Alger-Dubaï : un juteux « business » embarque des étudiantes dans un trafic troublant

Alger-Dubaï : un juteux « business » embarque des étudiantes dans un trafic troublant
Trafic de devises à l’aéroport d’Alger

L’envers du décor des voyages fréquents et du business apparent se révèle parfois dans la lumière crue des prétoires. Ce lundi, la salle d’audience d’un tribunal algérien a été le théâtre de l’exposition d’un système sophistiqué d’exportation illicite de capitaux.

Au cœur de l’affaire, un homme au profil connu des services de police, présenté comme le chef d’un réseau, et deux jeunes femmes, embarquées dans une spirale qui les a conduites du rêve de gains faciles à la réalité amère de poursuites judiciaires.

L’histoire commence avec la découverte de 30 000 euros, dans la soute à main d’un avion reliant Alger à Dubaï, et trouve son épilogue devant un juge, révélant les mécanismes d’une fraude qui sape les fondements de l’économie nationale.

Le réseau qui saignait les devises entre Alger et Dubaï : la méthode « avion » dévoilée par la justice

L’affaire, instruite sous le sceau des délits de non-respect de la législation sur les changes, de blanchiment d’argent et d’usage de documents bancaires falsifiés, trouve son origine dans l’activité fébrile d’un homme identifié comme M. Moussa. Les investigations ont mis en lumière un mode opératoire bien rodé. Le suspect, dont la fréquence des voyages vers Dubaï (22 déplacements enregistrés en seulement deux mois) avait fini par attirer l’attention, constituait un réseau criminel en recrutant principalement de jeunes femmes, souvent des étudiantes ou des personnes en quête d’emploi.

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Il leur proposait des offres alléchantes pour pratiquer le commerce informel de devises. Le procédé était simple en apparence ! Il leur remettait des sommes importantes en euros, soigneusement dissimulées dans leurs effets personnels, parfois même dans leurs sous-vêtements. Leur mission était de franchir les contrôles de l’aéroport international Houari Boumediene et de lui restituer les fonds à bord de l’avion, lors de vols communs prévus vers la destination émiratie.

« Cachez l’argent dans vos sous-vêtements » : le témoignage d’une étudiante piégée

Le scénario s’est précisé le jour des faits pour la première prévenue, une étudiante de 25 ans originaire de Skikda. Celle-ci a raconté aux juges comment, après avoir été approchée par son amie, la seconde prévenue, et présentée à M. Moussa, elle avait accepté de travailler avec eux.

Dans un appartement situé près de la Poste centrale d’Alger, l’homme lui aurait remis la coquette somme de 30 000 euros, dissimulée dans une enveloppe enveloppée de ruban adhésif, ainsi qu’un document bancaire à son nom.

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« Le suspect m’a demandé de bien cacher l’argent dans mes sous-vêtements », a-t-elle témoigné, visiblement troublée. C’est au moment du contrôle que l’étau s’est resserré. Une agente de police, lors de la fouille, a découvert le magot.

Affolée, la jeune femme a immédiatement contacté par téléphone M. Moussa pour lui demander de l’aide. La réponse aurait été sans appel ! Il ne pouvait pas intervenir car le document bancaire était un faux. Une révélation qui a précipité sa chute et conduit à la saisie de l’argent et du reçu falsifié.

Face au juge, le déni total du suspect face à l’évidence

Face à la justice, les versions des prévenus ont divergé, dessinant un tableau de défense où chacun tente de minimiser son rôle. La jeune étudiante a plaidé sa méconnaissance de la falsification du document, arguant de son inexpérience en matière bancaire. « Je n’ai jamais eu de compte bancaire de ma vie. J’ai seulement voyagé deux fois avec lui », a-t-elle tenté de justifier, cherchant à convaincre la cour de sa bonne foi.

Son amie, la seconde prévenue, a adopté une ligne de défense plus radicale en niant toute implication. Se présentant comme une commerçante en produits cosmétiques, elle a affirmé n’avoir eu avec M. Moussa que des relations cordiales de connaissance, rencontré en vol. Elle a reconnu avoir mis en contact ses amies avec l’homme, mais uniquement de façon « normale », sans aucune proposition de travail illicite. Concernant sa présence à l’aéroport le jour des faits, elle a expliqué s’y être rendue après un appel de sa copine pour une « urgence », sans plus de précisions.

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Quant au principal mis en cause, M. Moussa, il a catégoriquement nié les faits qui lui sont reprochés. Il a reconnu connaître la première prévenue, mais uniquement pour l’avoir orientée vers des magasins à Dubaï, et avoir salué la seconde à bord d’un avion. Il a réfuté toute remise d’argent et toute connaissance du reçu bancaire contrefait, se plaçant en simple relation d’affaires étrangères à toute activité criminelle.

Enfin, l’audience s’est achevée sur ces dénégations, laissant à la justice le soin de démêler le vrai du faux dans un dossier aux ramifications complexes.