Les Algériens sont de plus en plus handicapés par les prix de l’immobilier
Les prix des maisons à Alger sont pratiquement égaux à ceux des villas à Cannes, Los Angeles, Milan, Londres, Washington…
La pierre, tout le monde le dit, c’est une valeur sûre. L »immobilier, ça ne peut pas baisser, c’est du 100% sûr. En Algérie c’est bien plus que cela…En effet, les prix de l’immobilier ont atteint des records à même de rivaliser avec les plus grandes capitales du monde.
Les Algériens sont donc de plus en plus handicapés par les prix de l’immobilier qui atteignent des sommes astronomiques. Le phénomène est particulièrement frappant s’agissant des prix au mètre carré, ce qui rend illusoire pour la plupart, l’accession à la propriété.
Désormais, pour devenir «proprio» d’un appartement de banlieue, on ne négocie pas à moins d’un milliard de centimes, voire deux, alors que ces appartements ont été vendus lors de leur construction, pas plus de 150 millions de centimes! Pour acheter une villa, c’est une autre paire de manches. «10-15-20-40-50 milliards de centimes» sont les prix que l’on peut rencontrer dans les agences immobilières. Dix milliards de dinars en taux de change officiel cela fait presque un million d’euros. Pour ce prix-là vous pouvez vous acheter une villa à Cannes, Los Angeles, Milan, Londres, Washington…Par exemple, la chanteuse Katy Perry et son époux Russell Brand, on mis en vente leur villa de Los Angeles pour la somme de 3.395 millions de dollars. Il s’agit d’une villa de style méditerranéen des années 1920, de 1500 mètres carrés, composée de quatre chambres, quatre salles de bains, une piscine, etc. Ce qui est l’équivalent de 40 milliards de centimes. Même pas le prix d’une villa à Poirson ou dans un autre quartier chic des hauteurs d’Alger…Vous vous imaginez donc un peu l’ampleur que prend la spéculation dans l’immobilier. Connaissez-vous beaucoup de choses qui ont vu leur valeur tripler ou même quadrupler en 10 ans à peine? Non? Ah si! Monsieur l’immobilier…Un bon agent immobilier vous le dira tout de suite, achetez maintenant et vous allez gagner le double en un an à peine! Qui dit mieux? «Tout achat garantit à l’acquéreur un rendement de plus de 40%», nous assure un agent immobilier. Aucune banque n’offre de tels rendements. Dans un pays où il n y a presque pas d’économie, où les citoyens ne font pas confiance aux banques et où il n’y a pas de système boursier pour investir, l’Algérien préfère placer son argent dans la pierre. Mais le nombre de logements reste très insuffisant par rapport à la demande.
Les spéculateurs ont donc profité de ces fluctuations brutales pour dicter leur loi. Pis, l’immobilier est devenu un moyen de blanchir de l’argent…Associez tous ces éléments à la dévalorisation du notre «chère» monnaie qu’est le dinar, vous obtiendrez tous les éléments pour la propagation d’une bulle immobilière. Mais qu’est-ce qu’une bulle immobilière? Une bulle immobilière est une bulle spéculative qui apparaît à l’échelle locale d’une région, voire de l’ensemble du territoire, d’un marché immobilier. Elle est caractérisée par une hausse rapide de la valeur des biens immobiliers. Très intimement liée à des aspects spéculatifs et psychologiques, l’augmentation des prix des biens immobiliers évolue sans rapport avec de nombreux fondamentaux économiques comme les salaires ou le rendement locatif. Ça vous dit quelque chose, non? Effectivement, la définition de la bulle immobilière correspond totalement à la réalité du marché algérien. La plus belle bulle immobilière du monde est sans conteste la bulle algérienne. Elle est belle et énorme, et ne risque nullement de se «dégonfler». Pourquoi? Eh bien, parce que contrairement aux autres bulles immobilières du monde, la bulle algérienne n’obéit à aucune logique. Un krach immobilier est inimaginable vu que la majorité des propriétaires ont payé leurs logements à 100%. Il n’y a donc pas d’emprunt, et donc aucun risque pour que le montant du capital restant dû de l’emprunt bancaire contracté soit supérieur à la valeur du bien immobilier, ce qui est la condition sine qua non pour le dégonflement de cette bulle. Cette amère réalité a fait que le droit au logement est devenu un rêve inaccessible pour la majorité des Algériens. «Travailler toute sa vie et ne pas avoir un toit», résume malheureusement l’infortune de beaucoup d’Algériens. Cela malgré le fait que le ministre de l’Habitat affirme que «le parc national du logement compte 7,4 millions d’unités». Par un simple calcul on déduit qu’avec le nombre moyen des personnes par ménage en Algérie établi par l’ONS (Office national des statistiques) qui est de 6 environ, il apparaît que nous ne sommes plus loin de l’équilibre entre l’offre et la demande en matière de logements en Algérie. Il y a quelque chose qui cloche là, non? En réalité, le calcul est plus complexe qu’une simple multiplication. Plusieurs paramètres entrent en jeu. La nature de ces logements (résidences secondaires, logements de fonction, d’astreinte, etc.), leur état aussi et particulièrement le vieux bâti dont on retrouve le chiffre dans les propos du ministre qui précise que sur ces «7,4 millions d’unités, 5,4 millions ont été réalisés de 1962 à ce jour».
Ce qui revient à dire qu’à l’Indépendance, le parc était de 2 millions d’unités. Autant de vieux bâti aujourd’hui. Des chiffres pleins d’enseignements. Ajoutez à cela les 2,4 millions de logements du programme quinquennal actuel (2010-2014) qui ne sont pas inclus. Comme ne sont pas inclus les 800.000 logements du précédent quinquennal qui sont en voie d’achèvement. Au total, nous devrions en 2014, atteindre les 10 millions 600.000 logements. Néanmoins comme l’Algérie est le pays de tous les paradoxes, plus on construit, plus les prix augmentent. Les prix ne font que monter dans l’immobilier, à tel point que les acheteurs potentiels rencontrent de plus en plus de difficultés à acquérir ou louer un appartement à travers tout le pays. Comparativement au salaire moyen, le prix de l’immobilier à Alger est l’un des plus chers au monde si ce n’est le plus cher.
Le prix minimum de location est égal ou supérieur au Snmg algérien qui est de 15.000 dinars et qui va être porté à 18.000 dans un mois. Alors que le pays dort sur 155 milliards de réserves de change, ses habitants peinent à joindre les deux bouts. A combien s’élève le revenu librement disponible des ménages, une fois les charges liées au logement, à la fiscalité, aux transports et aux assurances, déduites? Rien, puisque les salaires ne suffisent même pas à payer le loyer! Le citoyen reste donc, malgré lui, dépendant de l’Etat pour pouvoir se loger. Jusqu’à quand les autorités vont-elles laisser le marché livré aux spéculateurs? En attendant d’avoir un toit, il reste la foi…