Confrontés à la guerre et au changement climatique, au moins 108 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire grave, un niveau de souffrance extrême qui risque de provoquer des décès “massifs” en Afrique et au Yémen.
Le monde se porte mal, mais l’Afrique et le Yémen encore plus, où des centaines de milliers de personnes sont confrontées à une mort certaine, si la communauté internationale ne se décide pas de se mobiliser en leur faveur, a averti, hier, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). “Le risque d’un nombre de décès massif provoqué par la famine parmi les populations de la Corne de l’Afrique, du Yémen et du Nigeria s’accroît”, a déclaré un porte-parole du HCR, Adrian Edwards, lors d’un point de presse à Genève, dans ce qui est considéré comme un énième appel au secours aux donateurs internationaux.
“Il faut éviter à tout prix que cela se répète”, a lancé le porte-parole du HCR, en référence à la crise de famine de 2011 qui avait tué plus de 260 000 personnes dans la Corne de l’Afrique, dont la plupart étaient des enfants de moins de 5 ans. M. Edwards a déploré en effet que cette crise humanitaire devient “inévitable” alors qu’elle aurait pu être évitée, ont rapporté les agences de presse. “Sans fonds pour acheter la nourriture, les rations distribuées sont réduites”, a pointé encore le HCR dans un communiqué. “Nous avons besoin d’avoir accès aux personnes dans le besoin et de fonds pour prévenir la famine”, a-t-il dit. “Il est maintenant urgent de répondre à ces besoins, alors que les déplacements de populations ne cessent d’augmenter dans la région”, a dit Adrian Edwards.
Le HCR fait état d’une diminution inquiétante de l’aide fournie à de nombreux pays et qui va encore diminuer davantage, avertissent de nombreuses organisations onusiennes d’aides aux réfugiés et les ONG dont l’action est dangereusement menacée par l’aggravation des conflits armés dans certaines zones, déjà difficiles d’accès. Ainsi, à Djibouti, les aides ont déjà été diminuées de 12%, en Éthiopie, en Tanzanie et au Rwanda entre 20 et 50% et en Ouganda de 50%, selon des chiffres officiels, alors que le nombre de déplacés de guerres et de réfugiés climatiques ne cesse d’augmenter ces dernières années, selon les rapports publiés par l’ONU et d’autres organismes indépendants.
Cette tragédie s’accentue au moment où presque 2000 milliards de dollars sont dépensés l’année dernière dans l’achat des armes, des munitions et les dépenses de guerre, l’ONU n’arrive pas à collecter les 4,4 milliards de dollars, dont elle a besoin d’ici juillet, pour acheminer de l’aide dans 4 pays où plus de 20 millions de gens sont confrontés à la faim ou à la famine.
Au Soudan du Sud, par exemple, quelque 100 000 personnes sont déjà confrontées à la famine, et environ un million d’autres sont désormais au bord de la famine, a prévenu le HCR.
Dans son dernier rapport mondial sur les crises alimentaires de 2017, le Programme alimentaire mondial (PAM) a affirmé que “les conflits civils sont un facteur majeur dans 9 des 10 pires crises humanitaires”, soulignant le lien fort entre paix et sécurité alimentaire qui concerne au moins 108 millions de personnes à travers le monde. “Près de 108 millions de personnes à travers le monde étaient confrontées à une situation d’insécurité alimentaire grave en 2016, soit une hausse spectaculaire par rapport aux 80 millions de personnes enregistrées en 2015”, a alerté le PAM dans son rapport qui ne semble toutefois pas émouvoir une communauté internationale, occupée par d’autres questions, pourtant moins urgentes que la préservation de la vie de ces millions de personnes souffrantes.