Le secrétaire d’État algérien chargé de la Communication invite la chaîne privée tunisienne à plier bagage. Suite et fin d’un mauvais feuilleton maghrébin.
« Quinze jours pour quitter le territoire algérien. » C’est en ces termes que Azzeddine Mihoubi, secrétaire d’État algérien chargé de la Communication, a mis fin, le 12 mai, aux relations pour le moins houleuses entre Nessma TV et son pays. La chaîne maghrébine s’était attiré plusieurs fois les foudres des Algériens en donnant l’impression de profiter de leur marché sans considération pour les attentes du public. Tout a commencé après « la guerre du Caire », qui a éclaté au lendemain des échauffourées qui ont suivi le match de qualification pour le Mondial sud-africain de football entre les Pharaons et les Fennecs (2-0), le 14 novembre 2009.
Tout ce qui a trait à l’Égypte, de près ou de loin, est alors suspect en Algérie. Faisant fi des susceptibilités locales – par précipitation ou manque de discernement –, Nessma TV accumule les maladresses, comme la signature d’un accord de financement de ses émissions par Djezzy, premier opérateur de téléphonie mobile en Algérie et filiale du groupe Orascom, que dirige l’Égyptien Naguib Sawiris. Pis : alors qu’elle avait pris position contre Al-Jazira et ses exigences financières, qui avaient privé les Maghrébins des matchs de leurs équipes nationales de football à la 27e Coupe d’Afrique des nations (CAN), en janvier en Angola, Nessma refuse de concéder à l’ENTV (la télévision d’État algérienne) les droits de retransmission des 19es Championnats d’Afrique des nations de handball, organisés au Caire en février dernier.
À Alger, l’opinion se braque alors contre la chaîne, estimant qu’elle a trahi sa promesse de permettre aux Algériens de suivre les matchs de leur équipe nationale et qu’elle fait les yeux doux à l’Égypte. Les propos peu amènes échangés entre Tarak Ben Ammar, actionnaire de Nessma, et la direction de l’ENTV lors des travaux de la 17e Conférence permanente de l’audiovisuel méditerranéen, du 8 au 11 avril, à Paris, ont mis de l’huile sur le feu.
Mais c’est à la fin d’avril que le torchon a réellement brûlé entre les protagonistes après la signature d’un contrat de sponsoring entre la chaîne et la direction du Mouloudia Club d’Alger (MCA), un poids lourd du football local. Ce contrat a été aussitôt résilié à la demande expresse des autorités algériennes.
L’Algérie accuse clairement la chaîne d’avoir outrepassé son champ d’action, d’autant qu’elle n’a jamais obtenu l’autorisation d’exercer sur le territoire algérien. Douze plaintes ont été déposées contre la direction de Nessma TV, notamment par l’Office national des droits d’auteur et des droits voisins (Onda), pour non-respect des droits d’auteur et exploitation de numéros de téléphone d’Algérie Télécom sans autorisation dans différents concours et jeux de la chaîne.