Le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia a défendu dimanche la décision de son pays d’accueillir des proches de Mouaamaar Kadhafi, qui a suscité des protestations de le rébellion libyenne, assurant qu’il s’agissait d’un geste humanitaire et a précisé qu’ils étaient sous la protection des Algériens.
L’accueil de l’épouse du dirigeant libyen et de trois de ses enfants est « un cas humanitaire dans le cadre du traitement par l’Algérie d’autres cas humanitaire », a déclaré le Premier ministre à la presse en marge de la séance inaugurale du Conseil de la nation (Sénat) à Alger.
Le ministère algérien des Affaires étrangères avait indiqué le 29 août que « l’épouse de Mouammar Kadhafi, Safyia, sa fille Aïcha, ses fils Hannibal et Mohamed, accompagnés de leurs enfants sont entrés en Algérie à 08h45 (07H45 GMT) par la frontière algéro-libyenne ». Aïcha a accouché depuis d’une petite fille.
Les relations entre Alger et le Conseil national de transition (CNT), l’organe politique de la rébellion libyenne, déjà tendues depuis le début du conflit en Libye, se sont envenimées après l’annonce de l’arrivée des membres de la famille du dirigeant libyen en terre algérienne.
Son représentant à Londres, Guma Al-Gamaty, avait jugé « très imprudent » le comportement de ce pays voisin. Il avait réitéré des accusations, pourtant démenties plusieurs fois avec force par Alger mais aussi par Washington et Paris, d’envoi de mercenaires pour soutenir l’ex-homme fort libyen contre la rébellion.
Selon le Premier ministre algérien, les membres de la famille Kadhafi séjournant actuellement en Algérie sont « sous la responsabilité des Algériens ».
« Les Libyens eux-mêmes l’ont affirmé et nous ont demandé de les considérer comme des Algériens », a ajouté M. Ouyahia, dont les propos sont rapportés par l’agence de presse APS.
M. Ouyahia a rappelé que « des responsables d’autres pays ont déjà été accueillis sans susciter ce tapage médiatique ».
Il a précisé que des membres de la famille du défunt président irakien Saddam Hussein ont été accueillis par d’autres pays sans soulever un tel tollé tout comme l’accueil par l’Arabie saoudite du président tunisien déchu Ben Ali et de sa famille depuis le 14 janvier, qui n’a pas provoqué « cette tempête ».
Le Premier ministre algérien a néanmoins prédit une amélioration des relations entre l’Algérie et la Libye. « Le retour de la sécurité et de la stabilité en Libye, que nous souhaitons rapide dans ce pays frère, permettra le retour à nos relations fortes et solides et favorisera la construction de l’édifice maghrébin », dit M. Ouyahia.
L’Algérie et la Libye « sont liées par des relations de fraternité et de bon voisinage », a-t-il ajouté.
L’Algérie est le seul pays d’Afrique du Nord à n’avoir pas reconnu l’instance représentative de la rébellion. Affichant une « stricte neutralité » dans le conflit déchirant son voisin, elle s’est surtout attirée l’accusation de soutien au dirigeant déchu Mouammar Kadhafi.
Mais, jeudi, Alger à assuré à l’occasion d’une conférence internationale à Paris qu’elle était prête à reconnaître les autorités de transition libyennes et a exclut d’accueillir Kadhafi.
Le CNT « annonce un nouveau gouvernement représentatif de toutes les régions du pays », avait noté le ministre algérien des Affaires étrangères avant l’ouverture de cette conférence. « Lorsqu’il l’aura fait, nous le reconnaîtrons », avait-t-il déclaré sur la radio française Europe 1.
Selon M. Ouyahia, le chef de la diplomatie algérienne s’est exprimé sur la position de l’Algérie concernant la crise en Libye « au nom de la République »