L’Arabie saoudite offre l’image d’un pays musulman ultraconservateur mais les fêtes privées des puissants dans la ville portuaire de Jeddah peuvent s’accompagner de drogue, de sexe et d’alcool, selon un mémo de WikiLeaks. Les fêtes se déroulent dans des maisons privées et les jeunes saoudiens ne se privent de rien.
« Derrière la façade du conservatisme wahhabite dans la rue, la vie nocturne de la jeune élite de Jeddah est palpitante », indique ce mémo de novembre 2009. « La gamme entière des tentations et des vices est disponible – alcool, drogue et sexe – mais strictement derrière des portes closes ».
« Cette liberté n’est possible que parce que la police religieuse évite les fêtes qui se tiennent en présence ou sous le haut patronage des membres de la famille royale ou des cercles qui lui sont proches », selon le mémo produit par le consulat américain de Jeddah (ouest de l’Arabie Saoudite). Le câble note qu’il existe 10 000 princes en Arabie Saoudite et que les princes saoudiens ont pour habitude de recruter leurs gardes du corps au Nigeria ou dans d’autres pays africains. Il est très fréquent que ces gardes du corps, appelés « khawi », dérivé du mot « akh », grandissent avec les princes ce qui renforcent leur fidélité et loyauté.
Le document décrit une fête de Halloween avec 150 invités âgés de 20 à 30 ans, y compris des membres du personnel du consulat américain. « Cela ressemble à n’importe quel night-club hors de l’Arabie saoudite: alcool à gogo, jeunes couples dansants, un DJ et tout le monde en costume ». Les grandes fêtes à Jeddah, avec souvent des prostituées, sont un phénomène récent, selon le consulat.
Un Saoudien a indiqué que les riches de la ville invitent des princes pour garder au loin la police religieuse qui veille au respect de la charia, la loi islamique. Le prix exorbitant de l’alcool de contrebande – une bouteille de vodka Smirnoff pouvant coûter l’équivalent de 400 dollars– fait que l’on remplit les bouteilles d’un alcool fabriqué localement, appelé Sadiqi. Le rédacteur du câble précise que s’il ne l’a pas constaté personnellement durant cette fête, le hashish et la cocaïne sont consommés dans ces milieux sociaux et diverses plusieurs occasions. Le trafic de drogue est sanctionné par la peine de mort et la production ou la consommation d’alcool sont sévèrement réprimés par la loi en Arabie saoudite.
La jeunesse saoudienne profite d’une relative liberté sociale et profite des plaisirs charnels, mais seulement à huis clos – et seulement pour les riches, affirme le mémo du consul. Un jeune homme explique que jusqu’à il y a quelques années, la seule activité du week-end était la drague entre petits groupes dans les maisons des riches. Il n’est pas rare de découvrir que les somptueuses résidences privées de Jeddah possèdent des bars en sous-sol, des discothèques, des clubs et des centres de loisirs.
Un membre de la haute société saoudienne, se fend de ce commentaire, rapporté dans le câble : « Le conservatisme accru de notre société au cours de ces dernières années a seulement déplacé l’activité sociale à l’intérieur des maisons. »