Algérie : Bouteflika dépose sa candidature à la présidence, deux candidats se retirent

Algérie : Bouteflika dépose sa candidature à la présidence, deux candidats se retirent

Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a déposé lundi 3 mars en personne au Conseil constitutionnel son dossier de candidature à un quatrième mandat, a rapporté l’agence algérienne APS. Les cartons des signatures nécessaires à sa candidature avaient auparavant été acheminés dans une dizaine de fourgons.

Selon APS, plus de quatre millions de signatures ont été collectées dans les 48 départements du pays et auprès d’élus municipaux, du Parlement et des citoyens. Pour être retenus, les candidats doivent récolter les signatures de 60 000 électeurs ou celles de 600 élus dans au moins 25 départements.

M. Bouteflika, 77 ans, au pouvoir depuis 1999, briguera un 4e mandat malgré des problèmes de santé qui alimentent les doutes sur sa capacité à diriger le pays. Il ne s’est plus exprimé en public depuis son accident cardio-vasculaire d’avril 2013 qui l’avait contraint à se faire soigner en France et à rester absent 80 jours.

DEUX CANDIDATS SE RETIRENT DE LA COURSE

LG Algérie

Deux candidats à l’élection présidentielle du 17 avril, dont l’ancien chef du gouvernement Ahmed Benbitour (1999-2000), ont eux annoncé lundi leur retrait de la course, jugeant le scrutin joué d’avance. « En réalité, les urnes ne seront qu’un leurre et une piraterie légalement soutenue. Une fois de plus, en Algérie, les forces de la fraude auront pris le dessus sur l’argumentation convaincante (…) », a affirmé M. Benbitour.

« L’usage inconsidéré des deniers publics, le maintien d’un gouvernement dont les membres sont notoirement connus pour leur allégeance au candidat président [Abdelaziz Bouteflika] (…) la confiscation des médias audiovisuels publics, font que les élections d’avril 2014 se présentent, une fois de plus, comme une rupture du pouvoir avec le peuple », a-t-il ajouté. M. Benbitour, première personnalité a avoir annoncé en décembre 2012 son intention de briguer la présidence, s’est déclaré « solidaire » de ses « partenaires politiques qui ont lancé un appel au boycott » du scrutin.

Le général à la retraite Mohand Tahar Yala a également annoncé lundi qu’il renonçait à se porter candidat à l’élection présidentielle « truquée à l’avance pour imposer un quatrième mandat » de M. Bouteflika. Estimant qu’un « clan maffieux a pris en otage le pays pour se maintenir coûte que coûte au pouvoir », M. Yala, ancien commandant des forces navales (2002-2005), a plaidé pour « l’arrêt du processus électoral en cours et la mise en œuvre d’une période de transition » de pas plus de deux ans. Avec un gouvernement d’union nationale au pouvoir, un collège de personnalités à « la probité incontestable » devrait alors concevoir un « nouvel édifice institutionnel » qui sera soumis à référendum.

MULTIPLES DÉNONCIATIONS D’UNE « FRAUDE » ANNONCÉE

Jeudi, un ancien chef du gouvernement, Mouloud Hamrouche (1989-1991), avait appelé à faire tomber le régime du président Bouteflika « dans le calme », avec l’aide de l’armée, invoquant une « fraude » annoncée. Auparavant, l’ex-président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Saïd Sadi, figure majeure de l’opposition, avait appelé ses compatriotes à se mobiliser pour « discréditer ce scrutin, de sorte à laisser l’actuel président candidat à sa propre succession se concurrencer lui-même ».

Samedi, la police a empêché des dizaines de personnes de se rassembler devant la faculté centrale d’Alger pour dénoncer la candidature de M. Bouteflika. Plus de 80 personnes, parmi lesquelles de vieux routiers de la vie politique dont un ex-premier ministre de M. Bouteflika, Ali Benflis, ont annoncé leur candidature. Celles-ci ont jusqu’à mardi minuit pour être déposées. Le Conseil constitutionnel annoncera dix jours plus tard les candidats retenus.