Alger et Bamako sur la même longueur d’onde

Alger et Bamako sur la même longueur d’onde

«Le Mali n’acceptera en aucune manière qu’une force militaire étrangère s’installe sur son territoire, même si son objectif s’inscrit dans le cadre de la lutte antiterroriste», a déclaré le président malien.

L’axe Alger-Bamako se porte-il vraiment bien? Pour le président malien, la réponse ne peut être qu’affirmative. Mieux encore, les relations entre le l’Algérie et le Mali se sont «considérablement renforcées», analyse le président Amadou Toumani Touré qui a chevé jeudi dernier sa visite officielle de quatre jours en Algérie. Cette visite a été marquée par la signature d’une feuille de route portant sur la coopération bilatérale et l’échange de points de vue sur la situation régionale et internationale.

Comme l’aspect sécuritaire prime, le chef d’Etat malien avait largement abordé avec son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika, la situation au Sahel. Les deux dirigeants ont eu l’occasion d’approfondir leurs analyses sur cette question. Les concertations entre les deux pays ont été axées, notamment, sur les derniers développements sécuritaires de cette région lourdement aggravée par la prolifération des armes libyennes qui tombent entre les mains des groupes armés. ATT a confirmé, dans une interview à la télévision nationale, que le Sahel était «une région faible avec des menaces multiples et beaucoup de difficultés, mais aujourd’hui, il y a une nouvelle donne. On parle beaucoup plus de la présence de groupes organisés et lourdement armés à la suite des derniers événements survenus en Libye». Il a réitéré la volonté des deux pays qui sont déterminés, insiste-il, à lutter contre «le terrorisme et ses connexions». C’est ainsi qu’il a appelé à conjuguer tous les efforts à même de stabiliser cette région confrontée à diverses menaces transfrontalières comme le trafic d’armes et de drogue et une présence de «plus en plus accrue» de terroristes due à la crise en Libye. Par la même occasion, le président malien a exprimé l’opposition de son pays à l’intervention étrangère dans la région. «Le Mali n’acceptera en aucune manière qu’une force militaire étrangère s’installe sur son territoire, même si son objectif s’inscrit dans le cadre de la lutte antiterroriste», a-t-il tranché. Et de réitérer que les pays du champ, (l’Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie), sont déterminés et «entièrement disposés» à combattre ensemble ce phénomène. Quant à la coopération dans d’autres domaines, ATT s’est félicité de la qualité des relations bilatérales et du volume des échanges entre les deux pays.

L’Algérie est déterminée à «accompagner le Mali dans son développement, particulièrement dans les régions Nord».

Alger et Bamako s’engagent à renforcer cette coopération dans les secteurs de l’énergie et des mines, l’industrie, les collectivités locales, les ressources en eau, les travaux publics, la santé et la sécurité sociale. Le président malien avait entamé sa visite en se rendant à la Société nationale des véhicules industriels (Snvi) à Rouiba, Alger. Cette visite n’est pas fortuite. La Snvi livrera la semaine prochaine à Bamako sa commande de camions militaires.

L’hôte de l’Algérie a manifesté son souhait de formuler une nouvelle commande de véhicules utilitaires. «Au-delà de la commande des camions militaires qui seront livrés la semaine prochaine à Bamako, la coopération va s’élargir à des véhicules utilitaires destinés aux collectivités, villes et autres secteurs d’assainissement», a t-il précisé. Le montant global des produits achetés par le Mali est estimé à 2 millions d’euros contre 1,7 million d’euros l’an dernier. Quant à la coopération énergétique, le Mali pense sappuyer sur l’expérience de l’Algérie pour explorer les richesses naturelles dans le Sahara malien.

Alger a donné son accord pour accompagner Bamako, par son expertise, afin de commencer les premiers forages pour une prospection de puits de pétrole dans ce pays. Le problème d’alimentation en gaz reste toujours posé au Mali.

C’est ce qui a poussé Amadou Toumani Touré à manifester sont souhait de voir les deux pays dégager des voies de coopération susceptibles de trouver une issue à cette problématique. Dans le domaine des infrastructures, il a reconnu que l’Algérie «a beaucoup aidé le Mali», citant notamment le projet de la route Tamanrasset-Gao. Il convient de noter qu’au troisième jour de sa visite, le président malien s’était rendu à Tlemcen, où il avait visité plusieurs sites historiques et culturels.

Dans un communiqué commun sanctionnant cette visite, les Présidents Bouteflika et Touré avaient réitéré leur volonté d’oeuvrer au «renforcement» et à la «diversification» des relations bilatérales. Ils avaient, en ce sens, exprimé leur volonté de renforcer et de diversifier ces relations «afin qu’elles répondent aux potentialités des deux parties et s’inscrivent dans le cadre de leurs objectifs de développement, qui intègrent la dimension du voisinage et l’impératif de solidarité entre les deux pays voisins». Au sujet de la crise libyenne, les deux chefs d’Etat avaient par ailleurs appelé à un règlement «rapide» de la crise en Libye, «conformément aux aspirations» du peuple libyen.

Ils avaient exprimé leur «disponibilité à coopérer avec les nouvelles autorités libyennes, dans l’intérêt mutuel de leurs peuples et comme contribution au renforcement de la paix, de la sécurité et de la stabilité de toute la région». Au sujet de la question du Sahara occidental, les deux dirigeants avaient réitéré leur «engagement» à soutenir la mise en oeuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies qui soulignent, toutes, la «nécessité de parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental».