Il n’y a pas d’âge pour mendier. Le phénomène touche toutes les catégories. Personnes âgées, jeunes filles ou enfants, cela importe peu pour ceux qui tirent avantage du procédé. Comme partout à Alger, le fléau de la mendicité a atteint des seuils insoutenables.
Par Hanane Driss
Ce qui est frappant ces derniers jours, c’est qu’après l’afflux des ressortissants syriens, c’est au tour des ressortissants africains venus des pays voisins, le Mali et le Niger, de pratiquer la manche. Face à ce phénomène qui prend de l’ampleur, nous sommes partis à la rencontre de plusieurs personnes, en particulier ces femmes venues du Niger et du Mali, qui sont souvent accompagnées par un homme, le chef du groupe, et des enfants, et ce, pour s’enquérir de leur situation et tenter de comprendre un tant soit peu ce qui les pousse à faire la manche. D’abord, ce qu’il faut savoir, c’est que la plupart d’entre eux ne parlent que l’anglais. Donc, il leur est très difficile de communiquer avec la population algéroise.
Un moyen pour survivre…
Selon la majorité d’entre eux, la vie est devenue insupportable au Niger et au Mali. C’est ce qui les a poussés à venir en Algérie. Ils ont traversé clandestinement les frontières. Selon une Malienne, le nombre de mendiants est important, ce qui les a poussés à se disperser à travers les grandes villes du pays. « La mendicité est la seule solution pour survivre et subvenir aux besoins de nos familles », selon l’une d’entre elles, puisque le chômage frappe partout. En plus de cela, il est très difficile de trouver un job sans papiers, sachant que la plupart d’entre eux ont fui l’enfer de la guerre. Elles sont toutes des mères qui ont quitté dans la hâte leurs villes, à la recherche d’un bout de pain, quitte à aller au bout du monde, laissant derrière elles des maris blessés ou handicapés… Il semble que les révoltes et les guerres ont laissé des séquelles, non seulement dans leurs pays d’origine, mais aussi à Alger, qui est devenue leur destination préférée. Quelques personnes rencontrées non loin et interrogées sur la multiplication du nombre de mendiants subsahariens ont toute affiché leur compréhension, non sans s’alarmer du risque sanitaire au moment où des maladies comme l’Ebola font craindre le pire et alimentent toute sorte d’interrogations parfois inquiétantes en termes de tolérance et d’acceptation d’autrui. En plus des problèmes de santé qui se font menaçants, il y a le phénomène de la contrebande. C’est pour cela que nos services de sécurité effectuent des contrôles quotidiens dans les quartiers fréquentés par les réfugiés.
Les autorités entre accueil et prudence
Lors de notre reportage, nous avons pris contact avec la présidente du Croissant-Rouge algérien (C-RA), Mme Saïda Benhabyles, pour nous donner plus de détails sur ce phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur.
Elle avoue que la question des réfugiés maliens et nigériens est devenue depuis quelque temps un problème qui préoccupe les plus hautes instances de l’Etat algérien. Selon elle, le Croissant-Rouge, en collaboration avec plusieurs instances étatiques, a déployé des moyens énormes pour faire face à cette situation et prendre en charge ces fugitifs de guerre.
A cet effet, des centres d’accueil ont été installés dans différentes wilayas du pays, et ce, pour pouvoir maîtriser la situation, surtout sanitaire. Mais selon Mme Saïda Benhabyles, ces derniers ne veulent en aucun cas vivre dans ces centres, puisqu’ils sont des nomades. Au problème de la mendicité que pratiquent ces réfugiés, la présidente du C-RA nous a affirmé que l’Etat ferme les yeux pour qu’ils ne commettent pas de crimes, comme le vol ou la prostitution. Concernant leur nombre, Mme Benhabyles avoue que son département n’a pas de chiffres précis.
L’Algérois face à une situation migratoire inquiétante
Après les réfugiés syriens et maliens, la capitale «accueille» les subsahariens venus notamment du Niger. Alger est-elle en passe de devenir une terre d’asile pour certains et une zone de transit pour l’Europe pour d’autres ? La population algéroise n’arrive plus aujourd’hui à accepter ce flux migratoire, qui prend de l’ampleur de jour en jour, même si les autorités semblent maîtriser la situation. La présence de ces migrants est devenue une véritable menace quotidienne.
La plupart de ces Maliens et Nigériens exercent le métier de cordonnier. D’autres travaillent dans l’agriculture.
Quant au reste, ils errent dans les rues à la recherche de travail ou se livrent à la mendicité. D’autres n’hésitent pas à commettre des agressions et des vols, voire la prostitution. C’est ce qui a mis les services de sécurité en état d’alerte et à se déployer sur le terrain dans le but de lutter contre toute forme de criminalité au moment où on recense que certains jeunes Maliens et Nigériens ont rejoint des gangs spécialisés dans le trafic de stupéfiants.