«Rendre son lustre à Alger. Faire d’elle une grande capitale du monde et du bassin méditerranéen. Une ville agréable à vivre et qui sera la fierté de ses habitants». Mohamed Kébir Addou, le wali d’Alger a présenté son «rêve» hier, lors d’une conférence de presse
clôturant sa tournée de visite et de travail menée depuis mardi dans 21 communes de la capitale (Alger en compte 57). Ce rêve, puisqu’ «il faut rêver pour développer» dit-il, le responsable de la wilaya d’Alger depuis huit ans, le dessine à travers les projets structurants et le bi- décennal plan stratégique de la capitale.
«Nous avons des plans structurants et de proximité dans toutes les communes de la wilaya», annonce-t-il fièrement. Même s’il tente de refroidir un peu son ardeur en annonçant que «beaucoup reste à faire», le wali développe son argumentaire et sa vision de la future Alger, avec un certain discours de contentement. «A ma nomination dans ce poste, la priorité était l’hygiène et la lutte contre l’informel», déclare-t-il. «Les premières éradications des marchés informels c’était à la Casbah et à Hammamet. A la Casbah, il ne faut pas oublier qu’on a dégagé 100 000 tonnes de gravats et de déchets.
En 2007, on a supprimé 6 000 containers qui encombraient la baie d’Alger». Sur les marchés informels justement, Mohammed Kébir Addou prône la concertation et le respect de certaines normes dans la construction des marchés de proximité et ceux couverts. Lors de sa tournée de mardi, à Dely Brahim, le wali a exigé que ces marchés soient dotés de bureaux pour les gestionnaires, de sanitaires pour les marchands et les clients, que la sécurité soit assurée dans et aux alentours. «J’ai refusé le site qu’on m’a proposé à Boumaati pour ériger un marché de proximité. J’attends que le siège de la police de proximité soit terminé d’abord. Et qu’on discute avec les jeunes de l’informel qui seront bénéficiaires. Il ne s’agit pas seulement de leur présenter des étals. Mais de voir quel genre de disposition les arrange», plaide-t-il. Il informera, lors de la conférence, que 26 marchés de proximité sont programmés en plus de ceux couverts. S’agissant des locaux achevés et non distribués, le wali annonce «dans les vingt prochains jours, tous les locaux réalisés dans la wilaya d’Alger seront distribués».
S’agissant de l’immobilier dans la capitale, le wali qui a donné le coup d’envoi pour la distribution de 4 000 logements LSP, s’est vu présenter, lors de sa visite de travail à Aïn Benian, le plan inscrit à la date de septembre 2012 de 144 595 logements. «Il ne s’agit plus de construire des logements simplement. Il faut désormais penser à construire des villes», tonne-t-il en insistant sur le respect des normes urbanistiques avec la mise en place des structures de base. Sur la lutte contre les bidonvilles et les constructions anarchiques, il notera la démolition de 12 000 constructions illicites entre 2005 et 2012. «Ce mois d’octobre, nous en avons éradiqué 110», déclare-t-il en insistant «que ceux qui construisent des baraques (après le dernier recensement de 2007) assumeront leurs responsabilités». La réhabilitation du vieux bâti reste toutefois un problème majeur pour la wilaya d’Alger. Ces immeubles qui datent de l’époque coloniale (ou avant) souffrent d’effritement devant l’incapacité des pouvoirs publics d’en prévenir les risques. Devant ce constat, le wali se défausse sur l’absence d’entreprises capables de mener des opérations de réhabilitation et de relogement des «habitants des terrasses». «Dans le plan stratégique il s’agira de la réhabilitation du centre historique de la capitale. On ira d’abord vers la libération des terrasses des indus occupants. Nous allons entamer un vaste programme de réhabilitation de plus de deux ans, mais nous souffrons du manque d’entreprises spécialisées», explique le wali. Il fera valoir l’expertise de l’ensemble des entreprises étrangères spécialisées dans le domaine, le diagnostic effectué de l’ensemble des immeubles de la capitale et les appels d’offres lancés pour la réhabilitation de plus de 12 000 logements dans l’«hypercentre» d’Alger (rue Didouche Mourad, Larbi Ben M’hidi, El Biar, Hussein Dey …) pour indiquer que la wilaya n’a pas tari d’efforts sur ce volet. «Il faudra aussi enterrer tous ces câbles qui gâchent la beauté des immeubles. Supprimer les antennes paraboliques…», lance-t-il. Après avoir inauguré les salles de «Ibn Khaldoun», «l’Afrique» et «Echabab ex-Casino» et pour «réhabiliter tout le patrimoine de la wilaya», le wali s’est enquis mardi d’un projet d’aménagement de la placette du Val d’Hydra, où un jet d’eau original est proposé et s’est fait présenter les réalisations en termes d’espaces verts dans la capitale. Ce qu’il faut retenir c’est le ratio du m2 de verdure par habitant qui est passé de 0,88 m2 en 2007 à 3,6 m2 en 2012 (ce qui reste loin de la norme internationale fixée à 10 m2 par habitant). Alger, compterait actuellement 1 376 espaces verts pour une superficie de plus de 10 km2 (la superficie d’Alger est de 809 km2). S’agissant de la vitrine d’Alger, la promenade des Sablettes, 4,5 km de long, sera livrée «avec les équipements de base à l’été 2013» annonce le wali. En plus de structures imposantes telles les facultés de médecine de Ben Aknoun, de droit de Saïd Hamdine, visitées par Mohammed Kébir Addou, le secteur des transports bénéficiera d’un maillage important pour relier les rocades Sud et Nord afin de libérer la circulation automobile. Sur ce volet, et sur fond propre de la wilaya, sept parkings à étages de grande capacité sont prévus.
Le plan stratégique d’Alger, dont le budget est estimé à 201 milliards de dinars, reste un rêve à réaliser. Toutefois, durant la visite de travail et d’inspection, on aura remarqué que dans toutes les infrastructures visitées (écoles, universités, parkings, établissements de santé, culturels…) il n’y avait pas une seule unité ou projet dédié à la production. Pas l’ombre d’un espace dédié à l’artisanat, à l’agriculture, à l’industrie ou même pour le secteur tertiaire. Alors, Alger sera belle pour ses visiteurs…
