Alerte sur les déchets dangereux «C’est un problème de santé publique»

Alerte sur les déchets dangereux «C’est un problème de santé publique»

Quand l’être humain est pollué, il tombe automatiquement malade

Les entreprises ne traitent pas leurs déchets par inconscience, mais par ignorance.

Prévenir plutôt que guérir. Voilà en résumé ce que proposent les organisateurs de la journée d’information sur les déchets dangereux, qui s’est tenue hier à l’hôtel Hilton d’Alger, à savoir l’entreprise Standard Chemical Algérie. Le directeur général de cette entreprise spécialisée dans la dépollution industrielle, Aïssa Thaminy, affirme que «les déchets dangereux sont un problème de santé publique qui doit être traité à sa base».

M.Thaminy explique que si on ne détruit pas ces déchets industriels, on va droit vers la contamination de l’homme et son environnement. «Quand l’être humain est pollué il tombe automatiquement malade, sa santé se retrouve ainsi fragilisée. Il va donc faire plus appel au système de santé», assure-t-il. «Cela va engendrer plus de dépenses en santé publique. Le budget consacré par l’Etat à cet effet va de plus en plus augmenter.

LG Algérie

Le rendement de ces personnes atteintes par la pollution va diminuer, les congés de maladie vont augmenter», souligne-t-il. «Et ces personnes verront leur budget affecté par plus de dépenses relatives à leur santé. Ce qui va se répercuter négativement sur toute la famille», ajoute-t-il. «Que fait l’Etat actuellement devant ce genre de problème? Eh bien, il augmente le budget réservé à la santé, soins et médicaments. Mais cela ne traite le problème que temporairement», atteste t-il. «Ce n’est qu’un cercle vicieux qui n’apporte aucune solution. Il faut traiter le problème à sa base en traitant ces déchets», assure t-il. «Ce serait plus adéquat, facile et coûterait moins d’argent», explique-t-il.

Pour M.Thaminy c’est donc la solution miracle. «C’est ce que nous proposons car l’avenir de nos enfants en dépend», lance-t-il avant de revenir sur son entreprise qui active depuis plus de 6 ans. «On a pour vocation de se rapprocher des industriels pour prendre en charge, de manière écologique, la destruction de leurs déchets», souligne-t-il. «On est une société à capital algérien, mais pour apporter un maximum de chance pour la réussite de notre entreprise, on s’est associés avec le numéro un mondial dans le traitement des déchets industriels, à savoir Suez environnement», rapporte-t-il. «Cela, pour pouvoir apporter une solution intégrée et globale aux entreprises qui sollicitent nos services. Les entreprises n’ont pas de problème unique et il est de notre devoir de répondre à tous leurs problèmes.» Pour ce qui est de la réalité du terrain en Algérie, M.Thaminy avoue qu’il bute souvent sur les lenteurs administratives. «C’est d’ailleurs notre principal souci», dénonce-t-il. Pour ce qui est des entreprises, il admet qu’elles ne jouent et pas le jeu mais ce n’est pas parce qu’elles ne le veulent pas mais par ignorance. «C’est pour cela qu’on a organisé ce séminaire qui va nous aider à nous rapprocher des industriels et leur expliquer les dangers de leurs déchets, tout en leur proposant des solutions…», argumente-t-il.

Enfin, M.Thaminy revient sur la problématique des déchets industriels en Algérie. «Ces déchets sont en train d’être stockés en masse, l’Algérie est devenue une grande réserve de déchets dont personne ne connaît la quantité exacte», signale-t-il. Il est vrai que le choix de l’industrialisation comme modèle de développement économique et social de l’Algérie durant les 3 décennies précédentes n’a pas tenu compte des impératifs de protection du citoyen et de son environnement. Le cadastre relatif à l’élimination des déchets spéciaux a été réalisé en 2002 et a donné lieu au Plan national de gestion des déchets spéciaux (Pnadges) qui a permis de caractériser les déchets par typologie et niveau de dangerosité.

Ce document est important car il permet de contrôler le suivi de l’évolution de la production des déchets spéciaux. En effet, les estimations données par le Matet sont alarmantes: les stocks de déchets spéciaux sont estimés à 2.8Mt. La production de déchets spéciaux est estimée à 325.000 tonnes/ an.

Ce stockage massif et la production non contrôlée de ces matières dangereuses ne sont évidemment pas anodins en termes de santé publique et d’incidence sur l’environnement. Compte tenu de la législation en vigueur et conformément au principe du pollueur- payeur défini dans le cadre du Fedep (Fonds national de l’environnement et de dépollution), chaque industriel est responsable de ses déchets produits et à ce titre, il est tenu de les traiter.

Pourtant, le cadre législatif n’est pas encore suffisamment contraignant puisque les industriels préfèrent encore s’acquitter de la taxe de déstockage plutôt que de traiter leurs déchets. D’ici 2008, le Matet envisage de nouvelles mesures coercitives à l’encontre des industriels: une augmentation du montant de la taxe de déstockage et également un crédit d’impôt incitatif pour les entreprises.

Le gisement de déchets spéciaux est essentiellement centré dans les régions Est (lre région productrice de déchets spéciaux), Centre et Ouest dans les wilayas d’Alger, de Béjaïa, Skikda, Annaba, Tlemcen et Oran. 87% des déchets produits proviennent de ces zones, soient 282.000 tonnes/ an et détiennent à elles seules 95% des déchets détenus en stock. Il est donc venu le temps de dépolluer l’Algérie…