Le directeur général de l’Office national de la lutte contre la drogue et la toxicomanie, Abdelmalek Sayeh, a fait le lien entre trafic de drogue et financement du terrorisme.
Lors de son intervention hier, au Conseil de la nation autour du thème « la drogue, ses retombées économiques et sociales » Sayeh a affirmé que les groupes terroristes, notamment les groupes armés qui se revendiquent d’Al-Qaïda au Maghreb (AQMI), prennent un certain pourcentage sur chaque tonne de drogue qui transite par les pays du Sahel, en passant par l’Algérie, pour l’Europe.
Le conférencier a mis l’accent sur le danger qui guette l’Algérie, notamment sur le fait que les connexions entre les réseaux de drogue et ceux du terrorisme n’ont jamais été écartées. Le conférencier a, par ailleurs, tiré la sonnette d’alarme en indiquant que tous les ingrédients sont réunis pour que notre pays devienne un grand consommateur de différents genres de drogue (douce et dure). Il a affirmé que ces craintes sont fondées et laisse présager le pire. Il a expliqué que les Européens qui sont de grands consommateurs de résine de cannabis dans le monde, arrivent aujourd’hui à produire de la résine sur leur propre territoire.
Et d’ajouter que les pays européens ne vont plus s’approvisionner auprès de nos voisins marocains, « donc, le seul marché qui reste pour le Maroc, c’est bien notre pays ». Le conférencier a affirmé que « dans quelques années le joint de cannabis marocain pourra se vendre sur notre marché à un prix inférieur à celui de la cigarette ».
Et d’extrapoler : les réseaux marocains spécialisés dans le trafic de résine de cannabis vont peut-être investir dans le trafic de la cocaïne et l’héroïne en raison de leur prix qui est et qui sera beaucoup plus important que celui de la résine de cannabis. « Ils vont tout faire pour soit le transiter par l’Algérie ou bien l’écouler sur notre marché, si jamais ils rencontreront des entraves ».
La situation est préoccupante selon Abdelmalek Sayeh, l’Algérie qui était autrefois, un pays de transit pour les narcotrafiquants, est devenue aujourd’hui un pays consommateur, et même un pays producteur. Sayeh a affirmé que le nombre des personnes qui consomment ou ayant touché aux drogues dans le pays est estimé à 300 000. Pour ce qui est de la culture de la résine de Cannabis en Algérie, le conférencier souligne qu’il y a eu seulement 30 à 40 hectares cultivés de drogue, en mettant en garde contre ce genre de procédés.
Enfin, Abdelmalek Sayeh a affirmé que 16 000 consommateurs de drogue ont été arrêtés en 2009. De même 4000 dealers ont été arrêtés. Sayeh souligne que selon un bilan provisoire 26,5 tonnes de drogues ont été saisies du mois de janvier jusqu’au mois dernier. Il a précisé que 5% des consommateurs sont de sexe féminin, ajoutant que la consommation de drogue qui touchait essentiellement les villes, commence à s’élargir aux zones rurales et même dans les régions du sud du pays.
La consommation de drogue « touche également les universités et les cités universitaires », a-t-il déploré, soulignant que l’office prépare un projet d’enquête sur le phénomène en milieu universitaire et scolaire.
M. Sayeh a indiqué que « la drogue est un des facteurs d’augmentation de la criminalité, de la violence dans les stades, des accidents de la route et des accidents du travail ».