Le prédicateur Youssef Al-Qaradaoui, figure emblématique des Frères musulmans en Égypte, a vite affiché son soutien absolu au premier président civil égyptien, Mohamed Morsi, avant et après sa chute suite à un coup de force mené par le ministre de la Défense, le général Abdelfattah Al-Sissi.
Cheikh Al-Qaradaoui a défendu le président destitué et détenu en n’hésitant pas à s’attaquer à ses opposants en estimant «ceux qui sont descendus dans la place Tahrir, soit ils ne connaissent pas l’Islam ou ont peur de lui, soit ils sont des partisans de l’ancien régime, des voyous ou des mercenaires».
Avant la destitution de Morsi, fin juin dernier, Youssef Al-Qaradaoui a dit que l’Égypte était devant une « tragédie », eu égard des impressionnantes manifestations de rue qui avaient divisé le peuple égyptien entre opposants et partisans de Mohamed Morsi, renversé par l’armée.Il a ajouté que Morsi était un être humain et n’était pas infaillible, et s’il avait commis une erreur, qu’on la corrigerait.Il a annoncé lors d’une allocution prononcée devant les Égyptiens au Caire: « Allah nous a mis en garde contre la division. Nous devons dénoncer les différends politiques et penser à nous en tant qu’Egyptiens ».
« Nous avons un président que nous avons élu nous-mêmes. Nous sommes en désaccord sur certaines questions sur lesquelles nous pourrions se mettre d’accord…Le président n’est pas infaillible…Chacun a ses défauts. Si Morsi avait fauté, qu’on rectifie son erreur et on s’assiérait avec lui autour d’une table et lui demanderait des explications ».
Le prédicateur issu des Frères musulmans s’est dit étonné des Égyptiens qui n’ont pas contesté contre les 30 ans de règne de Hosni Moubarak et veulent chasser Morsi après une année de son élection: « Comment que l’on supporte 30 ans de règne de Moubarak, mais pas une année de règne de Morsi? Pouvons-nous régler les problèmes accumulés depuis 60 ans en une année ? », s’est-il interrogé.
En revanche, il a insisté sur le fait que Mohamed Morsi devrait être le président de tous les Égyptiens et traite avec toutes les factions de son peuple, en espérant que les Égyptiens se donneront une « nouvelle occasion ».Et Al-Qaradaoui d’ajouter: « Supposons que Morsi s’était retiré, qui pour lui succéder? Sachez bien, Wallah nous n’allons pas trouver quelqu’un de sa trempe dans l’avenir! Il serait mauvais, plus mauvais que lui…Ce n’est pas un pronostic, mais s’est mentionné dans l’Histoire des pays ».
Après le coup d’État de l’armée égyptienne contre le président élu démocratiquement, Dr Al-Qaradaoui a prêché des fetwa interdisant le coup de force qu’il qualifie de désobéissance et a estimé que le renversement de Mohamed Morsi va plonger le pays dans la fitna.En outre, le président de l’Union Internationale des Savants Musulmans a appelé tous les Égyptiens à préserver la sécurité de l’Égypte, tout en dénonçant la violence, la tuerie et l’atteinte aux biens et à la pudeur d’autrui.
Aussi a-t-il exhorté le peuple égyptien, y compris les forces armées à restituer au pays sa légitimité et la protéger de la fitna.De retour au Qatar depuis samedi dernier, il est attendu qu’il multiplie davantage ses appels pour soutenir le président déchu, Mohamed Morsi, et s’attaquer à l’armée égyptienne.