Alain Juppé à propos des excuses réclamées par Alger: Cessons de ressasser le passé colonial

Alain Juppé à propos des excuses réclamées par Alger: Cessons de ressasser le passé colonial

Laissons le passé aux historiens. Le chef de la diplomatie française Alain Juppé a appelé jeudi 16 juin à Alger à ne pas ressasser indéfiniment le passé colonial mais à se concentrer pour voir ce que la France et l’Algérie peuvent faire dans un monde en plein changement dans leur intérêt mutuel. Des responsables algériens continuent de réclamer de la France des excuses officielles pour les crimes commis durant la présence française en Algérie entre 1830 et 1962.

« Nous sommes (…) tournés vers l’avenir et pas vers le passé nous n’allons pas ressasser indéfiniment le passé colonial », a-t-il déclaré lors une conférence de presse conjointe avec son homologue Mourad Medelci.

« Si on pouvait sortir un petit peu de ce ressassement éternel du passé pour voir ce que la France et l’Algérie peuvent faire dans un monde qui est en plein changement autour de nous avec des possibilités de développement considérables dans notre intérêt mutuel, je pense que cela serait bien mieux que de s’interroger à nouveau sur ce qui s’est passé il y a un siècle, il y a 40 ou même 50 ans », a répondu M. Juppé à une question sur une repentance de la France pour son passé colonial.

L’Algérie a été une colonie française durant 132 ans et elle s’en est affranchie par les armes dans une guerre d’indépendance meurtrière qui s’est achevée en juillet 1962. Elle s’apprête à fêter en 2012 ses 50 ans d’indépendance.

La question de la repentance revient systématiquement dans certains milieux politiques et dans la presse dans dès qu’il est question de la France en Algérie.

Des responsables algériens, membres de la famille révolutionnaire ou même ministres, continuent de réclamer des excuses officielles de la France pour les crimes commis durant l’époque coloniale.

Le président de la République (Nicolas Sarkozy) a eu des paroles très claires sur le caractère injuste de la colonisation, a également rappelé M. Juppé, premier ministre des affaires étrangère français à se rendre en Algérie depuis 2008.

Lors de sa visite en Algérie en décembre 2007, le président Nicolas Sarkozy avait condamné le colonialisme sans pour autant présenter des excuses aux Algériens.

«C’est le travail de mémoire que je suis venu proposer au peuple algérien, avait-il déclaré. Oui, le système colonial a été profondément injuste, contraire aux trois mots fondateurs de notre République : liberté, égalité, fraternité. Mais il est aussi juste de dire qu’à l’intérieur de ce système il y avait beaucoup d’hommes et de femmes qui ont aimé l’Algérie, avant de devoir la quitter (…) Oui, des crimes terribles ont été commis des deux côtés… Notre histoire est faite d’ombre et de lumière, de sang et de passion. Le moment est venu de confier aux historiens algériens et français d’écrire ensemble cette page d’histoire tourmentée.»

Kadhafi doit partir et son armée rentrer dans les casernes

Par ailleurs, Alain Juppé, a réaffirmé la nécessité du départ de Moammar Kadhafi comme préalable au processus de dialogue et de réconciliation nationale en Libye.

Le colonel Kadhafi doit s’écarter du pouvoir civil et militaire et son armée doit retourner dans les casernes, a-t-il déclaré lors d’un point de presse conjoint avec son homologue algérien, Mourad Medelci, selon l’agence de presse officielle APS.

Une très grande majorité de la communauté internationale estime que Kadhafi en tant que chef d’Etat a perdu toute légitimité » alors que Paris considère le Conseil national de transition (CNT, opposition) « comme un interlocuteur incontournable », a-t-il insisté. Il a en revanche qualifié d’ « infondées » les accusations du CNT à l’encontre de l’Algérie concernant l’acheminement de mercenaires pour appuyer les forces de Kadhafi.

La France souhaite « une solution politique » à la crise libyenne car « l’intervention militaire en Libye n’était pas une fin en soi », a rappelé le ministre. En ce qui concerne les civils, « nous avons évité les dommages collatéraux » dans les frappes de l’OTAN, a-t-il ajouté.