Renversée en fin de match par la Belgique (2-1), l’Algérie a bien failli réussir un gros coup pour son premier match dans la Coupe du monde 2014. Mais la tactique trop défensive de Vahid Halilhodzic a fini par pénaliser les Fennecs.
Cruel football. A 20 minutes près, les 11 valeureux Algériens auraient pu devenir les héros de toute une nation, et leur sélectionneur aurait été porté aux nues. Mais un match dure 90 minutes, nonante minutes même, et à l’arrivée, le sélectionneur qui peut fanfaronner, c’est bien celui des Belges, Marc Wilmots. « L’idée était de faire courir les Algériens, pour vider leur réservoir d’essence. Et après, je savais qu’on avait les hommes sur le banc pour faire la différence », a expliqué le patron des Diables Rouges. Dont le plan de jeu et le coaching (entrée des buteurs, Fellaini et Mertens) se sont donc avérés payants. Rendant ainsi caduque la tactique de Vahid Halilhodzic.
Le sélectionneur des Fennecs essuie de sévères critiques de la part de la presse algérienne. En cause, la façon de jouer de son équipe, qui a campé dans ses trente derniers mètres pour protéger l’avantage acquis suite au pénalty de Sofiane Feghouli en début de rencontre. Pour Liberté Algérie, « Vahid Halilhodzic a perdu ses paris. Il a choisi l’option défensive, et au bout il a subi tout le match, surtout en seconde mi-temps. » Les statistiques sont éloquentes (67% de possession de balle pour la Belgique, seulement trois tirs dont un cadré pour l’Algérie) et l’ancien entraîneur du PSG est également pointé du doigt pour ses choix de joueurs (Mahrez, Mostefa…).
A la mi-temps, le coach nous a dit d’aller jouer plus haut, de jouer vers l’avant. On ne l’a jamais fait
Ryad Mahrez
Pour la presse algérienne, Halilhodzic a fait du Rabah Saâdane en choisissant de bétonner. Or, Le Buteur rappelle que « Coach Vahid » « n’a pas cessé durant ces trois années de règne en sélection de critiquer le système de jeu de l’ancien sélectionneur national ». Consultant pour le quotidien algérien, Ali Benarbia a été déçu par la rencontre. « Pas par rapport au score mais parce que l’équipe d’Algérie n’a pas joué, explique l’ancien joueur du PSG et de Bordeaux. Ce n’est pas parce qu’on a la chance de pouvoir ouvrir le score face à un adversaire comme la Belgique qu’il faut automatiquement arrêter de jouer au football. Généralement, tu le paies cash. »
Pour Benarbia, Halilhodzic s’est trompé. « Comme cette équipe d’Algérie a passé son temps à défendre et à empêcher de jouer la Belgique, elle a terminé ce match frustrée et sans prendre de plaisir. C’est bien, cette Coupe du monde nous démontre que pour toutes les équipes qui ne jouent pas le coup à fond, il y aura une désillusion à la fin. Si Feghouli a un penalty à la 70e et qu’après, les Algériens déploient un mur pour tenir pendant les dernières minutes, je suis entièrement d’accord. Là, ils peuvent le faire. Mais là, le faire à la 25e… placer un mur et aller à la Coupe du monde pour ne pas jouer du tout au football… »
Mais qu’en pense l’intéressé ? Pour Halilhodzic, ses joueurs « ont eu peur de l’exploit. » Et l’ancien attaquant du FC Nantes est finalement assez d’accord avec ses détracteurs. « Il ne fallait pas se contenter de défendre », a-t-il convenu. A qui la faute, alors ? Aux joueurs, peut-être. « Il y a un sélectionneur, c’est une chose. Mais les joueurs sur le terrain sont assez grands pour prendre leurs responsabilités quand ils sentent que la tactique du coach va leur coûter cher », plaide Benarbia. « A la mi-temps, le coach nous a dit d’aller jouer plus haut, de jouer vers l’avant, avoue Ryad Mahrez dans les colonnes de L’Equipe. On ne l’a jamais fait. » Et toute l’Algérie le regrette.