Alger sous haute surveillance,La marche maintenue

Alger sous haute surveillance,La marche maintenue

Malgré l’interdiction formelle qui lui a été signifiée par la wilaya d’Alger, la Coordination nationale pour le changement démocratique (CNCD) a maintenu sa marche d’aujourd’hui à Alger.

Une marche qui s’effectue ra sous haute surveillance. La coordination régionale d’Oran a pour sa part annoncé un rassemblement à la place du 1er Novembre.



La marche d’Alger, annoncée depuis une vingtaine de jours, vise, selon ses initiateurs, entre autre, le changement et la démocratie, la levée de l’état d’urgence, la libération des détenus des émeutes, l’ouverture des champs médiatique et politique, la justice sociale, etc.

Le CNCD, qui regroupe en son sein des partis politiques, des syndicats autonomes et des personnalités de divers domaines, a réitéré son appel à la marche, malgré l’annonce par le président de la République de mesures allant dans le sens de l’apaisement du front social et de la classe politique, notamment la levée «imminente» de l’état d’urgence.

Si des partis politiques et des associations, à l’image du RCD, du MDS, de SOS-Disparus, etc., n’ont jamais renoncé à l’idée de marcher dans la capitale ce 12 février, certaines formations politiques, organisations et associations se sont démarquées de cette démarche dès son annonce par ses initiateurs. Le Front des forces socialistes (FFS) a indiqué clairement qu’il ne participera pas à cette marche. Le SNAPAP, tout comme le PST, ont aussi annoncé qu’ils ne prendraient pas part à la marche d’aujourd’hui.

D’autres personnalités, syndicats et formations politiques, tout en annonçant qu’ils ne sont pas concernés par la marche du CNCD, ont tous affirmé qu’ils n’étaient pas contre l’initiative. Les partis de l’Alliance présidentielle, de leur côté, ont affiché leur opposition en procédant à la distribution de tracts et de T-shirts portant l’inscription «non à la violence».

Du côté des principaux syndicats autonomes, notamment l’UNPEF, le CNAPEST, le SAP, etc., les avis divergent. Mais dans leur majorité, ces syndicats ont affirmé qu’ils ne sont pas concernés par cette marche «qui ne constitue pas une priorité», mais ont néanmoins appelé les pouvoirs publics à une plus grande ouverture des canaux de dialogue.

A l’image des partis politiques, des organisations et autres associations, la population algérienne reste partagée entre ceux qui soutiennent l’initiative du CNCD et ceux qui s’y opposent. Néanmoins, tous les Algériens, de quelque bord qu’ils soient, espèrent que cette manifestation se déroule dans le calme et loin de toute violence.

La marche, telle que prévue par ses initiateurs, débutera à la place de la Concorde et prendra fin à la place des Martyrs. Le tracé initial comprendra la rue Hassiba Ben Bouali, passera par la place de la Liberté de la presse, la place Maurétania, le boulevard Amirouche, la place Sofia, ensuite le boulevard Zighoud Youcef, pour parvenir à la place des Martyrs où un rassemblement aura lieu.

Alger sous haute surveillance

La coordination nationale pour le changement démocratique (CNCD) est déterminée, à braver l’interdit, à battre le pavé aujourd’hui dans la capitale pour réclamer «le départ du système».

Dans une déclaration au «Quotidien d’Oran», le président de la Ligue algérienne des droits de l’Homme (LADDH), Mustapha Bouchachi a affirmé hier que la marche est maintenue et que «les Algériens feront tout pour que cette marche soit pacifique». «Les Algériens ont pris conscience qu’ils peuvent militer pacifiquement pour changer le système», nous dira le président de la LADDH qui souligne que le but de la marche est entre autres «la levée de l’état d’urgence effective et immédiate».

«Le monde change et les Algériens ont rasle- bol de ce système» ajoute Bouchachi pour qui la date du 12 février n’est que le début de la contestation populaire. Concernant le dispositif mis en place pour empêcher la marche d’aujourd’hui, le responsable de la LADDH soutient que ce dispositif démontre que le régime refuse que les citoyens s’expriment pacifiquement.

«Le dispositif aurait pu être déployé pour encadrer les marcheurs», poursuit Bouchachi qui dénonce «l’entêtement du régime et du système». Des milliers de policiers étaient déjà déployés hier à travers certains points de la capitale. Selon des sources sécuritaires quelque 20.000 policiers ont été réquisitionnés pour faire face à la manifestation à laquelle a appelé la CNCD.

Des dizaines de fourgons et des véhicules blindés de la police ont pris position, hier dès les premières heures de la matinée, dans plusieurs endroits et devant plusieurs institutions de l’Etat. C’est le cas notamment au marché Ali Mellah, à proximité du rondpoint de la place du 1er Mai d’où devrait démarrer la marche d’aujourd’hui.

Une file impressionnante de véhicules, de 4X4, de bus remplis de policiers sont garés tout au long de la rue qui donne directement sur la place du 1er Mai. Le même dispositif est visible à travers toute la capitale. Les accès, vers la présidence de la République et le ministère des Affaires étrangères sont complètement bouclés.

La police veille au grain et est sur le «qui-vive». Sur l’autoroute, tous les barrages sans exception, ont été renforcés. Les bus transportant des voyageurs sont systématiquement arrêtés pour vérifier l’identité des passagers.

Au barrage des «bananiers» sur l’autoroute, un policier en civil muni d’une caméra filme sans arrêt les automobilistes. En fait des policiers et des CNS ont été déployés dès hier à travers toute la capitale alors que des barrages filtrants procédaient dès la nuit de jeudi à une vérification stricte des véhicules suspectés transporter des manifestants.

Tout a été mis en place pour empêcher les manifestants de battre le pavé à travers les artères de la capitale. Une source sécuritaire nous a affirmé que le dispositif mis en place vise à faire face aux éventuels casseurs et voleurs qui profiteraient de cet événement pour s’adonner à des actes de pillage et de violence.

Reste à savoir maintenant si la CNCD parviendra à organiser sa marche malgré l’interdiction et surtout combien de personnes pourront se rendre à la place du 1er Mai et quelle sera la tournure que vont prendre les événements en ce 12 février ?

La coordination nationale pour le changement démocratique (CNCD) sera confrontée aujourd’hui à un véritable «test de vérité». Ce qui va se passer ce samedi sera déterminant dans la vie de cette coordination qui reste minée par des «tiraillements » pour cause de divergences profondes entre les animateurs du mouvement.