Le chef de la diplomatie française est depuis hier à Alger. Alain Juppé devrait aborder des questions d’une extrême importance avec son homologue algérien Mourad Medelci et le Premier ministre Ahmed Ouyahia.
On croit savoir que le ministre français des Affaires étrangères va s’entretenir également avec le président de la République. Cette visite intervient dans une conjoncture, pour le moins que l’on puisse dire, spéciale dans la mesure où bien des dossiers attendent leur règlement entre les deux parties. A cela, il est à ajouter le développement de la situation en Libye, la situation sécuritaire dans le Sahel. En fait, les deux capitales ont chacune sa propre vision, mais arriver à un consensus demeure primordial, d’autant que les intérêts des deux rives convergent sur bien des points. Du coté algérien, on a d’ailleurs bien indiqué que l’objectif attendu de cette visite «est le renforcement du dialogue politique entre les deux pays» et «la volonté d’édifier un partenariat d’exception à la mesure des liens multiformes» qui unissent les deux pays en termes d’histoire, de voisinage et de densité des rapports humains. De son côté, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères français, Bernard Valéro, a indiqué que cette importante visite vient consacrer, au niveau politique, l’approfondissement de nos relations politiques, bilatérales, perceptibles depuis un an et devrait permettre de progresser sur des dossiers régionaux aussi stratégiques que le Maghreb, la sécurité au Sahel et le Proche-Orient. La question des personnes sera également au menu des discussions entre les deux parties. Un point sensible sur lequel la France prétend avoir fait toutes les facilitations possibles, mais sans beaucoup convaincre, au moins l’opinion publique algérienne qui voit l’accès aux visas de plus en plus difficile. Sur le plan diplomatique, il est attendu également que les deux pays exposent leurs perceptions de la solution idoine au conflit en Libye, avec en arrière-plan la menace terroriste accrue par les hostilités et le risque de voir les éléments d’Al Qaïda profiter de la situation pour s’approprier encore plus d’armes et de munitions. Par ailleurs, le point qui devrait se tailler la part du lion, reste le volet économique sur lequel mise les deux pays. Du côté algérien, il a été précisé que «la relance de l’investissement et du partenariat sur de nouvelles bases a permis d’enregistrer une avancée significative grâce à la volonté partagée des deux pays de donner à leurs relations un caractère d’exemplarité basé sur la recherche d’intérêts mutuels durables». Pour l’Hexagone, la promotion de la coopération économique revêt une importance capitale, reflétée par les multiples échanges et visites effectuées par les responsables des deux pays, ces derniers temps. Il y a quelques jours, Jean-Pierre Raffarin, de retour d’Alger, s’est félicité de la réussite de sa visite. En attendant de connaître le résultat de cette visite, dont la dernière était celle effectuée en mai 2008 par Bernard Kouchner, les deux parties affichent beaucoup d’optimisme et expriment leur volonté de s’orienter vers l’avenir, quitte à tourner la page sur des sujets qui fâchent, du moins momentanément .
Par Aomar Fekrache