Des bouchons interminables à Alger
Routes coupées, batisses effondrées, trémies inondées…c’est le bilan d’une nuit d’averses enregistrées dans les wilayas du Centre, dont Alger qui a été littéralement paralysée. Les leçons de Bab El Oued et de l’année dernière n’ont pas été retenues…
Un décor chaotique a marqué la matinée d’hier dans les rues de plusieurs villes du pays particulièrement celles de la capitale. Routes encombrées, circulation bloquée au point de devenir impossible, inondations, effondrements de bâtisses, glissement de terrain et mort d’hommes sont devenus une «tradition» dont le pays ne semble plus pouvoir se défaire. Les débuts d’hivers se suivent et se ressemblent en Algérie. Il suffit d’une goutte de pluie pour que l’apocalyptique s’installe dans le pays. C’est ce qui s’est passé dans plusieurs régions du pays qui étaient paralysées par les pluies qui se sont abattues durant la nuit de samedi à dimanche. Au réveil, comme à l’accoutumée, quand il pleut, les Algériens ont eu la désagréable surprise de voir leurs quartiers envahis par les eaux. D’autres n’ont pas fermé l’oeil de la nuit pour lutter contre le déchaînement de la nature et la négligence de l’homme. Dans le quartier de Bab El Oued par exemple, le spectre des inondations de 2001 s’est brusquement réveillé chez de nombreux citoyens qui ont fait les vigiles durant toute la nuit. Pis encore, certains citoyens n’ont pas, connu de leur vie ces négligences des pouvoirs publics, notamment des autorités locales. Ces citoyens ont été emportés par les torrents comme ce fut le cas d’une jeune adolescente d’El Magharia, morte noyée. La pluie a-t-elle eu une folie «meurtrière» en cette nuit du 28 octobre 2012?
Certainement pas! La pluie n’a jamais tué personne, comme d’ailleurs la nature, mais c’est la négligence de l’homme qui le fait! Ces inondations n’ont pas été provoquées par les précipitations qui devaient être absorbées par les avaloirs.
Mais comme la négligence a tendance à devenir une culture chez les responsables des collectivités locales, occupés à «collecter» reléguant le désengagement des avaloirs au second plan de leurs préoccupations! Pourtant, les services météorologiques ont bien mis en garde en annonçant ces intempéries depuis plusieurs jours et en diffusant un bulletin météo spécial. Encore une fois, les autorités n’ont pas pris leurs précautions.
Pris de court, elles ne débouchent ces avaloirs qu’après les dégâts, après que les routes soient inondées et la circulation bloquée. Préférant faire ressortir la «gestuelle» à laquelle les citoyens sont habitués, celle de voir les employés communaux presser le pas sous la pluie pour déboucher les collecteurs. Spécialistes et citoyens ne cessent de le répéter: «Ce travail aurait dû être fait bien avant l’arrivée des pluies!» Les mêmes dysfonctionnements sont mis au grand jour chaque année, mais les autorités continuent dans leur politique du bricolage. Et pourtant, ce ne sont pas les leçons de Dame nature qui manquent. Les inondations de Bab El Oued en 2001 sont le parfait exemple de ces leçons. Cette catastrophe a fait plus de 1000 morts.
Mais 11 ans après, aucun enseignement ne semble avoir été tiré de ce drame. L’évaluation de l’importance d’un bulletin météorologique n’a pas encore été saisie par les autorités. Tout comme le fait de nettoyer les voiries et entretenir les avaloirs! Autre leçon qui n’a pas été assimilée par les autorités est celle de l’hiver dernier.
Les intempéries qui avaient paralysé le pays durant tout l’hiver dernier avaient pourtant mis au grand jour la face cachée de l’iceberg. La population s’est retrouvée seule, isolée face à la furie de la nature à cause de l’imprudence de ses responsables. Une catastrophe semblable à celle de 2001 a été évitée de justesse. Dix mois après, rien ne semble avoir changé. Le nouveau gouvernement a pourtant mis en place un plan d’action pour le nettoyage du pays. Mais il semblerait bien que les responsables chargés de l’exécution de ce plan n’ont fait qu’un nettoyage de surface… Comment entamer une opération de nettoyage et laisser les ordures s’amasser là où on ne les voit pas, et dans ce cas ce sont les avaloirs? En tout cas, ces intempéries, qui ont quand même pris la vie à une personne, apparaissent comme une session de rattrapage. Les responsables algériens vont-ils saisir cette chance pour enfin tirer des leçons de leur erreur? Ou faudra-t-il s’attendre à un nouveau drame cet hiver, qui s’annonce des plus rudes? Wait and see…