Algérie : 4 500 femmes maltraitées en 2008

Algérie : 4 500 femmes maltraitées en 2008
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Selon les chiffres avancés par les services de la police judiciaire, près de 4 500 femmes ont été victimes de violences conjugales à l’échelle nationale.

2 675 femmes ont subi des violences physiques, 1 359 ont été maltraitées, 144 ont subi  une violence sexuelle, 107 ont été harcelées et 4 ont été  carrément éliminées physiquement, a indiqué la commissaire Messaoudène, citée par l’APS. Cette dernière affirme que 15,8% des agresseurs de ces femmes sont les conjoints, 4,21% des amants ou fiancés, 3,21% des frères, 2,9% des ascendants, 0,77% des pères et 72% sont des étrangers (voisins, collègues…), précisant que la tranche d’âge des victimes oscille entre  26 et 75 ans, puisque 28% ont de 26 à 35 ans, 25% entre 18 et 25 ans, 21% entre 36 et 45 ans, 13% entre 46 et 55 ans, 5,9% entre 56 et 65 ans, alors que 1,7% sont âgées de plus de 75 ans.

Le plus grand nombre de cas de violences à l’égard des femmes est enregistré au niveau des grandes villes, a souligné la commissaire, relevant qu’Alger vient en tête avec 850 cas, puis Oran avec 342 cas et Annaba avec 289 cas, ceci, sachant que toutes les wilayas sont concernées.

Concernant les cas de liquidation  physique, la même source indique qu’une femme avait été assassinée par son frère, deux autres par leurs époux et la quatrième par son père. La commissaire souligne que les services de la police ont enregistré  deux cas d’inceste. Dans ce sens, le président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’homme (CNCPPDH), Farouk Ksentini, a plaidé pour une législation plus «rigoureuse» et plus «sévère» contre la violence à l’égard de la femme afin de protéger davantage cette dernière.  Ceci, selon lui, «avec  l’instauration  de dispositions légales, pénales strictes suivies d’une application rigoureuse».

Il faut savoir que les coups et blessures sont considérés comme un délit assorti d’une peine qui peut aller jusqu’à 10 années de prison quand il y a préméditation ou port d’armes (article 266 du code pénal).«c’est insuffisant», selon  Ksentini. Ce dernier propose, à cet égard, d’inclure par exemple une loi permettant d’enclencher une procédure judiciaire sur le simple témoignage du voisinage, puisque les femmes refusent souvent de porter plainte.

Entre autres facteurs favorisant la violence, Ksentini cite la promiscuité, le chômage et les difficultés de la vie qui «font augmenter les frictions et les tensions entre les couples et les membres de la famille».

En outre, l’effet de la drogue, qui a remplacé la prise de boissons alcoolisées en raison de leur cherté, est l’une des principales raisons de la violence contre les femmes. Concernant les associations, M. Ksentini estime que «la majorité ont une coloration religieuse et toutes, comme la société et le code de la famille, donnent un statut inférieur à la femme».