Algérie: Amnesty International dénonce l’incarcération d’un blogueur

Algérie: Amnesty International dénonce l’incarcération d’un blogueur

Amnesty International a dénoncé l’incarcération le 25 septembre d’un blogueur algérien, Abdelghani Aloui, et pressé les autorités algériennes de le relâcher « immédiatement », jugeant « excessive » leur réaction vis-à-vis d’un partage sur Facebook de photos et caricatures du président et du Premier ministre.

« Les autorités algériennes doivent immédiatement relâcher un blogueur placé en détention sur la base d’accusations de terrorisme et de diffamation », a affirmé l’ONG dans un communiqué parvenu mercredi à l’AFP, alors que l’avocat de l’accusé attend cette semaine une décision sur sa demande de libération avant la tenue du procès.

Abdelghani Aloui, 24 ans, habitant de Tlemcen (500 km à l’ouest d’Alger), est détenu à la prison de Serkadji dans la capitale, « dans la même aile que les suspects du terrorisme », a dénoncé AI.

« Les autorités algériennes semblent essayer d’étouffer les critiques en cette période d’incertitude précédant l’élection présidentielle de l’année prochaine », a affirmé Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International, en référence à une éventuelle candidature d’Abdelaziz Bouteflika pour un 4e mandat, alors qu’il ne semble pas entièrement guéri des suites de son AVC.

Elles « réagissent de manière vraiment excessive à ce qui relève simplement de l’expression légitime. Retenir des chefs d’accusation en relation avec le terrorisme afin d’incarcérer une personne qui a partagé des images sur les réseaux sociaux crée un précédent très dangereux », a estimé l’organisation de défense des droits de l’Homme.

M. Aloui a été inculpé pour atteinte à la personne du président de la République, outrage aux corps constitués et « apologie du terrorisme parce que les forces de sécurité auraient trouvé chez lui une écharpe arborant la proclamation de foi La ilah illa Allah (il n’y a de dieu que dieu) », a expliqué AI.

S’il est reconnu coupable d’ »apologie du terrorisme », il encourt 10 ans de prison. Il risque par ailleurs une amende de 500.000 dinars (5.000 euros) pour atteinte à la personne du président.

M. Luther a appelé Alger à « réviser les lois érigeant la diffamation en infraction pénale et à mettre fin au recours à la législation antiterroriste pour sanctionner les critiques non violentes à l’égard de représentants de l’État ».

C’est la deuxième fois depuis l’an dernier qu’un blogueur est arrêté en Algérie, a rappelé AI. En juillet 2012, Saber Saidi avait été interpellé puis inculpé pour « apologie du terrorisme » après avoir mis en ligne des vidéos liées au Printemps arabe, et détenu durant neuf mois.