Sous une chaleur accablante et sous l’œil vigilant des services de sécurité, des dizaines d’étudiants en blouse blanche ont observé hier un sit-in devant la faculté de médecine Maherzi d’Alger (ex-Laperrine) pour exiger une solution claire et nette à leur problème.
Les étudiants de la capitale ont ainsi emboîté le pas à leurs camarades des universités d’Oran, de Constantine et de Tizi Ouzou qui se sont mobilisés, la semaine dernière, pour exprimer leur crainte d’une année blanche.Il était 11h, lorsque les étudiants, qui tenaient depuis le début de la matinée une assemblée générale dans une salle de conférences, sont sortis pour occuper la rue.
Initialement, ils avaient décidé de tenir un rassemblement à l’intérieur de l’enceinte universitaire, mais à la dernière minute, ils ont opté pour une démonstration extra-muros afin de rendre visible leur mécontentement. Assis à même le sol, les manifestants d’une seule voix scandaient : « Honte à un pouvoir qui laisse pourrir la situation, nous sommes ici pour être écoutés. » Ces slogans sont suivis de sifflements et d’applaudissements. Les étudiants se relèvent ensuite en brandissant des banderoles où l’on pouvait lire leurs revendications : « Débloquez la situation », « Nous sommes solidaires avec nos enseignants », « Les blouses blanches contre l’année blanche ».
La manifestation a été interrompue plusieurs fois par l’intervention de policiers qui tentaient à tout prix de disperser la foule. Il faut dire que les services de police n’ont pas lésiné sur les moyens. Un important dispositif a été dépêché sur les lieux pour contenir les manifestants et tenter de les dissuader d’entrer à l’intérieur de la faculté. Mais c’était sans compter sur la détermination des animateurs du mouvement de contestation qui sont arrivés à leur fin. Ils ont pu tenir leur protesta dans la rue, et ce, pendant une heure de temps. Ils étaient imperturbables. L’enjeu en valait la peine. Ils espèrent, à travers cette première manifestation, faire pression sur les pouvoirs publics, pour qu’ils répondent favorablement aux doléances de leurs professeurs et pouvoir ainsi passer leurs examens de fin d’année.
Les étudiants solidaires avec leurs enseignants
Pour Ali, étudiant en troisième année de pharmacie, le problème est très simple et l’équation n’est pas compliquée. « Pourquoi ils ne prennent pas en charge le problème des professeurs ? », s’interroge-t-il, convaincu qu’« une fois leur revendication satisfaite, la nôtre le sera également ». Plus sec dans ses propos, Mehdi ne cherche pas à comprendre qui a raison ou qui a tort : « Nous avons déjà accusé un grand retard en matière d’examination. Nous ne voulons pas être pris en otages dans ce bras de fer qui oppose les enseignants aux ministres de tutelle. » Selon lui, « les parties concernées par ce conflit doivent arriver à un consensus ». Il explique qu’« en médecine, les étudiants suivent un système modulaire et par conséquent l’accumulation des examens aura des conséquences sérieuses sur leur cursus universitaire ». Ceux des 5e et 6e années sont apparemment les plus touchés par le mouvement de grève des hospitalo-universitaires qui dure depuis plusieurs semaines.
C’est pour cette raison que les étudiants de ces promotions ne décolèrent pas. « Nous assistons impuissants à ce conflit, dont nous sommes les premières victimes », disent-ils. « Je ne comprends pas pourquoi les enseignants et les hauts responsables de ce pays ne se mettent pas autour d’une table pour régler leurs différends », tempête un étudiant qui pense que la situation devient de plus en plus insupportable parce « le problème persiste depuis des mois ». Les protestataires récusent totalement l’idée d’une année blanche, mais pas seulement : ils réfutent le recours à des évaluations de masse qui sanctionneraient plus les étudiants.
Dix facultés de médecine sont bloquées. Les professeurs, docents et maîtres assistants ont choisi l’option de grève pour faire pression sur le Premier ministre qui, selon eux, est à l’origine du blocage de leur rétribution décidée pourtant en commun accord par les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur. Cette montée au créneau des étudiants n’est autre qu’un cri de détresse. Tout en souhaitant un dénouement rapide à ce conflit, leurs représentants menacent de recourir à d’autres actions de contestation à l’avenir, au cas où leurs doléances ne sont pas satisfaites. « Notre mouvement va se développer et s’amplifier si les pouvoirs publics ne sortent pas de leur mutisme », a affirmé un étudiant. Les syndicats des professeurs, docents, et maîtres assistants ne comptent pas baisser les bras. « Nous ne renoncerons par à notre mouvement de grève, c’est au pouvoir de trouver une solution qui est pourtant simple et à la portée de la main… », a soutenu le responsable du syndicat des hospitalo-universitaires, le professeur Djidjeli.