Alger éternue et Rabat attrape la grippe. Il aura suffit d’un discours du président Bouteflika rappelant une position de principe de l’Algérie pour que le royaume marocain se lance dans une attaque en règle contre le régime algérien.
Ce mardi, l’agence marocaine MAP a réagi de façon virulente à l’appel du président Bouteflika, dans un discours lu en son nom lundi à Abuja par le ministre de la justice Tayeb Louh, à la mise en place d’un mécanisme international de suivi et de surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental. Elle soutient, comme souvent en pareille circonstance, que les Algériens cherchent à «occulter la situation interne précaire ».
«La sortie du président algérien trahit (…) la grande fébrilité d’un régime conscient de l’insoutenabilité de sa position anachronique sur la question du Sahara. Mais toute insoutenabilité est forcément moribonde face à la double réalité historique et sur le terrain », écrit MAP. Peu de temps auparavant, c’est le parti Istiqlal, proche du Makhzen, qui appelle le royaume à récupérer « les terres spoliés », selon lui, par l’Algérie. Un nouvel expansionnisme, en somme.
Ces attaques inattendues qui tranchent singulièrement avec un début de réchauffement des relations entre les deux capitales constatées à la faveur des échanges de visites ministérielles ces derniers mois n’ont pas laissé de marbre Alger. Lors d’une conférence de presse animée ce mardi avec la ministre des relations extérieures de Colombie, le chef de la diplomatie algérienne a qualifié «d’irresponsables » et «d’inadmissibles » les attaques menées contre l’Algérie de la part des Marocains.
«Ceci (discours de Bouteflika, ndlr) semble avoir suscité une réaction de la part de l’agence de presse officielle du royaume marocain (MAP). Je continuerai à m’en tenir à la retenue. Néanmoins, je dois dire que cet incident ainsi que les déclarations faites par un chef de parti politique marocain ouvertement et outrancièrement expansionnistes, sont absolument inadmissibles et irresponsables », a réagi Ramtane Lamamra avant d’exprimer son souhait que ces positions soient les dernières du genre.
«Le 8 octobre dernier, à l’occasion de la Journée de la diplomatie algérienne, j’avais appelé nos frères marocains à la retenue et j’avais indiqué que pour notre part nous allions observer cette retenue. Depuis lors, malheureusement, nous n’avons pas eu beaucoup de démonstrations de retenue. Nous espérons qu’une conclusion sera tirée et que ces deux positions inadmissibles et irresponsables seront les dernières du genre que nous entendrons», a-t-il souhaité.
Cet appel sera-t-il entendu ? Pas si sûr lorsqu’on sait que Rabat vit très mal la fermeté de l’Algérie à l’égard de la question Sahraouie. Tout comme son refus de rouvrir les frontières terrestres. Une situation qui met à mal l’entente entre les deux pays qui ont pourtant une longue histoire, une civilisation et une culture en partage.
Sofiane Tiksilt