Al-Qaïda s’impose à la réunion ministérielle des pays du Sahel, La région de toutes les convoitises

Al-Qaïda s’impose à la réunion ministérielle des pays du Sahel, La région de toutes les convoitises

La réunion des chefs de la diplomatie des pays du Sahel, qui se tiendra aujourd’hui à Alger, devrait débattre essentiellement de la situation sécuritaire dans la région et de la nécessité de coordonner les efforts des pays de la région, au moment où la nébuleuse terroriste s’emploie à s’installer durablement dans ces contrées, encouragée par les rançons versées par les pays occidentaux et la facilité d’y faire tous genres de trafics.

Le dernier communiqué d’Al-Qaïda est porteur de deux messages dangereux : le premier étant de confirmer l’intention de l’Internationale terroriste de faire de la région du Sahel son terrain de chasse privilégié et, probablement, un futur Afghanistan. En s’adressant aux dirigeants des pays du Sahel, Al-Qaïda joue sur la faiblesse de ces États et leur hésitation à combattre fermement le terrorisme. On l’a vu avec le Mali qui, malgré toutes les aides militaires et logistiques, et malgré tous ses engagements, n’a pas pu résister à la pression française pour libérer des terroristes réclamés par l’Algérie contre un otage français que l’on dit rouler pour les services de renseignement de son pays. On le voit présentement avec le Burkina Faso qui aurait accepté de “dealer” avec les terroristes pour la libération contre rançons des otages italiens et espagnols.

Malgré tous les efforts fournis par l’Algérie en vue d’amener les pays de la région à unir leurs efforts pour combattre ensemble le terrorisme, et malgré le fait que le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une résolution criminalisant le payement des rançons, des dirigeants des États du Sahel ont du mal à résister aux pressions exercées par des pays occidentaux en vue de négocier la libération de leurs otages contre des rançons ou des terroristes emprisonnés.

C’est, donc, à partir de ce constat que les groupes terroristes agissent en toute confiance dans cette région, sachant que des pays européens sont toujours prêts à payer la libération de leurs otages et sachant que des pays du Sahel sont toujours prêts à jouer les intermédiaires. À partir de là, les groupes terroristes veulent accentuer la division des rangs des pays du Sahel en lançant un appel aux dirigeants de ces pays dont le contenu est le suivant : laissez-nous faire notre business, qui est le kidnapping d’Occidentaux, et occupez-vous des négociations, cela pourrait vous rapporter des dividendes et vous éviter des problèmes avec nos troupes.

Le second message dangereux contenu dans le message d’Al-Qaïda constitue un coup d’État non déclaré à Abdelmalek Droukdel. Ce dernier, même s’il reste officiellement le numéro un de la nébuleuse terroriste, est de plus en plus menacé sur son trône par Mebrek Yazid, alias Abou Youcef Al-Annabi. Ce dernier, un transfuge du GIA, qui s’occupait jusque-là du comité des notables, aurait pris les commandes du GSPC. D’ailleurs, Droukdel, qui avait l’habitude et la prérogative de s’exprimer au nom de l’organisation terroriste, n’a plus donné signe de vie depuis la fin de 2008.

Al-Annabi, connu pour être un adepte de la pensée du “takfir”, rêve de devenir l’“émir” des sanguinaires et conforter, ainsi, la mainmise des anciens du GIA sur le GSPC.

Mais son appel aux dirigeants des pays du Sahel, au-delà du fait qu’il signe l’arrêt de mort de la dimension maghrébine que Droukdel voulait donner à son entreprise terroriste, constitue un aveu d’impuissance de la part de l’organisation terroriste acculée, dans ses fiefs, par les forces de sécurité, et obligée à faire dans le trafic de drogue et les kidnappings pour continuer à survivre.

Les dirigeants des pays du Sahel, jusqu’à preuve du contraire, se sont tous engagés à lutter en commun contre le terrorisme et ont tous exprimé le rejet de voir leurs territoires transformés en terrains de joutes entre groupes terroristes et forces d’intervention étrangères. C’est pourquoi la réunion qui s’ouvre aujourd’hui à Alger se doit de mettre fin à toutes les hésitations, à toutes les compromissions et à toutes les incertitudes en matière de lutte commune contre le terrorisme.

Azzeddine Bensouiah