Pour un coup de théâtre, c’en est un, même s’il fallait garder foi jusqu’au bout en ce formidable poids diplomatique dont jouit l’Algérie sur toute la bande sahélosaharienne. Voilà pourquoi, même quand tous les voyants étaient au rouge, que la France guerrière donnait l’air de remporter des manches décisives, et que tous les observateurs évoquaient l’imminence d’une guerre dévastatrice à nos frontièresud, notre journal avait continué à expliquer et à souligner que rien n’était encore perdu, et que la situation pouvait encore être redressée.
L’importance de cette annonce, qui donne un aperçu du poids diplomatique dont dispose notre pays dans la vaste bande sahélo-saharienne, est lié au fait que les groupes criminels, étrangers au Mali, sont désormais isolés, privés de leurs soutiens, plus vulnérables que jamais, et donc faciles à vaincre grâce à l’union entre toutes les forces présentes sur les lieux.
Pour un coup de théâtre, c’en est un, même s’il fallait garder foi jusqu’au bout en ce formidable poids diplomatique dont jouit l’Algérie sur toute la bande sahélo-saharienne.
Voilà pourquoi, même quand tous les voyants étaient au rouge, que la France guerrière donnait l’air de remporter des manches décisives, et que tous les observateurs évoquaient l’imminence d’une guerre dévastatrice à nos frontières-sud, notre journal avait continué à expliquer et à souligner que rien n’était encore perdu, et que la situation pouvait encore être redressée.
En effet, Ançar Dine, l’un des groupes islamistes armés occupant le nord du Mali, composé de touareg locaux, et dirigé par Iyad Ag Ghali, a solennellement proclamé son rejet du « terrorisme » et appelé au dialogue avec Bamako.
Pour qui sait qu’une délégation de ce groupe séjourne discrètement en Algérie, il ne fait presque aucun doute que ce revirement de situation, maintes fois annoncé de manière indirecte par notre ministre délégué chargé des Affaires Maghrébines, Abdelkader Messahel, a largement été possible grâce aux discrets efforts diplomatiques et autres déployés tous azimuts par notre pays.
Ceux qui veulent jeter sur le Burkina Faso les honneurs de cette importante avancée vers le règlement de la crise malienne, versent dans la diversion la plus éhontée qui soit.
C’est en effet Ouagadougou qui a toujours entretenu des relations sulfureuses et douteuses avec les groupes terroristes les plus criminels que sont l’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique) et le MUJAO (Mouvement pour l’Unicité et le Jihad), avec lesquels Ançar Dine viennent de rompre publiquement.
C’est en effet Blaise Compaoré, le président de ce pays, qui a le plus souvent joué un rôle de premier plan, touchant de fortes commissions au passage, dans les négociations pour libérer des otages européens contre le paiement de très fortes rançons, contribuant ainsi à financer de manière directe le terrorisme ainsi que le grand banditisme dans toute la vaste bande sahélo-saharienne.
Preuve en est la réaction très tiède, dirait-on presque déçue, de la diplomatie française qui, au lieu de saluer une avancée aussi significative, a préféré placer la barre encore plus haut en exigeant qu’Ançar Dine rompent tout lien avec les groupes terroristes, et renoncent même à la charia.
LA FRANCE DÉSORMAIS HORS-JEU
La France, qui a toujours voulu obtenir sa guerre par procuration au niveau de cette zone, si riche en richesse nationale, ne peut raisonnablement se satisfaire d’une solution à moitié politique, dans laquelle ce seront les maliens, aidés en cela par l’Algérie, qui viendront à bout de ce problème, au lieu de se laisser envahir par les forces de la Cédéao, avec les risques de « légitimation du Jihad » et d’ « afghanisation » que cela comporte.
Reste à se consoler en se disant que la France, qui a beau être un membre permanent du Conseil de sécurité, n’a pas à dicter ses lois depuis le terrible fiasco laissé par elle en Libye.
C’est en effet l’élimination de Kadhafi qui a ouvert la boîte de Pandore avec le retour massif vers le Nord-Mali de milliers de touareg bien entraînés, et l’arrivée massive entre les mains des terroristes du Sahel d’armements lourds et sophistiqués prélevés à partir des arsenaux et casernements de Mouammar Kadhafi et fournis par des terroristes libyens notoires, devenus des « amis intimes » de la France en particulier, et de l’OTAN en général.
Paris est, dès lors, mal placée pour donner la moindre leçon, et encore moins pour jouer les « saintes-nitouches » en ce qui concerne le terrorisme, elle qui a manipulé un certain Mohamed Merah, le poussant jusqu’à commettre plusieurs crimes en plein Hexagone, avant de procéder à son élimination afin de ne pas laisser de preuves, ni de traces.
Pour revenir à la crise malienne, signalons que le revirement, somme toute attendu d’Ançar Dine, ouvre grande la voie à une reconfiguration des rapports de force locaux.
En effet, si le groupe d’Iyad Ag Ghali est composé de touareg autochtones, largement majoritaires, force est de dire que le MUJAO et l’AQMI, eux, sont constitués de terroristes étrangers au Mali, venant de plusieurs régions du monde. Le « lâchage » d’Ançar Dine les place dès lors dans une position très délicate, les isole et les prive de leurs relais et soutiens traditionnels.
Mieux, l’ouverture d’un dialogue à Bamako devrait également permettre une alliance positive entre le groupe d’Iyad Ag Ghali, l’armée régulière malienne ainsi que les éléments laïques du MNLA (Mouvement National pour la Libération de l’Azawad), qui a lui aussi renoncé à revendiquer l’indépendance des territoires qu’il occupe, et donc la partition du Mali, sur demandes instantes de l’Algérie.
Une intervention militaire pour éliminer l’AQMI et le MUJAO, non sans les aides logistiques et en matière de renseignement de la part de plusieurs pays voisins, à commencer par l’Algérie, deviendrait dès lors envisageable.
Reste à préciser que dans ces régions du monde, où le temps va plus lentement que partout ailleurs, il ne faut surtout pas précipiter les choses, et les laisser aller au rythme que voudront bien leur donner les acteurs en place. Quant à la France, elle a beau pousser des cris d’orfraies, elle est bel et bien hors-jeu…
Kamel Zaïdi