C’est un coach décontracté qui nous a reçus jeudi soir dans son salon privé, au sein de la résidence de la sélection malienne à Libreville.
Décontracté, car il venait la veille de qualifier les Aigles aux quarts de finale de la Coupe d’Afrique des nations après six ans d’absence de ce tour. Alain Giresse nous a aussi parlé des prochaines éliminatoires de la Coupe du monde 2014, et évidemment, nous avons évoqué avec lui son futur adversaire : l’Algérie.
– D’abord, félicitations coach pour cette qualification. On vous a vu souffrir même après la fin de votre match. Racontez-nous un peu comment vous avez vécu ça sur le banc de touche ?
– C’était compliqué, car, au départ, même si on en avait pas trop parlé, il y avait trois équipes qui pouvaient être éliminées, ou même qualifiées, j’avais entendu sur une chaîne d’information sportive que le Ghana était qualifié, ce n’était pas vrai, le Ghana mathématiquement pouvait être éliminé sur une lourde défaite, c’est pour ça qu’on était condamnés à gagner. Au moins la victoire, bien que tel que ça s’est terminé hier, finalement un nul suffisait et que le résultat de l’autre match nous a été favorable, ça crée une fin de rencontre et une attente angoissantes qui m’a rappelé des souvenirs, puisque j’avais vécu une situation similaire avec le Gabon en Angola, c’est-à-dire attendre le verdict de l’autre match avec l’utilisation du règlement pour départager les équipes.
– On a vu quand même une équipe malienne un peu crispée face au Botswana…
– Vous savez, j’avais dit aux joueurs, si on était tombés contre une équipe de professionnels, c’est-à-dire de joueurs évoluant dans des championnats professionnels, déjà éliminés, ces joueurs-là auraient été pressés de rentrer chez eux, mais face à une modeste équipe du Botswana, les joueurs avaient à cœur de faire quelque chose, de ne pas sortir bredouilles, ils ont fermé tous les espaces, et là, on a peiné un peu, car il fallait avoir le réflexe du jeu, de la technique, de l’imagination et de la création et c’est vrai que dans ces cas-là, il faut arriver dans le premier quart d’heure à marquer un but, ça aurait été le scénario idéal, ça n’a pas été le cas. Donc après, il fallait éviter de s’énerver, parce qu’on n’arrive pas à trouver des solutions, et leur but nous a réveillés, on a vu une réaction derrière, sinon, ça aurait été plus difficile plus tard.
– Ils se sont sentis menacés les joueurs, n’est-ce pas ?
– En tout cas, ils ont eu une bonne réaction, et qu’on a vu des joueurs, qui, au lieu d’accuser le coup, ont relevé la tête, jusqu’à renverser la situation, ça, c’est un phénomène qui est suffisamment appréciable.
– Ne pensez-vous pas que votre équipe doit encore travailler son efficacité qui est de plus en plus critiquée ?
– Le problème, c’est qu’on parle de la partie offensive, c’est la partie la plus délicate, sensible et qui nous fait gagner le match, alors, bien sûr qu’une équipe se bâtit par derrière, son organisation défensive, mais après, pour finir le match, oui, aujourd’hui on n’est pas encore au top. Contre le Ghana, on a manqué un peu de punch, donc, on peut éventuellement avoir une petite réserve, car c’était le Ghana, mais c’est vrai que les joueurs pouvaient être percutants et cela n’est pas forcément individuellement, mais collectivement, à avoir des situations de jeu, des solutions qui nous permettent d’aller rapidement vers le but, et puis d’avoir ces possibilités offensives.
– Un joueur comme Kanouté aurait apporter ce poids devant, surtout que lui il pèse énormément sur les défenses, n’êtes-vous pas du même avis ?
– Je ne vais pas vous répondre, ce n’est pas ça, je ne peux pas raisonner avec des joueurs qui ne sont plus là, c’est-à-dire quand je dis ça, bien sûr qu’on peut penser à un joueur par sa valeur, c’est évident, c’est un garçon qui a pris la décision par rapport à son choix et à son âge d’arrêter la sélection, bien sûr que je regrette en tant que technicien de n’avoir pas sous la main un joueur de cette qualité, mais à un moment donné, il faut tourner la page, vous savez (rires), on pleure Zidane en équipe de France.
– Mais avec des cas similaires, dans d’autres pays, le joueur est susceptible de sanctions…
– Vous permettez de pouvoir utiliser, pour répondre, mon vécu, j’ai été confronté à cette même situation, et à un moment donné, on peut insister, mais cela veut dire que vous soumettez le joueur, l’exposez et vous le mettez dans la situation du match de trop, ce match de trop, et vous connaissez la dureté du public, un joueur s’il commence à décliner et que ses performances sont moins bonnes, il va être conspué, j’avais pris en 1986 la décision d’arrêter avec l’équipe de France, et il se trouve que l’année d’après, j’étais élu meilleur joueur français, c’est dire que quand on part, il faut le faire par la grande porte, savoir s’arrêter au bon moment, arrêter l’équipe nationale, c’est déjà une partie de sa vie qui s’élimine, c’est difficile, mais à un moment donné, il y a la raison, parce que le joueur considère qu’il n’a plus la mentalité, ni la capacité physique de faire les deux. Donc, c’est un moment charnière, et quand on a des joueurs de talent et qu’on ne les prend pas, c’est dommage, mais quand ce n’est pas possible, on fait avec les moyens du bord.
– Kanouté n’est pas là, mais Seydou Keita si, c’est lui qui a pris la décision dans ce match en marquant le second but…
– C’est ça un grand joueur, être là au bon moment, au bon endroit, à la bonne place, il a tout fait et a conclu, voilà, ça explique tout.
– Coach, en jetant un œil sur la liste des joueurs sélectionnés pour ce tournoi, on se rend compte qu’il n’y a pratiquement pas de joueurs locaux, cela veut-il dire que le championnat malien ne produit plus de bons joueurs ?
– Effectivement, la plupart des éléments que j’ai retenus sont des pros, parce qu’ils sont tous en Europe, mais ils sont différents, il y a ceux qui sont nés au pays et d’autres hors du pays. Vous connaissez normalement le cas des binationaux, mais ce sont tous des joueurs qui ont envie, même ceux qui sont nés en France, de porter les couleurs du Mali. Vous savez, le championnat national, il y a deux ans, quand le Stade Malien a gagné la coupe de la CAF, ses onze joueurs qui y jouaient ne sont plus là, ils sont déjà partis, qui en Afrique du Nord ou en Europe, et donc il y a des joueurs de qualité, mais ce sont des joueurs, sur le plan professionnel, qui retrouvent quand même leur compte financièrement ailleurs.
– Seydou Keita nous a déclaré après le match que même avec le Barça, il n’a pas vécu des moments intenses comme ceux vécus après le Botswana…
– (Rires). Je dirais qu’il ne vit pas des moments intenses comme ça avec le Barça parce qu’avec eux, on connaît toujours la fin. Mais non, vous vous rendez compte, vous savez, c’est ça qui est étonnant dans cette équipe-là, elle nous émerveille, moi je reste scotché devant la télé quand je les vois jouer, et je me souviens du retour du Japon, quand ils ont gagné la Coupe du monde des clubs, vous voyez venir le bus, les gars sortent de là, on dirait qu’ils ont fait un match amical, c’est ça ce qui est extraordinaire, il n’y avait forcément pas de monde, il venait de faire leur truc, ils vivent dans un niveau de performance extraordinaire. Quant à Seydou, il aime trop son pays, et vivre ça avec son pays, c’est à part. Franchement, une aventure avec l’EN de la part d’un joueur, c’est différent que sur le plan professionnel, pourquoi, parce que là, vous vivez en relation directe avec vos racines, vous êtes relié avec votre terre, par tous les liens que vous avez avec votre famille, tous les liens que vous avez avec vos amis, mais c’est toute une histoire l’équipe nationale. Moi, quand j’avais le Coq sur la poitrine, entendre l’hymne national de son pays, ça donne la chair de poule.
– Mais souvent de telles stars ont des problèmes avec les fédérations de leurs pays, est-ce qu’au Mali, il n’y a pas ce genre de problèmes ?
– Là, sincèrement, on aura du mal à comprendre par rapport au cas d’Eto’o, un garçon qui s’engage pour son pays, qui est un ambassadeur de l’Afrique, il est proche de n’importe quel pays, mais il y a un truc qui ne va pas, il faut se poser des questions. Au Mali, il y a eu ce genre de problèmes, après la CAN en Angola, Seydou avait lui aussi ce problème, par rapport à son club, il y a eu une grande incompréhension entre nous deux par rapport à ça. Les choses sont ensuite rentrées dans l’ordre, mais actuellement, pas de souci, dans la gestion, dans le comportement, on vit bien et on s’entraide.
– On le sentait hier sous pression, il nous a dit que quel que soit le résultat, c’est lui qui encaisserait tout…
– Vous savez, lui, son statut, c’est le problème, et comme il a tellement envie, Seydou, de bien faire, de s’impliquer que l’émotion l’envahit et qu’il a des moments importants qu’il vit, que je ressens personnellement, c’est très fort.
– Vous aviez, à un moment donné, des problèmes avec lui…
– Oui, il avait refusé, il avait mis de côté la sélection, compte tenu des problèmes qu’il avait vécus, etc. Alors, moi je l’ai sollicité, et il y a eu un moment d’incompréhension, puis après, tout est rentré dans l’ordre, je ne comprenais pas tout ça, je n’arrivais pas à comprendre quelle aurait été la situation la plus favorable, lui il avait ses raisons, et moi par mon professionnalisme et par les solutions que je comptais apporter.
– Revenons maintenant à la compétition, vous aurez comme adversaire la sélection gabonaise que vous connaissez très bien. Comment ça se présente pour vous en tant qu’entraîneur ?
– Je crois que ce n’est ni la première, ni la dernière question qu’on me pose, je dirais que c’est quand même un curieux destin quoi, c’est incroyable de vivre une chose comme ça, parce que j’ai passé quatre ans ici, et quatre ans où on a connu des choses énormes. Et quand je suis parti, et je la retrouve maintenant, je m’aperçois qu’elle a fait un grand bond en avant, et de l’avoir fait avec une grande partie de ses joueurs, on a eu des moments compliqués et difficiles, et quand ces moments sont gommés après être arrivé en haut… J’ai toujours eu de bonnes relations avec ces joueurs-là. On s’appelle au téléphone, à chaque fois qu’on se croise, ça se passe bien, et voilà je me retrouve dans une situation où je dois battre cette sélection. Si vous me l’auriez dit un jour, je ne l’aurais pas cru, c’est le football, c’est comme ça, et il faut que je me prépare à ça, et je dois mettre les sentiments de côté.
– Qu’est-ce qui a changé dans cette équipe du Gabon par rapport à celle que vous aviez dirigée ?
– Je trouve qu’ils ont toujours la force qui a fait cette équipe, ce mental, cette détermination, cette solidarité, elle est moins forte sur le plan individuel que certains pays, mais elle a aussi des vertus et des valeurs, et cette équipe, quand elle arrive à soulever des montagnes et obtenir des résultats, c’est grâce à cela, et des joueurs qui sont en train de prendre une certaine dimension. Voilà, je la retrouve telle que j’ai pu la connaître.
– Un joueur comme Daniel Cousin, qui est âgé, et qui est plus proche de la retraite, mais qui fait toujours la différence, c’est fort non ?
– Vous savez, Daniel Cousin, il n’était plus en sélection, mais quand je suis venu, je suis allé le voir, lui parler, et quand cette sélection s’est mise en marche, il a pris goût et il avait envie de la défendre. Et moi, je l’avais nommé capitaine pour lui démontrer tout l’intérêt qu’on avait pour lui. Il a géré jusqu’au bout et démontré son envie de jouer, il a même signé maintenant dans un club local ici pour pouvoir maintenir sa forme et être avec les Panthères, ça résume tout par rapport à l’état d’esprit de ces joueurs.
– Dimanche, vous aurez des milliers de Maliens à vos côtés au stade, ils veulent même partager avec les Gabonais…
– Là, je crois qu’on est gâtés, c’est vrai qu’ils sont nombreux les Maliens qui vivent ici, déjà c’est ça que je vais dire aux joueurs, vous allez vivre un match d’une grande compétition, une folle ambiance, devant un public surchauffé, tout ce qui fait les ingrédients d’un vrai match de football.
– Si on vous demande de nous faire un petit bilan de la première phase du groupe, des équipes, peut-être des joueurs qui vous ont séduit, des absents inattendus…
– Ecoutez, il reste 8 équipes, et je ne crois pas qu’on était nombreux à trouver les huit pays qualifiés, je pense qu’on aurait fait du 100% d’erreur, donc il est trop tôt de dire, ces surprises maintenant qui sont là, ça sera la marque de fabrique de la CAN 2012, liée à ses qualifications. Il ne fallait pas être un gros des qualifications jusqu’à maintenant, après les joueurs. Je crois que la Côte d’Ivoire et le Ghana gèrent bien les pièges, car ce n’est qu’à ces pays-là qu’on tend le plus de pièges, car on les attend, et je trouve que la Côte d’Ivoire, ça déborde de jeu, et ça devrait être intéressant de les voir, dans l’opposition de style, c’est-à-dire la qualité du jeu et la qualité technique face à l’enthousiasme de la Guinée Equatoriale, on aurait jamais pu imaginer qu’on serait un jour interpellé par un match Côte d’Ivoire-Guinée et là, on se dit qu’est-ce qui va se passer.
– Il y a eu aussi la sortie prématurée du Maroc, du Sénégal…
– Oui, c’est pour ça qu’un jour, on dira, en 2012, c’était l’année où la CAN était unique, il n’y a pas eu de CAN comme ça, cherchez dans l’histoire depuis la qualification jusqu’en phase finale, vous ne trouverez pas une comme celle qu’on vit actuellement.
– Vous voulez dire l’absence aussi des autres sélections, comme l’Egypte, le Nigeria et l’Algérie, c’est ça…
– Bien sûr que oui, vous vous rendez compte, vous pouvez carrément faire une CAN des éliminés, elle aura aussi beaucoup d’allure, l’Algérie, le Nigeria, le Cameroun et l’Afrique du Sud, la RDC, le Togo qui en 2006 était en Coupe du monde, vous allez faire une autre belle CAN, je vous le dis.
– Comment trouvez-vous la Tunisie ?
– Elle est solide, c’est collectif, le premier match contre le Maroc, ses joueurs ont fait leur match, contre le Niger, c’est un peu plus équitable, mais bon après, ils n’ont pas été mauvais face au Gabon. Ils ont été battus par l’euphorie et le rebond qui a amené le but, ils sont solides et disposent d’un bon collectif.
– On sait que vous voulez la gagner cette CAN, mais il y a des éliminatoires derrière, et les coachs, beaucoup vont partir après la CAN, mais comme la prochaine CAN n’est pas loin (il nous coupe)…
– Attendez, effectivement, vous venez de me dire à la fin de la CAN, il va y avoir des éliminations, et donc je ne sais absolument pas quoi vous dire.
– La Fédération malienne vous a tracé quel objectif ?
– Entre objectif écrit et objectif atteint, mais il fallait que je sorte des groupes, s’il était écrit, il y aurait ça sur le contrat, mais ce n’est pas ça qui m’obsède, car même s’ils me demandent d’aller en quarts. Seulement, moi, j’ai envie d’aller plus loin, c’est clair, vous savez, moi j’ai vécu quand même le paradoxe. A votre avis, après le parcours que j’ai réalisé avec le Gabon, je devais m’arrêter ou continuer jusqu’ici ?
– C’est à vous de nous le dire…
– Non, c’est à vous, moi je vous pose la question en tant qu’observateur, est-ce que le Gabon qui est éliminé parce qu’il n’a pas marqué assez de buts, dans un groupe avec le Cameroun, la Tunisie et la Zambie, est-ce que c’est synonyme d’échec ?
– Pas forcément…
– C’est tout, vous voyez l’analyse logique, et ce n’est pas pour me faire plaisir que vous me dites ça, un de vos collègues m’avait dit, pourquoi vous n’avez pas continué avec le Gabon, et ben, je lui ai dit que tout simplement parce qu’ils ne voulaient plus de moi, ou peut-être parce que j’ai trouvé du travail. Vous savez, comme il y a des mirages politiques et des interférences qui font qu’après des compétitions comme ça, il y a souvent du changement.
– Vous êtes épargné par les premier et second tours des éliminatoires de la prochaine CAN, vous jouez directement le match de barrage, un mot sur ça ?
– Sous réserve (il rit). C’est compliqué, car ça fait beaucoup, beaucoup de matches, les équipes présentes ici sont libres à partir de février et ne rejouent qu’en juin. Et juin, c’est une partie des vacances européennes, tout ça c’est lourd pour les pros, mais il faudra replonger dans ces qualifications, et il y a aussi la Coupe du monde, donc, il faudra être concentré, mais c’est encore loin et tout près en même temps.
– Un mot sur votre groupe pour le Mondial 2014, les trois équipes que vous avez héritées ne sont pas à cette CAN, c’est une chance pour vous, non ?
– Non, je ne pense pas, je ne crois pas et il ne faut pas dire ça, parce que l’Algérie reste l’Algérie, qu’on le veuille ou non, le Bénin, il pourrait y avoir des joueurs de qualité et le Rwanda, un team qui joue bien au football, et pas facile de jouer chez lui. Donc non, l’avantage de la CAN n’est pas vraiment justifié.
– Le fait de jouer face aux Verts l’aller à Bamako et le retour à Alger ne vous fait-il pas peur ?
– Surtout que le dernier match du groupe ça sera en Algérie, mais non, il reste à savoir que l’Algérie qui aura elle aussi à jouer plusieurs matchs, est-ce que ça ne laisse pas des plumes sur le plan moral, ça va être très compliqué. Sincèrement, le groupe est ouvert, il ne faudra pas perdre beaucoup de points et faire un minimum d’erreurs, parce que déjà on n’aura pas beaucoup de temps, mi-février, c’est fini et jusqu’en juin, on a le temps, et puis (rires), l’Algérie va jouer un match face à la Gambie, et donc voilà.
– Vous y serez ou vous y enverrez quelqu’un ?
– On va tout faire pour essayer d’observer cette équipe, c’est normal.
– Avec quelqu’un comme Vahid, pensez-vous que quelque chose va changer dans cette sélection algérienne ?
– Je l’espère pour lui, parce que l’Algérie c’est quand même un réservoir de talents, de qualité, et son histoire le prouve et le démontre. Mais il y a des moments où il faut mettre de l’ordre dans l’équipe, c’est venu après la Coupe du monde, est-ce qu’on pouvait s’y attendre, moi en tant qu’observateur extérieur, non, c’est arrivé, donc je ne sais pas, mais il va falloir repartir et rebâtir d’autres choses. C’était impressionnant ce qu’ils ont fait jusqu’en Coupe du monde. Franchement, la qualification, je peux vous dire que c’était même très impressionnant, avec ce match en Egypte, et puis le Soudan, il faut être fort sur le plan mental de subir ce qu’ils ont subi et remonter le moral pour aller chercher la qualification trois jours plus tard, il y a eu justice ce jour-là. Moi, je dis que lors du Mondial, vous n’avez pas marqué de buts, vous avez manqué de punch, mais que ça s’écroule derrière, ça c’est dommage.
– Ne pensez-vous pas qu’on a payé le prix de notre participation au Mondial, comme l’a déclaré Saâdane ?
– C’est la cassure, repartir après une Coupe du monde, regardez le début des qualifications pour les coupes continentales, en Afrique, en Europe, regardez les champions du monde, ça ne repart pas souvent très bien, il y a une espèce de cassure, de décompression. La Coupe du monde peut avoir deux effets, nous, l’équipe de France en 1982, elle nous a propulsés en Coupe du monde, on avait découvert quelque chose, elle nous a propulsés, et il peut aussi y avoir l’effet inverse. C’est l’un ou l’autre, et l’Algérie a mal négocié son après-Coupe du monde.
– Le Mali n’a jamais joué une Coupe du monde, vous vous imaginez quelle place vous occuperez dans le cœur des Maliens si jamais vous atteignez cet objectif ?
– Là, vous êtes en train de demander à un aveugle s’il veut voir, c’est ce qu’on dit en Europe, la Coupe du monde, c’est ce qu’il y a d’énorme à vivre.
– Surtout pour une telle génération…
– Evidemment, et puis, il n’y a qu’en équipe nationale que c’est accessible, avec un club vous ne pouvez pas faire ça. Donc, il faut tout faire pour essayer d’y arriver.
– On vous laisse le soin de conclure…
– Pour la CAN, je dirais qu’elle continue à être attractive, comme ça pour qu’il y ait de bonnes répercussions, pour qu’elle soit bien vécue. Une CAN, sur le plan continental, elle donne cette ferveur, cette passion, elle donne ce suivi de tout un continent, et quand on entraîne une équipe comme je le suis, alors c’est plus intense et on vit à fond dans cette ambiance. S. M. A.