Après avoir acquis le soutien de quelques pays arabes, M.Juppé tentera d’arracher celui d’Alger pour la candidature de Christine Lagarde à la tête du FMI.
Les relations bilatérales, la coopération économique, le Printemps arabe et la situation régionale, le Sahara occidental, la lutte antiterroriste, le Sahel, le conflit au Moyen-Orient et la candidature de Christine Lagarde à la tête du FMI, tous ces dossiers sensibles et questions feront l´objet de discussions entre Alger et Paris à l´occasion de la visite qu´effectuera, demain, Alain Juppé, ministre d´Etat, ministre français des Affaires étrangères, en Algérie. Le chef de la diplomatie française aura des discussions avec les plus hauts responsables du pays.
Alger perçoit cette visite comme une «volonté commune d´édifier un partenariat d´exception», selon Amar Belani porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Cette visite «s´inscrit dans le cadre du renforcement du dialogue politique entre les deux pays et participe de leur volonté commune d´édifier un partenariat d´exception qui soit à la mesure des liens multiformes qui les unissent en termes d´histoire, de voisinage et de densité des rapports humains», a t-il précisé.
S´agissant des relations politiques entre les deux pays, il n´est un secret pour personne qu´un climat froid caractérisant ces relations, s´est installé, ces dernières années, entre Alger et Paris. Plusieurs dossiers minent les relations bilatérales. De l´avis même des officiels algériens, ces relations ont été polluées par plusieurs dossiers. A commencer par l´affaire du diplomate algérien, Hasseni, celle des moines de Tibhirine, en passant par la problématique des archives et le devoir de mémoire.
L´inscription des voyageurs algériens dans la fameuse liste noire et l´indemnisation des Algériens victimes des essais nucléaires français au Sahara viennent s´ajouter aux nombreux sujets qui constituent la pomme de discorde entre les deux pays. Les rencontres qu´aura M.Juppé avec les plus hauts dirigeants algériens seront-elles une opportunité pour aborder toutes ces questions dans un climat de sincérité afin de réchauffer les relations entre les deux pays? En attendant le règlement des questions politiques, le diplomate français reviendra avec les officiels algériens sur la mission économique qui a été confiée à l´ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin.
Sur le plan économique, M.Belani estime que «la relance de l´investissement et du partenariat sur de nouvelles bases a permis d´enregistrer une avancée significative grâce à la volonté partagée des deux pays de donner à leurs relations un caractère d´exemplarité basé sur la recherche d´intérêts mutuels durables».
Il sera question d´aborder les trois autres dossiers d´investissement qui n´ont pas été réglés. A noter que 9 dossiers économiques sur les 12 inscrits ont été développés entre la commission de M.Raffarin et ses homologues algériens. M.Juppé aura comme mission de booster les trois autres dossiers qui n´ont pas encore abouti à des résultats palpables.
Actualité oblige, les événements que connaissent un certain nombre de pays arabes seront également, passés en revue. Il s´agit, notamment, de la situation en Libye et la circulation incontrôlée des armes dans ce pays. L´Algérie avait alerté ses partenaires quant aux répercussions négatives de la circulation des armes en Libye sur la lutte contre le terrorisme dans toute la région, notamment au Sahel. Cette question sera abordée par la même occasion. Paris et Alger sont liés par des accords de coopération. En 2008, les deux pays ont signé une convention de coopération opérationnelle et technique en matière de sécurité intérieure. Ladite convention porte, entre autres, sur la lutte contre le terrorisme, la lutte contre la criminalité organisée internationale. Pour le Sahel, il est attendu l´évolution de la réunion qu´abritera Alger au mois de septembre prochain pour discuter de la sécurité et du développement dans cette région. Cette fois-ci le cercle de concertation sera élargi aux partenaires extra-régionaux.
Les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité, à savoir les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la France et le Royaume-Uni, seront associés. Alger et Paris ouvriront le dossier du Sahara occidental après quelques jours des discussions informelles entre le Front Polisario et le Maroc. Ce 7e round des pourparlers entre les deux bélligérants, qui s´est tenu entre le 5 et le 7 juin à Manhasset dans la banlieue de New York, s´est achevé par un nouveau fiasco. Comme sa visite à Alger intervient après celle effectuée aux Etats-Unis, M.Juppé abordera avec les dirigeants algériens la conférence internationale sur le Proche-Orient que compte organiser Paris au mois de juillet prochain.
Après une réaction assez mitigée de la Maison-Blanche, la France tente de convaincre ses alliés dans le Monde arabe. L´enjeu est de taille. Paris souhaite éviter à ce que les dirigeants palestiniens aillent à l´Assemblée générale des Nations unies. Ces derniers sont déterminés à exposer cette question en septembre prochain. La France veut exercer une certaine «pression» sur Israël pour accepter la proposition française et éviter d´aller à l´Assemblée générale. A l´ONU près de 140 pays sont favorables au projet de création d´un Etat palestinien sur la base des frontières de 1967.
L´autre sujet d´actualité auquel tient Paris est bien celui de la candidature de la ministre française des Finances, Christine Lagarde au poste de directrice générale du FMI. Après avoir acquis le soutien de quelques pays arabes, M.Juppé tentera d´arracher celui d´Alger.