Le contexte sécuritaire régional interpelle tous les pays du champ dont l’Algérie qui joue un rôle prépondérant dans la stabilité de la région.
Mi-figue, mi-raisin, les relations algéro-maliennes sont sur le point de connaître une nouvelle impulsion. La visite de quatre jours qu’effectue à Alger le président malien Amadou Toumani Touré, (ATT), vise la redynamisation de l’axe Alger-Bamako, notamment sur le plan sécuritaire.
Le chef de l’Etat malien, qui se trouve depuis hier à Alger, conduit une importante délégation comprenant plusieurs ministres, diplomates et même des experts de haut niveau dans le domaine de la lutte antiterroriste. Cette visite intervient dans un contexte sécuritaire particulièrement grave. Justement, ce contexte sécuritaire régional interpelle les pays de la région, voire la communauté internationale, à conjuguer leurs efforts et faire face à la menace terroriste qui prend des proportions de plus en plus inquiétantes en raison de la circulation incontrôlée des armes en Libye. Les pays de la région avaient alerté que des armes de tous calibres en provenance de la Libye étaient tombées entre les mains des groupes armés activant dans les rangs d’Al Qaîda au Maghreb ou risquaient de l’être.
Dans une telle situation, l’Algérie continue de jouer un rôle de pivot dans la rèsolution de ce trafic du d’armes. Elle multiplie ses consultations avec les pays du champ, à savoir le Mali, le Niger et la Mauritanie, pour relever le défi. Les puissances occidentales, dont la Grande-Bretagne ainsi que les Etats-Unis d’Amérique, sollicitent l’Algérie pour venir en aide aux nouvelles autorités libyennes sur la question des armes. Cela témoigne du rôle capital que joue l’Algérie dans la stabilité de la région.
Après la délégation malienne, l’Algérie recevra une autre délégation, celle du Niger conduite par le président Mahamadou Issoufou. Les 13 et 14 novembre prochain, le comité de suivi avec la Mauritanie se rendra en Algérie.
Les différents engagements concrétisés par Alger témoignent de sa bonne volonté d’oeuvrer pour la stabilité et le développement de la région. Ainsi, l’Algérie a tenu tous ses engagements envers ce pays voisin. L’année dernière, l’Algérie avait décidé une aide financière de 10 millions de dollars au Mali pour financer des projets dans les secteurs de la santé, de l’eau et de la formation, dans trois régions, à savoir Gao, Kidal et Tombouctou.
En matière d’infrastructures, l’Algérie apporte son assistance technique dans la réalisation d’un axe routier reliant Timiaouine en Algérie, à Kidal et même jusqu’à Bamako (Mali).
L’Algérie a accompagné ce pays dans le règlement de son conflit avec les rebelles Touareg, comme l’attestent les Accords de paix d’Alger signés entre les deux parties en 2006. Des centaines de rebelles-Touareg, membres de l’Alliance pour la démocratie et le changement (ADC), avaient alors déposé les armes.
Autant d’actions qui n’ont pas, semble-t-il, été suffisantes pour que Bamako tienne un seul langage dans sa coopération avec l’Algérie. En fait, de nombreux dossiers témoignent que les relations entre Alger et Bamako ont connu des turbulences dues à un engagement non respecté du côté malien. Dans le domaine sécuritaire et lutte antiterroriste notamment, l’Algérie reproche, indirectement, à Bamako d’avoir développé un double langage. Entre les deux pays, une crise de confiance s’est installée. Le désaccord qui existe entre le gouvernement malien et les responsables militaires sur cette question serait à l’origine de cette crise.
Les politiciens ne semblent pas être d’accord sur les engagements militaires. D’autres éléments attestent le problème de confiance qui existe entre les deux capitales. Des passerelles de communications auraient existé entre les groupes armés d’Al Qaîda Maghreb et quelques dirigeants maliens. Cela s’est confirmé par le rôle d’intermédiaires que jouaient ces derniers dans la libération des otages étrangers. Ce n’est pas tout. Bamako faisait fi de la convention bilatérale de coopération judiciaire paraphée avec l’Algérie.
En février 2010, Bamako s’est plié aux exigences d’Aqmi et aux pressions de Paris et procéda à la libération de quatre islamistes, comme exigé par Al Qaîda, pour que l’ex-otage français, Pierre Camatte, retrouve sa liberté. Un geste qui a irrité l’Algérie. Une mini-crise est apparue dans les relations diplomatiques entre les deux pays. Alger rappelle alors son ambassadeur au Mali.
Cette libération avait été qualifiée d’ «inamicale» par le gouvernement algérien qui avait formulé en septembre 2009 et en février 2010 la demande d’extradition des deux ressortissants algériens, poursuivis par la justice algérienne pour des actes terroristes.
Contre toute attente, Bamako libère les deux terroristes demandés par Alger pour satisfaire la demande française et les exigences d’Aqmi.
Après la consternation d’Alger et ce froid diplomatique, les relations ont repris peu à peu à se ressouder, grâce notamment à la création du Comité d’Etat-major conjoint «Cemoc» et de l’unité de fusion et de liaison (UFL) pour l’échange des informations et de renseignements. Vu le contexte sécuritaire régional, le Mali et l’Algérie souhaitent aujourd’hui tourner la page des désaccords et donner un nouvel élan à la coopération entre les pays dans tous les domaines, notamment le volet sécuritaire.