L’Algérie a fait une commande auprès de l’entreprise allemande Heidelberg Cement pour importer près de 600.000 tonnes de ciment. Cette commande fait probablement suite à la décision du gouvernement qui a prévu, au mois de juin dernier, d’importer un million de tonnes de ciment pour couper l’herbe sous les pieds des spéculateurs.
Les perturbations ayant touché le marché des matériaux de construction étaient telles que le prix du ciment a atteint des seuils intolérables. Le produit en question était distribué au compte-goutte afin de maintenir la tendance haussière. Résultat : de nombreux chantiers importants étaient à l’arrêt en raison de la pénurie engendrée par les pratiques spéculatives.
Les professionnels du secteur étaient perplexes devant cette situation, étant donné que les capacités nationales de production étaient jusqu’à présent assez importantes pour couvrir la demande domestique.
Le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, avait, cependant, nuancé ces chiffres dans une déclaration qu’il a tenue récemment à la presse en marge d’une séance plénière de l’Assemblée populaire nationale (APN) consacrée aux questions orales des députés.
Selon lui, «la production locale est de 17 millions de tonnes et l’Algérie consomme entre 18,5 et 19 millions de tonnes car plusieurs projets sont encore en cours de réalisation, affirmant qu’il y a un déficit de 1,5 million de tonnes sur le marché qu’il faut compenser par le recours à l’importation».
Pourtant, d’autres sources assurent que l’Algérie dispose d’une production qui dépasse les 18 millions de tonnes et avec les extensions des capacités de production prévues rien que pour l’ensemble des cimenteries publiques, elles devraient dépasser les 21 millions tonnes à partir de l’année 2012 alors que de nombreuses unités privées sont déjà en activité ou le seront bientôt.
La production devrait augmenter grâce, notamment, à la réalisation d’une nouvelle usine à Djelfa pour une capacité de 3 millions de tonnes par an à l’horizon 2011, ainsi que le lancement de deux autres à Relizane et à Béchar par le groupe Sonatrach.
Certains observateurs dénoncent la mainmise des circuits informels sur la distribution et la commercialisation du ciment qui profitent de cette période cruciale marquée par le programme présidentiel pour la construction de deux millions de logements et par la réalisation de nombreuses infrastructures de base dont l’autoroute Est-Ouest pour gérer à leur guise l’approvisionnement du marché national.
En l’absence d’un contrôle accru de l’Etat, ces spéculateurs font la pluie et le beau temps, pénalisant les secteurs du bâtiment et les travaux publics. Des secteurs qui, rappelle-t-on, soutiennent la croissance économique.
C’est dire l’importance de la régulation du marché des matériaux de construction. La décision du gouvernement d’importer une quantité importante de ciment vise donc à maintenir la cadence dans les chantiers afin d’éviter un retard dans les délais qui pourrait être à l’origine d’une réévaluation fort coûteuse des projets en cours de réalisation.