des locaux de la mission algérienne ainsi que ses biens, conformément aux règles du droit international ».
Lundi 22 août. Le drapeau vert, noir et rouge des rebelles libyens flotte au dessus du l’ambassade de Libye à Alger.
Jeudi 25 août. Omar Banni, porte-parole militaire du CNT, attaque violemment le président algérien. « Nous n’avons pas besoin que Bouteflika nous reconnaisse personnellement. Le peuple algérien s’en est déjà chargé. Il nous suffit de constater que le (grand) peuple algérien, lui, nous reconnaît, et nous prend pour exemple », explique-t-il. Trois jours plus tard, il affirme qu’ « un jour viendra où ils (les officiels algériens, NDLR) devront répondre de leur attitude vis-à-vis des révolutionnaires libyens.»
Samedi 27 août. L’Algérie décide de rapatrier les épouses et les enfants d’agents diplomatiques et consulaires algériens en poste en Libye. Le personnel de la représentation diplomatique reste en place pour assurer « le fonctionnement normal des différents services de la mission ».
Lundi 29 août. Safia, la femme du colonel Kadhafi, sa fille Aïcha et ses deux fils, Hannibal et Mohamed trouve refuge en Algérie. Le gouvernement justifie cet accueil par des « raisons humanitaires » et dément la présence sur son territoire du guide libyen.
Le jour même, le porte-parole du gouvernement rebelle Mahmoud Chammam réclame leur extradition. « Nous demandons à tous les pays de comprendre que sauver la famille de Kadhafi n’est pas un acte que nous saluons, ni ne comprenons (…) Nous voudrions que ces personnes reviennent.Nous garantissons un procès juste, ils sont accusés d’avoir commis des crimes de différents types, nous leur donnerons le bénéfice du doute. »