Alger et Tunis veulent booster leurs relations économiques, l’UMA viendra bien après

Alger et Tunis veulent booster leurs relations économiques, l’UMA viendra bien après

Alger et Tunis devront signer lundi à l’issue des travaux de la 18é haute commission mixte plusieurs accords et protocoles de coopération, notamment dans le domaine économique, énergétique, et de la circulation des personnes. Pour autant, les cinq pays du Maghreb multiplient les accords bilatéraux, à défaut d’accords multilatéraux dans le cadre d’une UMA décidément en panne.

Les Premiers ministre algérien et tunisien Ahmed Ouyahia et Mohamed Ghannouchi doivent entamer dimanche les travaux de la 18ème session de la grande commission mixte de coopération.

Au menu de cette rencontre de deux jours, précédée samedi par une réunion des experts, la coopération économique, énergétique, la circulation des personnes, et, bien sûr, des discussions politiques sur ‘’les questions d’intérêt commun’’. Un communiqué du ministère des affaires étrangères algérien indique que ‘’cette session permettra aux deux parties de procéder à l’évaluation de l’état de la coopération bilatérale à la lumière des décisions et recommandations qui ont été arrêtées au cours des sessions précédentes’’.

Elle permettra également aux délégations des deux pays d’identifier ‘’de nouveaux créneaux de coopération susceptibles d’élargir et de renforcer la coopération bilatérale entre l’Algérie et la Tunisie.’’ Au menu de cette session, il sera notamment question de l’examen des questions relatives au statut de résidence, à la circulation des personnes ainsi qu’à la réactualisation des précédents protocoles d’accord sur la question. Un accord sur le statut de résidence et la circulation des personnes sera signé lors de cette session, selon des sources tunisiennes.

Energie et commerce au menu

Sur le volet économique, les deux délégations devraient entériner et explorer de nouveaux accords commerciaux, un assouplissement des tarifs douaniers, développer la coopération dans les TIC, les transports et les secteurs agricoles et industriels.

Les discussions porteront par ailleurs sur la mise en œuvre des différents accords signés et sur les possibilités de coopération en matière d’investissement privé en consolidant le partenariat économique et commercial. Mais, ce sera l’énergie qui devra se tailler ‘’la part du lion’’ dans les discussions entre responsables algériens et tunisiens. Il sera notamment question de l’augmentation des volumes de gaz exportés vers la Tunisie. Selon les accords signés en matière de coopération énergétique, l’interconnexion électrique entre l’Algérie et la Tunisie devra passer de 220 KW actuellement à 440 KW entre 2010 et 2011

. En outre, un accord signé entre le groupe Sonatrach et l’Entreprise Tunisienne des Activités Pétrolières (ETAP) permet l’augmentation de la part de la Tunisie en gaz de 6 à 7 milliards de mètres cubes en échange du passage du gazoduc Transmed par le territoire tunisien. Le même protocole stipule l’augmentation de la quantité de Gaz GPL exporté vers la Tunisie qui passera de 150.000 à 300.000 tonnes par an. Une équipe de travail conjointe sera constituée pour examiner le développement du stockage de GPL en Tunisie pour sa commercialisation sur le marché local, et d’en exporter une partie.

Tourisme, le ‘’nerf de la guerre’’

Mais, la circulation des personnes entre les deux pays, avec à la clé une explosion du tourisme ‘’domestique’’ sera par ailleurs au ‘’cœur’’ des discussions entre les deux Premiers ministres. Bien sûr, le volet de la circulation de ‘’groupes terroristes’’ entre les deux frontières sera également mis sur la table. Mais, le gros sera capté par la hausse phénoménale du flux de voyageurs algériens vers la Tunisie. Rien que pour le mois de juillet 2010, les recettes touristiques de la Tunisie provenant du tourisme algérien sont estimées à 42 millions d’euros et auraient dépassé à fin août 2010 les 100 millions d’euros, selon des sources officielles algériennes. A ce rythme, le tourisme est en train de prendre une part importante dans le volume global des échanges commerciaux entre les deux pays, évalués par la commission mixte algéro-tunisienne de suivi à près de 1,2 milliards de dollars en 2010.

Et l’UMA ?

Pour autant, les accords multilatéraux, signés dans le cadre de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) sont systématiquement doublés par les accords bilatéraux signés dans le cadre de commissions mixtes mises en place entre les cinq pays maghrébins.

Cela donne par un simple calcul arithmétique 16 commissions mixtes de coopération bilatérale (Algérie-Maroc, Algérie-Tunisie, etc…..). Une prouesse politique bien insolite pour les pays de la région dont le volume global des échanges intra-maghrébin est moins de 3%. Pourtant, rien qu’avec la France, les échanges commerciaux des pays maghrébins avaient culminé à presque 23 milliards d’euros en 2009 !