Plusieurs personnes ont été blessées et 10 interpellées vendredi à Alger alors qu’il saluaient « spontanément » la chute du président égyptien Hosni Moubarak, à la veille d’une grande marche pour « changer de système » en Algérie, a annoncé un chef de l’opposition, Said Sadi.
Des militants avaient commencé à se rassembler devant le siège du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) dès l’annonce de la démission de Moubarak, a indiqué à l’AFP M. Sadi, le président de cette formation.
« Au début, les policiers ont laissé faire. Mais c’est quand des jeunes du quartier (voisin) de Messonnier ont rejoint le groupe, c’est là qu’ils ont changé. Ils ont chargé assez durement », a-t-il indiqué.
« Il y a eu des blessés qui sont à l’hôpital Mustapha, je ne saurai vous dire combien, mais il y a eu au moins dix arrestations », a ajouté M. Sadi. « Des policiers en civil étaient en train de pourchasser les jeunes dans les rues adjacentes », a-t-il ajouté.
« Ce n’était même pas une manifestation organisée. C’était spontané. C’était une explosion de joie », a affirmé le dirigeant qui ne se trouvait pas sur les lieux au moment des incidents.
Selon un journaliste de l’AFP arrivé sur place, les militants en train de célébrer ont eu à peine le temps de s’exprimer, environ une heure, qu’ils se sont retrouvés entourés de centaines de policiers. Ces derniers les ont poussés à l’intérieur du siège du parti. Certains militants criaient « On veut la chute du régime » algérien ou « Après Moubarak, c’est Bouteflika ».
Au-dessus du lieu tournoyait un hélicoptère des forces de l’ordre.
C’est là que le 22 janvier, le RCD avait été empêché par un cordon très important de forces de l’ordre de rejoindre la Place de la Concorde (ou Place du 1er Mai) pour entamer une marche, en faveur de la démocratie et de la levée de l’état d’urgence, qui avait été interdite par les autorités.
Un haut responsable du RCD sur les lieux a indiqué à l’AFP qu’ils n’allaient pas insister « afin de se préserver pour demain ».
Samedi, la Coordination nationale pour la démocratie et le changement (CNDC) créée le 21 janvier, dont le RCD est membre, a appelé à une marche dans Alger, en dépit de l’interdit réitéré par les autorités, et dans différentes wilayas du pays pour « changer de système ».
En prévision de cette nouvelle manifestation, toute la capitale était dès samedi quadrillée de forces de l’ordre, y compris aux entrées d’Alger où les barrages de police, en place depuis les attentats suicide de 2007, ont été renforcés.
Au Caire, le président Moubarak a finalement quitté ses fonctions et remis le pouvoir à l’armée vendredi, après trente ans au pouvoir et au terme de plus deux semaines de manifestations massives contre le régime.