Le phénomène des décès par inhalation de gaz a atteint des proportions alarmantes en Algérie. À l’approche de chaque saison hivernale, des centaines de citoyens trouvent la mort par intoxication au monoxyde de carbone (CO).
Depuis le début de l’année 2010, 123 personnes en sont victimes par asphyxie. En 2009, 253 morts ont été déplorés par les services de la Protection civile. Ils étaient également 291 Algériens à avoir fait les frais de ce risque domestique majeur. Il ne se passe pas une année sans que ce “tsunami” n’emporte avec lui des familles entières à travers les différentes contrées du pays. Invisible et inodore, ce gaz asphyxiant et indétectable surprend ses victimes particulièrement dans leur sommeil pendant la nuit.
Il s’incruste dans le sang à la place de l’oxygène et provoque la mort en moins d’une heure de temps. Même conscientes, les personnes atteintes sont incapables de réagir dans la plupart des cas. Les statistiques montrent que l’apparition de 0,1% de CO dans l’air tue en 1 heure, 1% en 15 minutes et 10% dans l’immédiat.
C’est dire l’ampleur du danger que représente ce gaz quand il est libéré dans l’air. Deux raisons majeures sont à l’origine des cas d’étouffement par le gaz carbonique. L’on évoque la vétusté et la défectuosité du matériel de chauffage. Le défaut d’aération et de ventilation à l’intérieur des habitations engendre aussi des dégâts humains et matériels parmi les locataires. Lorsque le monoxyde de carbone n’est pas évacué à temps à l’extérieur de la maison, il prendra la place de l’oxygène.
À ce moment-là, l’’irréparable se produit ! À cela, il y a lieu d’ajouter la contrefaçon qui cible les équipements de chauffage utilisés. Ces derniers ne répondent pas aux normes de sécurité requises. Ils sont commercialisés à des prix bas mais leur qualité laisse à désirer. Pire encore, leur usage par les consommateurs est un risque certain. Devant une telle situation, la société de distribution de l’électricité et du gaz d’Alger (SDA), filiale du groupe Sonelgaz, lance à partir d’aujourd’hui, une campagne de sensibilisation à travers les trois wilayas relevant de ses compétences, Alger, Boumerdès et Tipasa. L’objectif est de donner les conseils de prévention au citoyen qui lui permettront de mieux se protéger des risques d’intoxication au CO qu’il encourt.
Pour cela, tous les supports médiatiques ont été sollicités. Outre, les chaînes de radio, les dépliants et les affiches, des actions seront en outre menées dans les milieux scolaires afin de sensibiliser les élèves des trois paliers. Il est à noter que cette opération, la dixième du genre, sera conduite par les six directions de distribution d’électricité et du gaz qui dépendent de la SDA.
Les agents auront donc à expliquer le péril qui risquera d’y avoir… dans les demeures des gens, si ces derniers ne font pas preuve de prudence et ne respectent pas les consignes de sécurité.
Le monoxyde de carbone est le résultat d’une mauvaise combustion quelle que soit la source d’énergie utilisée notamment le butane, l’essence, le charbon, le fuel, le gaz naturel, le pétrole, le propane… “Sa densité est voisine de l’air. Il se diffuse donc très vite dans l’environnement”, précise les responsables de la SDA, qui ont animé hier une conférence de presse annonçant la campagne de sensibilisation sur les risques liés aux émanations de gaz. Il existe, selon la communication de la SDA, deux types d’intoxication.
L’une est faible dite “chronique”, se manifeste à travers des maux de tête, des nausées, une confusion mentale, de la fatigue. Elle est lente et ses symptômes peuvent ne pas se manifester immédiatement. L’autre est aigüe, rapide et entraîne des vertiges, une perte de connaissance, une impotence musculaire, des troubles de comportement voire le coma ou le décès.