«Je suis très fier et très honoré d’avoir été convoqué avec mon équipe nationale pour affronter la Bosnie-Herzégovine, le 14 novembre prochain.» Voilà le contenu du dernier «tweet» de Rafik Zoheir Djebbour, l’attaquant international algérien de l’éq
En postant ce message sur son compte Twitter, comme il le fait à chacune de ses convocations en équipe nationale, Rafik Djebbour n’a pas dû réaliser que ce match amical Algérie-Bosnie, dernière date FIFA de l’année civile 2012, revêtira, en ce qui le concerne, une importance capitale, pour espérer accrocher la place d’attaquant titulaire lors de la prochaine CAN 2013 en Afrique du Sud. CAN 2013 sera sa première CAN, car il avait manqué la précédente pour manque de temps de jeu, après avoir été placardisé par Bajevic, son ancien coach de l’AEK Athènes, avec qui il avait eu des mots. Même s’il est assuré, sauf blessure de dernière minute, touchons du bois, de figurer dans la liste des 23 de Vahid Halilhodzic pour disputer le prochain rendez-vous africain, au vu de son statut de titulaire indiscutable dans son club, champion de Grèce sortant, est-il utile de le rappeler, à l’âge qui est le sien et surtout au vu de la posture européenne qui est la sienne, puisqu’il est l’un des deux seuls algériens, avec Sofiane Feghouli, à disputer la prestigieuse compétition récompensée par la coupe aux grandes oreilles, l’UEFA Champions League, ce que vise Rafik Djebbour, c’est la place d’attaquant titulaire en équipe nationale. Une place qu’il a perdue à cause des forfaits répétés sous l’ère Vahid à cause d’une blessure persistante, et surtout à cause de l’éclosion de deux grands buteurs en équipe nationale, Islam Slimani, le «Gunner» du CRB, et El-Arbi Hillel Soudani, le «Puma» chélifien du club portugais de Vitoria Guimaraes, qui l’ont poussés sur le banc des remplaçants.
Les statistiques
ne plaident pas
pour lui en EN
Pourtant, lorsqu’on regarde les CV des trois joueurs, Slimani et Soudani sont loin derrière. Rafik Djebbour a été formé à Auxerre, il a signé professionnel très jeune, il a tout le bagage de l’attaquant moderne, il est élégant à voir jouer, il est titulaire et fait parler la poudre dans tous les clubs où il est passé, même le grand Olmypiakos avec qui il dispute la Ligue des Champions et l’Europa League, ce qui n’est pas rien, où l’effectif est pléthorique et les places sont si chères. Il est même de loin l’attaquant en exercice le plus expérimenté en équipe nationale, puisque sa première sélection remonte au match amical Algérie-Gabon d’Aix-en-Provence en 2006 et que, depuis, malgré les changements de staff à la tête de la «maison verte» et les différentes blessures dont il a été victime, il en est quand même à 29 sélections. 29 sélections contre 8 pour El-Arbi Hillel Soudani, parti tenter une carrière professionnelle en Europe l’année passée et qui n’a du temps de jeu que depuis cette saison, et 6 pour Islam Slimani, qui évolue au CR Belouizdad, dans le championnat national, ce qui n’a pas constitué un handicap pour Vahid Halilhodzic, mais qui, à une autre époque, ne lui aurait même pas permis de franchir l’entrée de la liste des réservistes. Mais lorsqu’on regarde de plus près ces statistiques, on s’aperçoit vite de la raison qui fait que Rafik Djebbour soit sur le banc, et que ces deux concurrents sur la pelouse, quel que soit le système utilisé par le Bosnien. Cette raison, ou plutôt cette donnée statistique, c’est le ratio matchs joués/buts marqués en équipe nationale. Et lorsqu’on regarde ce ratio, on comprend pourquoi Djebbour a perdu la confiance du sélectionneur national. Car Rafik Djebbour en est à 29 matchs disputés pour 5 buts marqués, Soudani, lui, en est à 8 matchs disputés pour 6 buts marqués et Slimani à 6 matchs disputés pour 5 buts marqués. Soit un pourcentage de 1 but tous les 6 matchs quand les deux autres tournent à pratiquement 1 but par match, il n’y a pas photo.
Pourtant en club,
il n’y a pas photo
Ce manque de réalisme et d’efficacité de Djebbour en équipe nationale contraste avec sa réussite quasi insolente en club où il est le goleador absolu et le chouchou des supporters rouge et blanc de l’Olympiakos. L’Algérien a toute la confiance de son coach qui la lui rend bien puisqu’il a déjà marqué cette saison 8 buts en 6 journées de championnat et qu’il a inscrit la saison dernière, malgré les blessures, la bagatelle de 17 buts en 21 matchs où il n’a été titulaire que 17 fois. Lorsque la question lui est posée par des confrères, il répond : «(…) Actuellement, je ne marque effectivement plus, je dirais même qu’il y a deux Djebbour, celui de l’Olympiakos et celui de l’EN. Avec cette dernière, je n’arrive pas à m’exprimer, car je trouve que je n’ai pas l’entourage qu’il faut, et ça joue sur le moral (…) Je ne peux pas m’épanouir, moi qui n’hérite que de quelques bouts de matches (…)»
Vahid peut-il adapter son système alors qu’il marque 2 buts par match ?
Le constat du joueur est bon, le problème c’est que le même cas de figure s’est produit pour ses concurrents. Mais, malheureusement pour lui, même en disputant des tout petits bouts de matchs, Slimani et Soudani ont marqué des buts décisifs comme le récent but de Casablanca face à la Libye, par exemple, inscrit par Soudani, quelques seconde après être entré en jeu en fin de match. De plus, lorsqu’il soulève le problème de la tactique de jeu, différente en Grèce, qui lui sied plus, au vu de ses performances par rapport à celles de l’équipe nationale qui ne semble pas lui convenir, que peut-on répondre à part que Vahid Halilhodzic peut-il changer une tactique et un système de jeu qui lui ont fait gagner 8 matchs sur 10 et lui ont fait marquer 2 buts par match en moyenne ? A deux mois de la CAN, cela a peu de chance de se produire et ça sera plutôt à Djebbour de s’adapter pour essayer de reprendre la place d’attaquant titulaire qui était la sienne avant un certain été 2012 où deux joueurs ont fait parler la poudre sur le front de l’attaque algérienne.
La blessure
de Slimani,
une chance à saisir
Bien qu’il soit un homme droit et courtois, et qu’il ne souhaite pas, connaissant son tempérament, réussir sur le malheur d’un autre, cette blessure d’Islam Slimani sera quand même une «aubaine» même si le mot est inapproprié vu les circonstances, pour Rafik Djebbour, car il va pouvoir jouer son va-tout face à la Bosnie, le 14 novembre prochain, sans subir la pression de l’attaquant du CRB, peu en clin, et c’est normal, à lâcher un rêve en vert, qu’il chérit depuis l’enfance et qui est en train de devenir réalité. Rafik Djebbour sait qu’à la régulière, en sélection du moins, Hillel Soudani, vu la forme qu’il affiche en Liga Sagres portugaise en ce moment et en sélection, est inaccessible, en aussi peu de temps, et c’est pour cela qu’il fera tout, face à l’équipe des compatriotes de «coach Vahid», la Bosnie des Dzeko, Misimovic et autre Pianic, pour essayer de marquer les esprits et inverser la tendance et faire vérifier à Slimani un dicton qu’il a vérifié lui-même la saison passée : «Les absents ont toujours tord !»
Djebbour face
à la Bosnie,
mode d’emploi
Face à la Bosnie, Rafik Djebbour fera tout pour ne pas se rater. Le problème, c’est qu’il n’a que 90 minutes pour inverser la tendance dans l’esprit de Vahid Halilhodzic et celui des supporters, tout acquis à la cause des deux héros Soudani et Slimani, qui ont soigné le goal-average des Verts ces derniers mois comme jamais il n’avait été soigné auparavant. Djebbour devra appliquer à la sauce football, la célèbre citation de Johne Fitzgerald Kennedy, ancien président des USA qui avait déclaré dans un meeting politique : «Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais ce que vous, vous pouvez faire pour votre pays !» Notre «Djebbourgoal national» ne devra pas demander aux joueurs de jouer pour lui, pour lui permettre de marquer, l’équipe ne disposant que de deux ou trois jours pour préparer le match, mais il devra s’adapter aux deux plus grands pourvoyeurs de passes décisives, Foued Kadir et surtout Sofiane Feghouli, star absolue et incontournable du milieu de terrain que le monde entier nous envie. Si Soudani et Slimani ont su profiter du jeu de Kadir et Feghouli qui ont la particularité d’être des meneurs de jeu qui aiment plus faire marquer que marquer, pourquoi pas lui. Djebbour devra visionner des DVD des matchs précédents et s’adapter mentalement au jeu de ses collègues de l’EN et au schéma de Vahid Halilhodzic. Ses qualités de finisseur et son bagage d’attaquant moderne, que nous constatons chaque semaine devant nos écrans de télévision lorsque nous regardons jouer Olympiakos, feront le reste.
M. B.