Algérie : 4 318 kidnappings en 30 jours

Algérie : 4 318 kidnappings en 30 jours

Tentatives de kidnapping et d’enlèvement de personnes, c’est quasiment un cas constaté toutes les 18 heures en Algérie.

En effet, pas moins de vingt affaires liées aux enlèvements de personnes, tout âge confondu, ont été enregistrées, durant le mois de mai dernier en Algérie.

Selon un bilan établi par les services de la Gendarmerie nationale, et mettant en exergue le travail d’investigation des compagnies et des brigades implantées à travers les 48 wilayas du pays, 36 personnes ont été arrêtées, dont 17 écrouées, lors des enquêtes menées par les gendarmes et sous les autorités administratives compétentes.

Même si le bilan chiffré et décortiqué ne fait pas l’objet d’analyse, il y a lieu de signaler que la responsabilité des parents est souvent mise en cause dans les enlèvements.

Sauf dans les cas liés au terrorisme, les kidnappings sont généralement opérés là où les tuteurs ne doutent pas de la présence d’une force de nuisance.

Car un tel phénomène, aussi nouveau que d’autres fléaux étranges à notre société, suggère une approche criminelle des ravisseurs qui réclament, au bout de leur sinistre opération de prise d’otage, des rançons négociées avant de libérer leur proie.

Dans le même bilan, la Gendarmerie nationale relève que 47 personnes ont été appréhendées dans 54 affaires liées aux menaces de mort alors que les gendarmes ont mis la main sur 27 escrocs notoires dans 26 affaires traitées durant la même période.

Même si les vols (452 affaires et 350 personnes arrêtées) font partie des affaires courantes, comme d’ailleurs l’atteinte à la pudeur (110 arrestations dans 81 affaires élucidées), les viols (36 personnes mises hors d’état de nuire dans 28 enquêtes), il est clairement signifié, dans le même bilan rendu public par le Commandement de la gendarmerie nationale (CGN) que les associations de malfaiteurs (206 arrestations dans 75 affaires traitées) reviennent en vogue dans notre société.

C’est que le criminel ou le délinquant n’agit plus seul ! Entouré, soutenu, voire « encadré » par des expérimentés, des repris de justice, donc des multirécidivistes, il « fonde » sa propre toile d’araignée et sévit en gangster.

Si l’on se réfère aux chiffres du crime organisé (945 affaires constatées), le trafic de stupéfiants vient en tête avec 377 personnes appréhendées, dont la majorité d’ente elles étaient liées aux réseaux, donc aux associations de malfaiteurs.

Dans le même chapitre, 105 harragas ont été interceptés en haute mer par les gendarmes, en collaboration avec les gardes-côtes, notamment à Aïn Témouchent (plus de 80 harragas arrêtés).

Dans le même sillage, on relève également que pas moins de 438 personnes, dont 182 Nigériens, 93 Maliens, 52 Marocains, 32 Nigérians et 12 Syriens, sans compter 31 de diverses nationalités, ont été interpellées dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine dans notre pays.

Le trafic de véhicules fait également partie du crime organisé avec 73 individus appréhendés dans 35 affaires constatées et élucidées par les gendarmes qui recourent de plus en plus aux opérations coup de poing dans les fiefs et les foyers de la criminalité.

Mais le mois de mai est aussi la période de la moisson de la… drogue. Plus de 6 tonnes de résine de cannabis, en provenance du royaume chérifien et à destination de l’Europe et des pays du Moyen-Orient, ont été saisies dans 243 affaires traitées qui ont, par ailleurs, donné lieu à l’arrestation de 377 narcotrafiquants et complices.

Durant la même période, les gendarmes ont également saisi 21 grammes d’héroïne, 50 plants, dont 40 d’opium et 12 autres de cannabis.

Le trafic de billets de banque n’échappe pas également aux gangs organisés en filières. Au mois de mai dernier, les mêmes services ont saisi 223 fausses copies de billets de 200, 500 et 1 000 dinars dans diverses opérations, et en plus de 73 personnes arrêtées pour leur implication dans le vol et trafic de véhicules (24 voitures récupérées dans 35 opérations menées).

Vient en- suite le trafic d’armes et de munitions avec 13 armes à feu, 152,38 kg de poudre d’explosifs, 39 cartouches saisis et 88 personnes appréhendées dans 81 affaires traitées.

Même si les hommes, avec 5 344 personnes, détiennent le record de la population délinquante, il n’en demeure pas moins que le nombre de femmes, soit 214 personnes impliquées directement dans divers crimes, connaît une croissance inquiétante aux côtés des personnes mineures avec 248 personnes âgées de moins de 18 ans.

La tête du sinistre hit-parade revient aux 2 976 individus impliqués et interpellés, et âgés de 18 à 29 ans, une frange touchée par la délinquance et le chômage.

Par profession, on constate également que les fonctionnaires (386) et les étudiants (180) sont de plus en plus tentés par le crime. Les sans professions (2 452) et les personnes exerçant les activités libérales (1 622) occupent, là aussi, la tête du classement de la population délinquante, voire criminelle durant le mois de mai dernier.

Au total, ce sont 5 558 personnes qui ont été arrêtées, dont 2 212 écrouées, dans 4 318 affaires constatées durant cette période, un préambule à la saison estivale qui s’annonce plutôt chaude dans les foyers criminels, surtout que les réseaux de trafic de drogue ont subi un échec sans précédent tant au niveau des frontières terrestres qu’au niveau de la haute mer.

Ce bilan tant exhaustif que probant renseigne on ne peut plus sur la nouvelle approche du patron de la Gendarmerie nationale, le général major Ahmed Bousteïla, dans la lutte contre le crime sous toutes ses formes, le crime organisé et le crime transfrontalier, notamment contre les cartels internationaux de drogue, ses barons, leurs réseaux et filières et leurs arrière-bases.

Et c’est en ce sens que ce bilan précède la période estivale durant laquelle 50 000 hommes seront quotidiennement déployés pour sécuriser les lieux de plaisance, les stations balnéaires et les routes.