Algérie – A la veille de la tripartite, l’opération séduction du gouvernement reste sans effet

Algérie – A la veille de la tripartite, l’opération séduction du gouvernement reste sans effet

Le projet de loi de finances 2014 prévoit une série de mesures pour encourager l’investissement en Algérie. Le gouvernement veut les médiatiser pour préparer la tripartite du 10 octobre.

Le gouvernement algérien a lancé une vaste opération de charme pour séduire ses interlocuteurs, à la veille de la tripartite qui se tient le 10 octobre. Une campagne, impliquant les relais traditionnels du gouvernement dans l’administration, les associations et les médias, a permis de préparer le terrain, notamment pour vulgariser les mesures contenues dans le projet de loi de finances pour 2014 et destinées à favoriser l’investissement. Ces efforts risquent cependant de rester sans effet, car le gouvernement propose des solutions pour améliorer le fonctionnement de l’économie, alors que les entreprises demandent un changement de modèle.



La divergence est encore apparue lundi, quand M. Abderrahmane Benkhalfa, ancien délégué de l’ABEF (Association des banques et Etablissements Financiers), réputée proche du gouvernement, a plaidé pour des mesures allant à l’opposé de ce que fait le gouvernement. L’économie algérienne est dans une « gouvernance dépassée », a déclaré M. Benkhalfa au cours d’une émission de radio, ajoutant qu’il « faut aller à une gestion rénovée de l’Etat ». Pour lui, « l’Etat doit sortir de la gestion opérationnelle » pour s’occuper de stratégie et de politique.

Stabilité législative

LG Algérie

Selon M. Benkhalfa, l’Algérie a besoin de « lois organiques » qui fixent les règles de l’économie, afin d’assurer une stabilité législative. Il faut régler cette question pour que l’investisseur sache de manière claire ce qu’il risque et ce qu’il peut gagner. « Et on n’en parle plus ».

Prenant le contrepied du ministre des finances Karim Djoudi, M. Benkhalfa a déclaré qu’il serait erroné de pousser les banques vers plus de risques. « C’est une question de sécurité financière », a-t-il dit, rejetant à la fois les reproches du ministre des finances qui a imputé aux banques l’insuffisance des investissements, et les accusations du patronat, qui reproche aux banques de ne pas prendre assez de risques pour accompagner les entreprises. M. Benkhalfa a d’ailleurs affirmé que le taux des créances bancaires douteuses, qui atteint 15%, n’est « pas tolérable ».

En finir avec le Conseil national de l’investissement

Selon lui, il faut booster l’investissement « par des voies autres que les banques ». Il a proposé la création d’une caisse spécialisée, et suggéré que les financements aidés soient dissociés des financements bancaires car pour lui, c’est une erreur pour une banque de détenir « un portefeuille aidé et un autre commercial ».

Il reproche aussi au gouvernement de se tromper de cible, en insistant sur des dispositifs de création d’entreprise ou de soutien aux petites entreprises, rappelant qu’il y a en Algérie 200 grandes entreprises seulement. « C’est très peu », et « on ne s’en occupe pas assez », a-t-il dit. M. Benkhalfa a par ailleurs reconnu que la limitation des interventions du Conseil national de l’investissement (CNI), prévue dans le projet de loi de finances 2014, est une aubaine pour faciliter les investissements, mais il propose d’aller plus loin. « A terme, il ne devrait pas y avoir de CNI », un organisme très décrié par le patronat qui lui reproche d’instaurer une sorte de visa préalable à l’investissement.