Alger insiste pour un dialogue avec les Maliens qui se démarquent du terrorisme La position fluctuante des Etats-Unis sur le Mali conforte Paris

Alger insiste pour un dialogue avec les Maliens qui se démarquent du terrorisme La position fluctuante des Etats-Unis sur le Mali conforte Paris

L’Algérie continue de défendre son approche pour résoudre la crise de son voisin, le Mali. Lundi dernier, Abdelkader Messahel, le ministre délégué aux Affaires maghrébines et africaines, qui était en tournée au Sahel, n’a pas manqué de rappeler encore une fois que le dialogue est envisageable avec ceux qui prennent leur distance avec le crime organisé.

S’exprimant à l’issue d’un entretien avec Modibo Diarra, Premier ministre du Mali, M. Messahel a dit «le dialogue est possible avec les enfants du Mali qui se démarquent définitivement du crime organisé, du terrorisme, et qui se démarquent aussi des tentations sécessionnistes» avant d’ajouter «il n’y a pas de négociation possible avec des terroristes.



Lorsqu’on a identifié la menace, notre devoir en tant que pays voisin, c’est d’éradiquer par tous les moyens cette menace, y compris par la force. Cette position de l’Algérie n’est pas nouvelle.»

La proposition d’une solution politique, négociée, défendue par l’Algérie notamment lors du sommet sur la crise malienne et le Sahel qui s’est tenu en marge de la 67e AG de l’ONU, semblait obtenir l’approbation de nombreuses puissances mondiales à l’exception de la France qui tient à une intervention militaire rapide au nord Mali.

Mais depuis le sommet de l’ONU, qui s’est tenu il y a moins d’une quinzaine de jours, le vent semble avoir tourné en faveur de Paris. Et cela à cause de la position confuse des Etats-Unis.

En effet, les responsables américains se déclarent par la voix de certains responsables pour une large concertation régionale sur la crise malienne affirmant n’avoir nullement l’intention de déployer leurs troupes sur le terrain et ils annoncent, par la voix d’autres responsables, être prêts à soutenir la France si elle décide d’intervenir militairement. Autrement dit, les Etats-Unis ont un double discours.

Ils affirment que les visites de leurs hauts responsables à Alger n’ont pour but que de «montrer le soutien des Etats-Unis à un pays partenaire important dans la région, de discuter des domaines potentiels de coopération mutuelle et de solliciter des points de vue régionaux sur la situation au Mali». Les déclarations du chef de l’Africom, le général Carter Ham, qui a affirmé que la solution à la crise malienne n’était pas uniquement militaire, ne semblent pas avoir de poids.

Ce responsable a été contredit par un autre haut responsable américain, M. Johnnie Carson, qui a affirmé que Washington est prête à soutenir une force armée, africaine «bien préparée ». Il y a aussi les déclarations faites hier par le secrétaire d’Etat adjoint, américain, chargé de l’Europe, Philip Gordon qui a affirmé que les Etats-Unis apporteront leur soutien à Paris pour une intervention. «Dans toutes les réunions, la France souligne l’importance du Sahel.

A chaque fois, nous nous engageons à travailler avec elle», a déclaré, hier, le responsable américain. «Nous soutenons la France et si elle décide qu’il est nécessaire d’intervenir militairement, elle peut compter sur le soutien des Etats-Unis», a-t-il indiqué ajoutant «l’attaque de Benghazi a rappelé que le terrorisme existe en Afrique du Nord et qu’il y a des liens avec l’instabilité au Maghreb et dans le Sahel».

L’Algérie, ce «partenaire important» des Etats-Unis est un pays de l’Afrique du Nord et du Maghreb. Si les Etats-Unis ont l’intention d’accompagner la France dans sa croisière d’éradication du terrorisme au Sahel et sur le sol malien, pourquoi pas alors ne le feront-ils pas également sur le sol algérien, violant ainsi le principe d’appropriation et de l’intégrité des pays africains ?

En réalité, Paris qui n’a pas trouvé de terrain d’entente avec Alger après la visite, mercredi dernier d’Abdelkader Messahel en France pour discuter de la crise malienne, se cache derrière la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour contourner le principe de l’ingérence. Paris insiste pour que l’opération menée au Mali soit conduite par la Cédéao malgré le fait que cette Communauté n’a ni les moyens ni l’expérience requise pour agir efficacement contre les groupes terroristes.

Même le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui avait mis en garde, lors du sommet sur le Mali et le Sahel, contre une intervention militaire au Mali qui, selon lui, «pourrait avoir de graves conséquences humanitaires», a déclaré hier, à l’issue d’un entretien à Paris avec le président français, partager «les préoccupations de la France» quant à la situation de ses ressortissants.

A Bamako et selon l’AFP, on affirme dans les milieux officiels maliens, avoir fait comprendre à Alger l’espoir de voir l’Algérie prendre sur le terrain la direction de la lutte contre le terrorisme. C’est là une manière de mettre la pression à Alger afin qu’elle accepte de violer son principe de non-ingérence alors que les responsables algériens tentent de trouver une solution à la crise malienne dans le cadre du droit et de la légalité régionale et internationale.

L’Algérie estime que les pays du champ sont à juste titre partie prenante à tout effort de recherche de sortie de crise et ont la responsabilité d’accompagner le Mali, en fédérant leurs efforts et en agissant ensemble, notamment par le recours à la facilitation et au dialogue, pour favoriser une solution négociée et durable à la crise malienne.

L’Union africaine demeure pour l’Algérie, l’autorité politique de référence pour la gestion du dossier malien, aux plans sous-régional, continental ou international et les Nations unies ont un rôle d’appui aux solutions décidées aux plans sous-régional et continental.

H. Y.