ALEP (SYRIE) La population célèbre la fin de Daesh

ALEP (SYRIE) La population célèbre la fin de Daesh

Si les combats à Beit Jin, dans la banlieue de Damas, devraient aboutir rapidement, permettant de mieux surveiller les mouvements suspects sur le plateau du Golan et à la frontière syro-libanaise, les affrontements dans la région d’Idlib risquent de durer beaucoup plus longtemps.

C’est sur fond de polémiques entre Damas et Paris, après que le président Bachar al Assad eut accusé la France d’avoir «encouragé le terrorisme en Syrie» et que son homologue français eut répliqué que le rôle de Paris a été «décisif dans la lutte contre le groupe autoproclamé Etat islamique», que des milliers de Syriens ont défilé à Alep, jeudi dernier, pour célébrer la fin de Daesh dans leur ville ravagée et dans le pays. Portant drapeaux et portraits du président syrien, les manifestants ont transcendé les douleurs de nombreuses années durant lesquelles ils ont subi les exactions de divers groupes terroristes, Daesh bien sûr, mais aussi d’autres comme Al Nosra dont «le travail mérite d’être salué», avait dit en son temps le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius et ils ont fêté la victoire du régime dans ce qui fut le bastion des extrémistes, Alep, la deuxième ville de la Syrie. Un an après la reprise du contrôle totale par l’Armée arabe syrienne de cette importante cité connue pour être la capitale économique du pays, au terme d’une offensive appuyée par l’aviation russe, les stigmates sont encore visibles aussi bien sur les visages des habitants que sur les édifices de la ville elle-même dont toute la zone Est était sous l’emprise des groupes rebelles. Symbolique était la présence de milliers de personnes sur la place Saâdallah al Jabeiri, au coeur d’Alep, car c’est là qu’eurent lieu les combats les plus meurtriers entre les groupes rebelles et les forces militaires syriennes demeurées dans les quartiers ouest. Outre le défilé militaire organisé à cette occasion, nombreuses étaient les familles qui tenaient à bout de bras les portraits de leurs fils en uniforme tués dans ces combats. C’était à la fois un hommage à leurs martyrs et un témoignage de reconnaissance envers l’armée et le chef de l’Etat Bachar al Assad.

Il faut savoir qu’Alep, le poumon de la Syrie, a été divisée en deux secteurs ennemis pendant plus de quatre ans et affiche à ciel ouvert les immenses préjudices que lui ont causé les combats ainsi que les bombardements contre les groupes rebelles. A tel point d’ailleurs qu’on avait parlé, dans les instances internationales, de l’enfer d’Alep. Avec le retour triomphant de l’armée syrienne, plusieurs dizaines de milliers d’habitants de la partie Est rebelle ont été évacués, avec l’accord de Damas, vers le secteur d’Idlib. Alep martyrisée est devenue, un an après l’ultime bataille, Alep libérée. Restent les signes affligeants de la destruction subie par la ville, comme le plus grand souk couvert au monde ou la Vieille ville, tous deux inscrits au patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco. Mais la population a retrouvé une raison de vivre et les travaux de réfection battent leur plein, avec des rues de nouveau asphaltées, l’eau courante et l’électricité rétablie dans tous les quartiers. C’est ce qu’ont également salué les youyous des femmes de la ville, au son des tambours et de la fanfare militaire. Ce faisant, elles ont bravé les rebelles qui tirent encore leurs obus sur Alep où deux civils ont trouvé la mort, la veille de la célébration.

Pratiquement, toute la Syrie utile est désormais libérée de la horde terroriste, quelle que soit sa composante. Mais l’Armée arabe syrienne n’a pas encore achevé sa mission car des poches rebelles existent encore aux environs de Damas et dans le nord-ouest de la Syrie. Alors que 20% seulement du territoire étaient sous le contrôle du régime début 2017, l’armée syrienne a permis de l’étendre à 56% du pays. Reste la bataille de Deir Ezzor où Daesh a été définitivement vaincu, mais où l’activisme des Forces démocratiques syriennes (FD), branche armée des Kurdes syriens proches du PKK turc, armées et soutenues par la coalition internationale que conduisent les Etats-Unis, postule à la création d’une enclave autonome, en attendant.

Si les combats à Beit Jin, dans la banlieue de Damas, devraient aboutir rapidement, permettant de mieux surveiller les mouvements suspects sur le plateau du Golan et à la frontière syro-libanaise, les affrontements dans la région d’Idlib risquent de durer beaucoup plus longtemps, car là aussi, le groupe extrémiste Tahrir al Cham, dominé par la branche d’Al Qaïda baptisée Fath al Cham après avoir été Al Nosra, bénéficie du soutien de la coalition internationale et notamment de certaines puissances régionales hostiles au régime syrien. Décrétée zone de désescalade à Astana, la province a accueilli la majeure partie des factions extrémistes, de sorte que l’armée syrienne a entamé son offensive sur Idlib à partir des provinces voisins de Hama et d’Alep, libérant sur son passage pas moins de 40 bourgades de plus ou moins grande importance dont un aéroport militaire et deux villages assiégés par les terroristes. Objectif majeur de cette avancée, la sécurisation définitive de la route entre Alep et Damas, dans un premier temps, puis d’Alep à Idlib, dans une seconde étape.