Les deux organes de lutte contre la corruption ont peu ou pas pris d’initiatives en 2012. Ce qui dénote un manque de volonté politique de lutter contre la corruption au plus haut niveau de l’État.
Les mauvaises nouvelles se sont succédé en 2012. D’abord, Transparency International classe l’Algérie parmi les pays les plus corrompus de la planète. Ensuite, le syndicat de la Cour des comptes monte au créneau pour signaler à l’opinion publique que les activités de cette institution sont gelées depuis plusieurs années et qu’elle manque énormément de moyens pour lutter contre la dilapidation des deniers publics et la corruption. Un manque de volonté politique évident explique cette situation. Une tendance corroborée par un fait : depuis plusieurs années, le rapport de la Cour des comptes n’est pas rendu public. Une seule avancée à retenir : une synthèse de 50 dossiers de dilapidation de deniers publics et de corruption est transmise au président de la République par cette institution de contrôle.
Autre mauvaise nouvelle : le peu de résultats obtenus par les organes de lutte contre la corruption. “Ces deux institutions n’ont pas pris d’initiatives en 2012 parce qu’elles attendent des signaux d’en haut”, explique un expert spécialisé dans la criminalité économique. Une situation paradoxale.
Car les deux organes de corruption ont toutes les prérogatives de mener leurs enquêtes sans être obligés de passer par le feu vert de la tutelle. En clair, l’organe de prévention et de lutte contre la corruption présidé par Brahim Bouzeboudjène sous tutelle du président de la République, opérationnel depuis 2011, a pour mission d’effectuer des analyses, des synthèses dans ce domaine et de les soumettre au chef de l’État. Il est habilité à mener des enquêtes sur la dilapidation des deniers publics et de recueillir les déclarations de patrimoine des cadres de l’État.

L’organe central de répression et de lutte contre la corruption présidé par Abdelmalek Sayah sous tutelle du ministère des Finances est habilité non seulement à mener des enquêtes mais également à déposer des dossiers de corruption en justice sans en référer obligatoirement à sa tutelle. Il est opérationnel depuis avril 2012. Ses misions semblent plus étendues. Il a un rôle de police, de justice et dispose de geôles au sein de sa structure. Sa compétence est territoriale. Cet organe semble également attendre des ordres d’en haut pour prendre plus d’initiatives.
En termes de résultats, ces deux institutions qui jouissent de l’autonomie financière et de gestion n’ont pas beaucoup avancé dans la lutte contre la corruption, selon des sources proches de ces deux institutions.
La première s’est contentée de présenter une synthèse de grands dossiers de corruption enrôlés par cet organe au président de la République. La seconde vient d’enclencher tout récemment des enquêtes sur instruction du Premier ministre Abdelmalek Sellal. Quant aux résultats, il faudra attendre.
K. R