Alger: La nuit des folles rumeurs

Alger:  La nuit des folles rumeurs

Alors que Béjaïa était, la journée durant, livrée aux saccages, Alger a vécu, dans la nuit de lundi à mardi, au rythme des folles rumeurs diffusées sur les réseaux sociaux ou colportées de quartier en quartier par le “téléphone arabe”. Dans ce quartier, c’est un rassemblement, dans un autre, c’est un début d’émeute et dans cet autre, c’est déjà l’affrontement… À en croire les rumeurs, le virus de l’émeute a été inoculé à la capitale.

Le lendemain, les Algérois auront ouvert les yeux sur une ville qui sort de sa torpeur habituelle. Point de débris de barricades, ni traces de saccage. Alger n’a pas adhéré au mot d’ordre de grève générale lancé de manière anonyme sur les réseaux sociaux. La nuit a été calme. Hier, la sérénité a prévalu partout. Au marché des Trois-Horloges à Bab El-Oued, les exploitants d’étals étaient aux petits soins avec leur clientèle. Donc, rien n’a altéré l’ambiance conviviale de ce quartier, pas du tout rebelle, cette fois-ci.

“Au contraire, les étals étaient richement garnis et les échoppes étaient ouvertes comme d’habitude. D’ailleurs, chacun vaquait à ses occupations en toute quiétude”, nous a confié une dame habitant à Aïn Naâdja et qui, hier, s’est déplacée jusqu’à la station de métro Mer et Soleil (Hussein-Dey) pour rallier ensuite Tafourah-La Grande-Poste et continuer sur Bab El-Oued. Et durant tout le trajet, rien ne présageait d’un probable foyer de tension, si ce n’est qu’une folle rumeur qui persistait au centre-ville.

Du reste, il y avait du monde aux terrasses des cafés de la Grande-Poste par cette journée ensoleillée, alors que la veille, la rumeur présageait du pire, notamment à la rue Hassiba-Ben Bouali. Joint au téléphone hier, le P/APC de Sidi M’hamed s’est voulu rassurant et affirme qu’il ne s’est rien passé, ni à la place du 1er-Mai ni au niveau des Groupes (HLM) : “J’ai fait une virée dans la nuit de lundi à mardi à la rue Hassiba-Ben Bouali et je n’ai rien décelé d’anormal, si ce ne sont des adolescents qui tentaient d’allumer un pneu pour attirer l’attention de la foule. Peine perdue, puisqu’ils n’ont pas réussi, étant donné que les jeunes du quartier préféraient poursuivre leurs jeux de dominos ou de belote à la lumière des réverbères.”

Autant de témoignages qui démentent les images et vidéos diffusées sur les réseaux sociaux et montrent de fictifs heurts violents dans les artères d’Alger. La vice-présidente de la commune d’Aïn Taya a également démenti les rumeurs sur les troubles qu’aurait connus la localité. Tout était calme que ce soit à Aïn Taya, à Bordj El-Bahri ou à Rouiba, où tous les commerces étaient ouverts, à l’instar des restaurants qui affichaient salle comble.