Les Constantinois attendent avec impatience le match
C’est à Constantine que les Algériens ont tété la première qualification dans un Mondial. C’était le 30 octobre 1981.
C’est le mois de novembre et l’emblème national est à l’honneur dans une ambiance qui chauffe à petit «feu», qui monte en intensité au fur et à mesure que le match Algérie-Burkina Faso approche. Malgré la grisaille et une certaine anxiété qui s’est emparée d’une partie des supporteurs, Constantine arrive à garder le moral et le sourire. La preuve, ce sont ces airs de fête créés par les jeunes dont certains n’étaient pas encore nés lorsque l’Algérie avait décroché, pour la première fois de son histoire, sa qualification en phase finale de Coupe du Monde en battant le Nigeria à Constantine. C’était en 1981, et beaucoup de Constantinois se souviennent de cet événement comme si cela datait d’hier. La date du 30 octobre 1981 est restée gravée dans toutes les mémoires. Ce jour-là, animés d’un état d’esprit exceptionnel et d’une rage de vaincre extraordinaire, Lakhdar Belloumi, Rabah Gamouh, Rabah Madjer, Mahmoud Guendouz, Mustapha Dahleb et Djamel Zidane, pour ne citer que quelques joueurs de cette épopée mémorable, avaient administré une véritable leçon de football à des Nigérians qui étaient pourtant sacrés champions d’Afrique. 32 ans se sont écoulés entre cette rencontre inoubliable et celle qui va opposer, demain, au stade de Blida, l’Algérie au Burkina Faso. Entre ces deux dates, l’Algérie a connu des fortunes diverses. Elle avait failli s’enfoncer dans le chaos et la déprime avant de revenir de très loin. Elle s’est même offert le luxe de se qualifier, dans des conditions difficiles, à la Coupe du Monde 2010, organisée pour la première fois en terre africaine! Antar Yahia, Karim Ziani, Mourad Meghni et Nadir Belhadj avaient été les principaux porte-drapeaux de ce triomphe. Depuis, relève oblige, d’autres joueurs leur ont succédé et une nouvelle génération est montée au podium. Les Feghouli, Ghoulam, Taïder et Slimani ont trouvé leur place dans le coeur des Constantinois. Irrités, à l’instar de l’ensemble des citoyens, par le triste épisode de Rabat, ces derniers rappellent aux nouveaux Fennecs qu’ils ont désormais le devoir d’offrir aux Algériens la joie de voir l’emblème national flotter dans le ciel du Brésil, à l’occasion du plus prestigieux rendez-vous footballistique de la planète. En attendant, toute la ville s’apprête à se parer de vert, blanc et rouge dans une ambiance patriotique qui cadre parfaitement avec la portée historique du mois de novembre. Seulement 24 h séparent les Fennecs d’un rendez-vous décisif et toute l’Algérie est plongée dans une ambiance fébrile. Le public n’attendra pas les résultats pour commencer la fête. Toute la ville est décorée de blanc, rouge et vert. Vieux, jeunes et moins jeunes se livrent avec joie à l’acquis d’objets tricolores: drapeaux, écharpes et chapeaux. C’est la fièvre de Rio qui s’empare de cette population magnifique. Dans les rues, on danse au rythme des chansons glorifiant l’Equipe nationale, des cortèges en masse arborant l’emblème national animent la ville de jour comme de nuit. Commentant l’événement avec beaucoup de philosophie, un sexagénaire qui ne porte pas apparemment la politique dans son coeur s’enflamme: «L’Equipe nationale de football représente une cause juste et l’attachement spontané et sincère des Algériens à cette cause devrait servir de leçon à tous ces politiciens noyés dans leur médiocrité partisane.» En plantant l’emblème national sur les terrasses, sur les balcons, et en l’accrochant sur les devantures de leurs magasins et de leurs véhicules, les Constantinois n’ont répondu qu’à un seul appel: celui de leur coeur. Que tous ceux et celles qui ambitionnent de devenir un jour des «têtes d’affiches» de bien méditer cette leçon de football!