Alger ne suit pas Ryad et marque ses « réserves » à l’égard de la condamnation de l’Iran par l’OCI

Alger ne suit pas Ryad et marque ses « réserves » à l’égard de la condamnation de l’Iran par l’OCI

De manière moins ouverte que le Liban qui a affiché une position de « neutralité », l’Algérie a exprimé formellement ses réserves à la condamnation de l’Iran, jeudi, par l’organisation de la coopération islamique (OCI).

Dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion extraordinaire à Djeddah tenue à la demande de l’Arabie saoudite, l’organisation panislamiques a condamné les attaques contre les missions diplomatiques du royaume d’Arabie saoudite à Téhéran et Machhad dans le nord-est de l’Iran.

Le communiqué de l’OCI, qui comprend 57 membres, dit « rejeter les déclarations incendiaires de l’Iran » sur les exécutions, et dénonce « une ingérence flagrante » de ce pays « dans les affaires intérieures » saoudiennes, « dans les affaires des Etats de la région » ainsi que « son soutien continu au terrorisme.

L’OCI « au service » de l’Arabie saoudite

Le représentant de l’Iran, pays membre de l’OCI, a rejeté cette déclaration. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Hossein Jaber Ansari, a critiqué vendredi l’Organisation de la coopération islamique (OCI) et a estimé qu’elle s’est mise « au service » de l’Arabie saoudite.

« La déclaration de la réunion de Jeddah a ignoré la réalité concernant l’incident contre l’ambassade de l’Arabie saoudite et les actions rapides de la République islamique pour assurer la sécurité et contrôler la situation. En évoquant des questions non liées à l’ordre du jour de la réunion, elle s’est mise de fait au service des objectifs d’un seul pays », a déclaré M. Ansari dont les propos ont été rapporté par l’agence de presse Irna.

Le Liban, où le clivage sectaire sunnite-chiite s’est accentué à la faveur de la guerre en Syrie, a indiqué, selon la formule du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, restait dans une position de « neutralité » dans les conflits de la région.

Une attitude dénoncée par les pro-saoudiens du camp de Rafik Hariri qui, à l’image de l’ancien Premier Ministre, Fouad Siniora, qui reproche au ministre de « commettre une erreur qui porte atteinte aux intérêts de l’État et aux Libanais, qui s’excluent de l’unanimité arabe et islamique ».

L’Algérie a également exprimé ses réserves et a tenu à ce qu’elles soient mentionnées dans le communique. Le texte, publié intégralement par certains sites arabes, comporte des « explications » de l’Algérie.

« Par attachement au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats, les mesures légales et juridiques prise par l’Arabie saoudite sœur relève de décisions souveraines et de ce fait, il ne revient pas à une réunion multilatérale de prendre position sur le sujet ».

 Plus proche de Téhéran que de Ryad
L’Algérie, pour rappel, ne fait pas partie la coalition de 34 pays musulmans lancée récemment par l’Arabie saoudite pour officiellement « combattre le terrorisme militairement et idéologiquement ».
Parmi les membres de cette coalition figurent notamment les pays voisins de l’Algérie comme la Tunisie, le Maroc, la Libye, le Mali, la Mauritanie et le Niger. Une « solitude » qui ne semble pas gêner l’Algérie. Les divergences entre l’Algérie et l’Arabie saoudite sont fortes même si elles ne donnent pas lieu à des déclarations publiques polémiques.

Sur le dossier syrien, l’Algérie a régulièrement exprimé ses réserves dans les prises de position de la Ligue arabe ou de l’OCI.

D’un autre côté, l’Algérie entretient de bonnes relations avec l’Iran avec lequel l’Arabie saoudite est engagé dans un bras de fer politique qui peut déraper.

Alger qui a constamment soutenu les iraniens dans le dossier du nucléaire a salué la conclusion d’un accord et la levée des sanctions. Une position diamétralement opposée à celle de Ryad qui a mal accepté l’accord sur le nucléaire et le retour de l’Iran sur la scène internationale.

Dans le domaine de la politique pétrolière, l’Algérie fait partie avec l’Iran et le Venezuela, des pays qui veulent que l’OPEP intervienne pour soutenir les prix. Sur ce dossier très sensible, l’Algérie est proche de l’Iran. La politique menée par l’Arabie Saoudite, pays dominant au sein de l’OPEP, entraine une chute drastique des prix du baril qui cause de graves soucis à l’Algérie.