Après la séance de la matinée d’avant-hier, nous avons eu une longue discussion avec l’entraîneur du Mouloudia qui nous a parlé de tout ce qui concerne le vieux club algérois, le stage de Benidorm, les joueurs,…… les recrues, les problèmes d’argent, les problèmes administratifs, l’avenir du club, son avenir et les objectifs du club.
Avant d’étaler tous ces sujets, nous avons abordé ce grand match que va affronter le Mouloudia aujourd’hui à 17 heures contre le grand club russe de Rubin Kazan. «Il faut savoir une chose que j’ai gagné déjà contre le FC Barcelone quand j’étais entraîneur de Grenoble dans un match amical. Cette fois-ci, je suis l’entraîneur du MCA et on va jouer contre le Rubin Kazan, je pense qu’on a les moyens pour gagner aussi même si le niveau de cette équipe est supérieur au nôtre. Je pense que c’est un très bon test pour mes joueurs. Ce n’est pas tous les jours qu’on joue contre les grandes équipes.»
Stage de Benidorm : «C’est pour donner une autre dynamique au groupe»
Pour ce qui est du stage, le technicien français estime que l’endroit est idéal pour faire une bonne préparation. «On est là pour un mini-stage à quelques jours du match contre le Real de Bangui. Ce n’est pas comme celui de l’intersaison.
Notre objectif, c’est de relancer le niveau de jeu en général et aussi préparer le reste de la saison. Il faut donner une autre dynamique au groupe et aussi intégrer les nouveaux joueurs et ceux qui étaient absents lors de la phase aller. Le malheur veut qu’on soit bien lorsqu’on n’est pas à Alger. Car tous les moyens sont mis à notre disposition, contrairement à Alger où il n’y a rien. Quand vous voyez ces infrastructures qui sont à notre disposition, comme les terrains, il faut se poser la question. C’est tout, c’est simple.»
«Au Mouloudia, on parle du recrutement pour cacher les vrais problèmes du club»
Ici à Benidorm, tous les moyens sont là pour qu’une équipe fasse son travail. Alain Michel est déçu que le MCA n’ait pas des infrastructures comme ici à Benidorm. «Je me demande pourquoi en Algérie on ne peut pas construire des terrains avec des grillages pour s’entraîner. C’est très simple de réaliser un tel projet. Il ne suffit pas de gros moyens, juste 5 hectares pour avoir quatre beaux terrains pour que toutes les catégories du Mouloudia s’entraînent ensemble sans voir ailleurs. Par contre, au Mouloudia, on préfère parler du recrutement pour cacher les vrais problèmes du club.»
Les recrues :«Berramla et Laref sont impressionnants»
Pour le côté technique, nous avons demandé à Alain Michel son avis sur les nouvelles recrues. «Depuis leur arrivée ici, nos deux nouvelles recrues bossent comme des fous. Elles affichent une grande volonté pendant les entraînements. Ce sont de vrais compétiteurs. Je ne vous cache pas que j’étais impressionné par les qualités de ces joueurs qui vont certainement apporter un plus à l’équipe. C’est bien d’avoir de tels joueurs dans l’équipe, surtout qu’on joue sur plusieurs fronts cette saison.»
«La CAF n’a rien à voir avec le professionnalisme»
Toujours dans le même contexte, le technicien français ajoute : «Je vous dis une chose, quand un joueur signe au mercato, c’est qu’il vous appartient et qu’il doit jouer tous les matches après, mais les règlements de la FAF sont contre-nature. Pour moi, la CAF n’a rien à voir avec le vrai professionnalisme. A mon avis, pour préparer la C1, il faut qu’on fasse le marché en été car le mercato du mois de janvier ne sert à rien. J’ai entendu parler des 500 dollars qu’on doit payer pour que ces joueurs soient qualifiés, mais finalement, ce sont des ragots puisque les lois sont claires. Cela dit, nos trois recrues n’ont pas le droit de jouer les trois premiers matches de la C1.»
«Derrag, c’est notre meilleur recrutement au mercato»
Pour le retour de l’enfant de Bou Ismaïl, notre interlocuteur souligne : «Pour Momo (Derrag), son retour sera bénéfique pour l’équipe. Je dirais même que c’est notre meilleur recrutement du mercato. Certes, il n’a pas joué depuis quatre mois, mais je sais qu’il a cette hargne et cette volonté de se surpasser. Je sais qu’il va revenir à son meilleur niveau. C’est juste une question de temps.
Le match du Real de Bangui
«On se qualifiera au prochain tour»
Par ailleurs, nous avons soulevé un autre point important avec Alain michel, c’est le match du 11 février prochain contre le Real de Bangui. «Depuis que je suis à Alger, je me suis habitué à cette programmation.
Donc, pour moi, avancer ou reporter un match, c’est devenu une chose normale. Pour ce match, je pense que si on fait zéro partout, on est qualifiés. Pour être sincère avec vous, on va jouer le coup et donner du plaisir à nos supporters. On jouera uniquement pour la gagne. Je ne vous cache pas que tous les joueurs veulent aller le plus loin possible dans cette compétition.»
«Ne vous inquiétez pas, on ira aux poules»
Pour ce qui est de l’objectif dans cette compétition africaine, Alain Michel nous explique : «A mon avis, la C1 n’a pas un grand niveau. J’ai pu voir la dernière édition et toutes les équipes avaient la possibilité de gagner le trophée. La JSK, qui manquait d’attaquants, a failli le faire. Pour nous, ça sera la même chose. On a les moyens pour aller aux poules. Il ne faut pas oublier que le tirage était clément pour nous, puisque on jouera les trois matches retour chez nous. Si les recrues seront qualifiées, je peux même vous dire qu’on ira loin dans cette compétition.»
Les problèmes du club
«On est en train d’arnaquer le Mouloudia»
Dans notre discussion avec le coach français, il était évident de parler des problèmes que vit le club algérois. «Je sais que les problèmes d’argent, ça amuse la galerie. Certes, j’ai des chèques de garantie, mais si je réclame mon argent, c’est par rapport au travail que je fais.
J’avais bien compris qu’au mois de février, il n’y avait pas beaucoup d’argent, mais il faudrait trouver des solutions pour ne plus parler de ce problème qui pourrit notre quotidien. Il faut savoir une chose, je ne suis pas le seul qui réclame son argent, y a d’autres. C’est vrai que je suis Français et j’ai une certaine liberté. Je sais qu’on n’est pas différent des autres, mais il faut savoir dépenser l’argent qu’on a. Il ne faut pas y aller au-dessus de nos moyens pour éviter de tomber dans ces problèmes. Dans la vie, soit on est capable soit on ne l’est pas. On est en train d’arnaquer ceux qui aiment le club.»
«Il faut une décision politique pour sauver le MCA»
Avant d’enchaîner, pour lui, la solution est ainsi :«La FAF a appliqué des lois pour le professionnalisme avec un cahier des charges très chargé pour les clubs dont le Mouloudia, mais le problème de tous les clubs, mis à part l’USMA, c’est qu’ils ne peuvent pas suivre ce rythme. A mon avis, il faudrait une grande décision politique pour sauver le Mouloudia. C’est le club le plus populaire d’Algérie. Ce n’est pas normal qu’un club comme le MCA soit marginalisé. C’est un patrimoine national. Si l’Etat réagit, le Mouloudia va prendre de l’ampleur avec bien sûr des hommes qu’il faut pour que le Mouloudia soit parmi les meilleurs en Afrique. Je ne vous cache pas que ça me fait très mal de voir le MCA comme ça.»
«Ghrib, c’est un malade du boulot, mais…»
Comme tout le monde le sait, entre Alain Michel et Ghrib, c’est une bataille sans pitié à travers la presse. «Omar et moi, on se connaît par cœur. Il y a un certain respect mutuel.
S’il a décidé de me faire revenir au Mouloudia, c’est parce qu’il est convaincu du travail que j’ai fait avant que je parte. Pour moi, Ghrib, c’est un malade du boulot. Il fait pratiquement tout. J’avoue qu’il a des qualités et des défauts comme tout le monde, mais tout seul, il ne pourra rien faire. Il n’y a pas une bataille Ghrib-Alain Michel, ça c’est sûr. Le problème, ce n’est pas Omar ou moi, mais c’est de trouver un investisseur majoritaire qui peut sortir le club de cette crise. Si nous sommes en désaccord des fois, c’est à cause de l’argent. On en a uniquement pour survivre.»
«Je suis prêt à acheter des actions au MCA, mais…»
Le Mouloudia n’a pas un actionnaire majoritaire, Alain Michel est intéressé d’investir au MCA, mais il nous explique les raisons qui le poussent à s’abstenir. «Si je n’étais pas l’entraîneur du Mouloudia, je serais très intéressé d’investir au Mouloudia et acheter des actions. Comme je l’ai dit souvent, le Mouloudia, c’est une belle vitrine. Malheureusement, je ne peux pas faire ça, car je suis l’entraîneur du club. Je ne peux pas faire les deux à la fois. Comment les membres du CA vont faire si un jour ils veulent me virer de mon poste d’entraîneur, donc, ce n’est pas possible, mais j’aurais aimé quand même être actionnaire de ce grand club.»
Son avenir
«Quand j’en aurai mare, je partirai»
Pour ce qui est de son avenir dans le vieux club algérois, Alain Michel ajoute : «Je ne suis pas quelqu’un qui fait du chantage. Certains veulent me coller que je suis un mec d’argent alors que c’est faux. Je sais qu’on le lance à chaque fois que je pars, mais en réalité, c’est faux parce que j’aime le MCA et je veux construire quelque chose pour ce club. Malgré tous les problèmes que je vis au Mouloudia, je garde toujours cette envie et ce plaisir de travailler. Le jour où j’en aurai mare, je partirai. C’est tout simple.»
transferts de joueurs
«Un entraîneur doit être un manager du club»
Depuis qu’il est à Alger, on lui a collé l’étiquette d’agent de joueurs au lieu d’entraîneur. Alain Michel nous répond à cette question avec beaucoup d’humilité. «Il faut savoir une chose, être un agent de joueurs, j’aurais pu l’être dix fois dans la vie. Arsen Wenger a déclaré quand il a pris Arsenal qu’il est entraîneur et manager. Je sais que les gens ne comprennent pas ça, mais dans 5 ans, ils vont comprendre tout ça, qu’un entraîneur doit être un manager du club. Je n’ai jamais pris un centime sur un transfert d’un joueur. Si un jour un gars vient me dire que je ne suis pas honnête, qu’il me vire. Je sais qu’on ne peut pas plaire à tout le monde, c’est pour ça qu’on me colle cette étiquette.»
«Si on ne veut pas la saignée cet été, il faut trouver de l’argent»
«A Mon avis, il faut commencer les négociations avec les joueurs qui seront en fin de contrat avant la fin de la saison. Il ne faut pas oublier que beaucoup de clubs s’intéressent à nos joueurs.
Il faut savoir garder ses joueurs surtout si on se qualifie pour les poules de la C1. Si la situation ne change pas, beaucoup de joueurs vont partir. L’été sera très chaud à l’USMA qui va certainement recruter le maximum de joueurs dont nos meilleurs joueurs seront ciblés.» A la fin de notre discussion avec le technicien français, ce dernier a souhaité le retour des supporters au stade pour aider son équipe à surclasser ses adversaires dans toutes les compétitions. Alain Michel voit que le changement viendra du public qui pour lui est le numéro un dans le changement de ce grand club vers le vrai professionnalisme.